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    Pinocchio : le conte original est horrible et très différent de la version de Disney
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.
    Co-écrit avec :
    Thomas Desroches

    Alors que "Pinocchio" revient avec une version en prises de vues réelles sous la direction de Robert Zemeckis sur Disney+, retour sur le conte sombre et dépressif de Carlo Collodi.

    Le conte de Pinocchio a été adapté de nombreuses fois et sous plusieurs formes sur les écrans. Il y a la version plus connue, celle de Walt Disney, sortie en 1940. D'autres films s'adressent aux enfants, comme celui mis en scène par Roberto Benigni par exemple. Il existe également des relectures bien plus sombres. La plus récente, réalisée par Matteo Garrone, date de 2020.

    Il est même possible de trouver des films d'horreur, comme La revanche de Pinocchio. Une série Z pas vraiment glorieuse, mais assez loufoque pour susciter la curiosité. Étrangement, ces visions plus macabres du conte italien sont celles qui se rapprochent le plus de l'histoire originale.

    UN GARÇON LOIN D'ÊTRE SAGE

    Pinocchio est basé sur une histoire intitulée Les Aventures de Pinnochio, chef-d’œuvre de la littérature enfantine écrit par Carlo Collodi et publié entre 1881 et 1882 sous forme de série dans un journal italien. Dans cette œuvre littéraire italienne qui est l'une des plus vendues au XXe siècle dans le pays, on retrouve le trio du film, à savoir le pantin, Geppetto et Jiminy Cricket, qui a un rôle bien moins important que dans le film Disney, et n'apparaît que dans le chapitre 4.

    Dans le conte, Pinocchio est un affreux garnement, qui n'en fait toujours qu'à sa tête, ment tout le temps bien entendu et désobéit aux adultes. Pire, il ne semble tirer ou retenir aucune leçon de ses mésaventures. Il n'a aucun égard pour Jiminy Cricket, au point de carrément lancer sur lui un marteau, qui l'écrase. Radical.

    Plus tard dans son périple, il se brûle par mégarde les pieds : "Comme il n’avait plus la force de se tenir, Pinocchio s’assit sur un petit tabouret et posa ses deux pieds sur le fourneau afin qu’ils sèchent. Il finit par s’endormir, et ses pieds faits de bois commencèrent à brûler durant son sommeil. Lentement, très lentement, ils noircirent et se transformèrent en cendres."

    Geppetto a beau lui construire amoureusement de nouveaux pieds, Pinocchio s'enfuit aussi sec de chez lui. Le pauvre Geppetto se retrouve même arrêté et emprisonné, après que Pinocchio ait affirmé que le vieil homme le maltraitait...

    UNE FIN TRÉS VIOLENTE

    Autre changement important : le personnage de Monstro, décrit dans le conte comme une sorte d'énorme requin blanc, baptisé "l'Attila des poissons et des pêcheurs". Dans la version de Disney, c'est une énorme baleine noire lorgnant vers Moby Dick. Une manière aussi pour Disney de glisser un clin d'œil à la fameuse baleine de Jonas, qui apparaît dans les écrits de l'Ancien Testament.

    On retrouve par ailleurs Jiminy Cricket plus tard dans le récit, cette fois-ci en tant que fantôme, qui tente (encore !) de dissuader Pinocchio de suivre les conseils d'individus louches, qui prétendent que le fait de planter dans le sol des pièces d'or peut faire pousser un arbre en or... Bien entendu, le pantin insupportable n'en a cure, au point de finir pendu par ces sinistres individus :

    "Ils se mirent à ses trousses et finirent par l’attraper. Ils attachèrent ensuite une corde autour de son cou, et le pendirent à un arbre en lui disant : 'Lorsque nous reviendrons demain, tu seras mort et ta bouche béante, et c’est à ce moment-là que nous prendrons les pièces d’or que tu as cachées sous ta langue.'"

    À l’origine, cette fin, d'une noirceur folle, devait terminer le récit de Carlo Collodi. Mais le rédacteur en chef du journal dans lequel était publié le conte tiqua, au point de demander à l'auteur de revoir sa copie en changeant la fin, qu'il voulait plus légère et optimiste. De là l'idée de la fée bleue, qui sauve d'une mort certaine la marionnette.

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