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    Ce que Pauline ne vous dit pas : Ophélia Kolb soupçonnée du meurtre de son mari dans le drame judiciaire de France 2
    Julia Fernandez
    Julia Fernandez
    -Journaliste Séries TV
    Elevée à « La Trilogie du samedi », accro aux séries HBO, aux sitcoms et aux dramas britanniques, elle suit avec curiosité et enthousiasme l’évolution des séries françaises. Peu importe le genre et le format, tant que les fictions sortent des sentiers battus et aident la société à se raconter.

    Ce soir à 21h10, France 2 diffuse les deux premiers épisodes de la mini-série écrite par Antoine Lacomblez ("Laetitia") dans laquelle une mère de famille, usée par des années de brimades, est accusée d'avoir provoqué la mort de son mari abusif.

    De quoi ça parle ?

    Son ex-mari vient de mourir, tombé dans son jardin du haut d’un échafaudage de fortune. Pauline était sur place. C’est elle qui a prévenu les secours, mais juste un peu trop tard et tellement maladroitement … Tout l’accuse. Et chaque fois qu’elle tente de se justifier, elle s’enfonce un peu plus… Même son fils de huit ans est persuadé qu’elle est coupable.

    La machinerie judiciaire se met en place, les services sociaux s’en mêlent. Elle fait face à l’hypocrisie puis à la rage et l’acharnement de sa belle-famille, elle n’a pas les mots pour se défendre, elle est fragile, imprévisible. C’est une femme brisée par des années de mépris et de petites humiliations quotidiennes. La juge d’instruction - presque aussi fragile qu’elle au sein de l’institution -, y voit rapidement un mobile. Elle n’en démordra pas.

    Ce que Pauline ne vous dit pas - 4 x 52 minutes

    Mercredis 9 et 16 mars 2022 sur France 2

    Ce que Pauline ne vous dit pas
    Ce que Pauline ne vous dit pas
    Sortie : 2022-03-09 | 52 min
    Série : Ce que Pauline ne vous dit pas
    Avec Ophelia Kolb, Grace Seri, Sylvie Testud
    Presse
    3,8
    Spectateurs
    3,8

    C'est avec qui ?

    Dans ce drame judiciaire en quatre épisodes, Ophelia Kolb (L'Homme que j'ai condamné) endosse le rôle-titre, celui de Pauline, mère de famille à bout de forces que tout accuse de la mort de son époux qu'elle avait l'intention de quitter. Ses beaux-parents, interprétés par Pierre Arditi (Les Choses humaines) et Hélène Alexandridis (Possessions) sont aussi peu enclins à lui témoigner de la sympathie, contrairement à son beau-frère joué par Guillaume Marquet (Jeux d'influence).

     Au tribunal, une jeune juge d'instruction, jouée par Grace Seri (H24) va tenter de prouver sa culpabilité, épaulée par une major de gendarmerie roublarde interprétée par Sylvie Testud (Fugueuse), tandis qu'un témoin campé par Kévin Azaïs (Frères d'arme) vient apporter un soutien inattendu à Pauline.

    Ça vaut le coup d'oeil ?

    Pour composer ce drame judiciaire, Antoine Lacomblez (qui retrouve avec Kévin Azaïs et Guillaume Marquet deux des acteurs de la brillante minisérie Laetitia coécrite en 2019 avec Jean-Xavier de Lestrade) et Julien Capron (SKAM France) se focalise sur une femme dont on comprend dès les premières minutes qu'elle est empêtrée dans une relation abusive avec un pervers narcissique, qui la dénigre et la rabaisse psychologiquement depuis des années.

    Partant de ce constat, la série tente de nous faire douter de son innocence après la découverte du corps inanimé de ce dernier : comportement erratique, mutisme obstiné, hésitations, agressivité... Tout est fait pour que l'on questionne ses intentions à travers le prisme de Morgane Sabaly, une juge d'instruction fraîchement diplômée déterminée à préserver son indépendance dans un milieu dont elle découvre les codes, et dont Pauline représente la première affaire judicaire.

    Mise en scène de manière sobre et efficace par Rodolphe Tissot (La Dernière Vague), la série va ensuite dépeindre tous les obstacles rencontrés par Pauline, dénigrée de toutes parts alors que son mari décède après ce qu'elle clame être une chute accidentelle. De sa belle-famille bourgeoise condescendante envers elle et leur avocat mielleux, en passant par la haine en ligne déversée sur elle, et même son propre fils aîné qui doute de sa sincérité, Pauline subit à la fois une destruction psychologique et une misogynie structurelle face à l'image de son défunt époux, présenté comme un homme charismatique et accompli.

    Face à elle, Morhane Sabaly sert de point de vue d'entrée au spectateur, reflétant à la fois nos doutes et nos questionnements face au personnage de Pauline. Malgré la compassion qu'elle inspire, se peut-il qu'elle soit coupable ? En s'acharnant à vouloir instruire Pauline à charge ou à décharge selon le code de procédure pénale (autrement dit, chercher à la fois les preuves de son innocence et de sa culpabilité), la juge d'instruction tente de maintenir une ligne de front précaire, refusant les copinages et les alliances politiques que ses supérieurs lui proposent.

    Mais quel en est le prix pour une jeune juge noire en début de carrière qui refuse de se compromettre ? Autant qu'à Pauline, l'isolement et la droiture de Morgane finiront par lui coûter cher. Malgré un déroulement basilé un poil paresseurs et une conclusion sous forme de deus ex machina aisément devinable, la série trouve sa force dans ce combat parallèle mené par Pauline et Morgane au sein du système judiciaire, toutes deux condamnées à la même misogynie structurelle d'un côté comme de l'autre. Parmi la partition sans accrocs de l'ensemble du casting, Grace Seri est une véritable révélation et donne beaucoup de profondeur à son personnage.

    Après les récents thrillers J'ai tué mon mari (plus ou moins réussi) et Manipulations (surprenant et addictif) diffusés sur 13ème Rue et France 2, et surtout le percutant téléfilm L'Emprise sur TF1 (remontant à 2014), difficile de voir dans Ce que Pauline ne vous dit pas autre chose d'une redite sur la mécanique qui accable les femmes victimes de violences psychologiques. Mais au vu du décompte de féminicides en 2021, de l'explosion du nombre de plaintes pour violences conjugales durant les confinements et leur nombre toujours croissant en ce début d'année, le fait de réitérer ce propos à travers la fiction semble toujours aussi pertinent.

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