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    De My Left Foot à Phantom Thread : Daniel Day Lewis, cet acteur de l'extrême
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Avec Phantom Thread, Daniel Day Lewis tire sa révérence au cinéma. L'occasion de rendre hommage à cet exceptionnel acteur, incarnation absolue de la Method Acting. Pour livrer à la postérité des personnages mémorables. Votez pour votre film préféré !

    SND

    Qu'on se le dise : Daniel Day Lewis est un immense comédien. S'il ne compte pas parmi les acteurs les plus prolifiques, il aligne en revanche des compositions extraordinaires dans sa filmographie : Au nom du père, My Left Foot, Le Dernier des Mohicans, Le Temps de l'innocenceThe Boxer, Gangs of New York, There Will Be Blood, Lincoln... 

    Il est à ce jour le seul acteur ayant remporté trois fois l'Oscar du Meilleur acteur (pour My Left foot, There Will be Blood et Lincoln). Reconnu pour l'intensité dramatique de ses compositions, très Method Acting, Daniel Day Lewis expliquait ainsi à une journaliste de la BBC, Sophie Raworth, sa manière de travailler : "une partie de mon travail consiste à m'abandonner dans mes rôles. C'est logique pour moi de chercher à vouloir rester dans ces univers. Mais au-delà de cette logique c'est aussi mon plaisir, parce que c'est là que se trouve mon travail".

    Hélas, le comédien a souhaité prendre finalement congé d'un métier auquel il a tant apporté : Phantom Thread, sa dernière collaboration avec le cinéaste Paul Thomas Anderson, est officiellement son dernier film avant de tourner la page. Leslee Dart, porte-parole de cet acteur atypique, avait d'ailleurs déclaré : "Daniel Day-Lewis ne travaillera plus comme acteur. Il est immensément reconnaissant envers tous ses collaborateurs, envers le public, depuis toutes ces années. Il s'agit d'une décision personnelle. Ni Daniel, ni ses représentants ne feront d'autres commentaires sur le sujet."

    On ignore s'il reviendra un jour sur cette / sa décision, mais s'il la maintient, il va cruellement manquer au cinéma, lui qui est sans doute le plus grand comédien de sa génération.

    A ce titre, parmi toutes ses compositions, quel est le film de l'acteur que vous préférez le plus ? Votez !

    L'insoutenable légèreté de l'être (1987)

    Depuis le superbe My Beautiful Laundrette en 1985, la légende Daniel Day Lewis est en marche. Pour tourner dans cette solide adaptation de l'oeuvre pourtant réputée inadaptable de Milan Kundera, l'acteur a appris à parler le tchèque et fit en sorte de parler la langue le plus souvent possible hors tournage afin de rester immergé dans son personnage; le tout pendant huit mois.

    My Left Foot (1989)

    Dans My Left Foot, l'acteur incarne le peintre paralysé Christy Brown. Lewis passa 8 semaines dans un institut médical, et exigea d'être uniquement nourri avec une cuillère, y compris sur le tournage. Il refusait aussi de sortir de son fauteuil roulant entre les prises. A force de se tenir recroquevillé et de reproduire les convulsions du vrai Christy Brown, il a fini par se casser deux côtes..

    Le Dernier des Mohicans (1992)

    Pour se glisser dans la peau de Nathaniel Hawkeye du Dernier des Mohicans, le comédien passa plusieurs semaines seul à vivre comme un ermite au milieu de la nature, en Alabama. "S'il ne chassait pas ce qu'il mangeait, il ne mangeait pas" dira Michael Mann. Lewis a aussi appris à utiliser un tomahawk, pister les animaux, construire un canoé et se servir de son fameux fusil visible sur cette photo.

    Le Temps de l'innocence (1993)

    Pour incarner Newland Archer, Daniel Day Lewis s'est immergé dans quantité de livres du XIXe siècle traitant du maintien de la fameuse étiquette. Il passait régulièrement son temps hors du plateau habillé dans son costume et parlant comme son personnage. Il se serait même fait (ré)enregistrer à l'hôtel Plaza sous le nom de "N. Archer", après avoir fait le Check Out avec son vrai nom.

    Au nom du père (1993)

    Pour sa seconde collaboration avec Jim Sheridan, le comédien a perdu près de 22 Kg pour jouer Gerry Conlon. Mais a aussi passé 48h dans la prison abandonnée où le film a été tourné, enfermé dans sa cellule, sans manger ni boire, plus un mini séjour en bloc d'isolement. S'est aussi privé de sommeil pendant 3 jours pour se mettre en condition avant le tournage d'une scène d'interrogatoire.

    La chasse aux sorcières (1996)

    Sur le tournage de la Chasse aux sorcières en 1996, qui revient sur la fameuse histoire des sorcières de Salem se déroulant en 1692, Daniel Day Lewis exigea de construire lui-même son habitation de l'époque, uniquement avec des outils du XVIIe siècle, et ne s'est pas lavé durant tout le tournage. Winona Ryder, qui lui donne la réplique dans le film, a dû beaucoup apprécier...

    The Boxer (1998)

    Même si le comédien a pratiqué la boxe durant un an et demi sous les auspices du champion du monde 1985 poids plume Barry McGuigan, il ne s'est pas spécifiquement entraîné pour les besoins du film. Reste que, selon son entraîneur, le comédien était capable de livrer des combats professionnels, ce qui l'a de toute façon aidé pour tourner le film de Jim Sheridan.

    Gangs of New York (2002)

    Lewis passait tout son temps vêtu avec les habits et costumes de son personnage, y compris en dehors du tournage. Résultat : il contracta une grave pneumonie. Quand on lui demanda de porter des vêtements chauds et surtout de se soigner, il refusa, au motif que cela ne l'aiderait pas à rester immergé dans son personnage et son époque. A force d'insistance, il a fini par accepter les médicaments.

    The Ballad of Jack & Rose (2005)

    Dans ce film réalisé par sa femme, Rebecca Miller et où il tient le rôle-titre, Daniel Day Lewis a préféré se marginaliser de sa femme justement et ses enfants en vivant seul dans un baraquement situé à quelques miles du tournage du film. Histoire de mieux se glisser dans la peau de son personnage, qui vit sur une île isolée...

    There Will Be Blood (2008)

    Dans There Will Be Blood, Daniel Day Lewis campe un extraordinaire -et glaçant- Daniel Plainview. Selon une anecdote racontée par le New York Times, son jeu, particulièrement intense, perturba l'acteur Kel O'Neill, au point qu'il fut remplacé par Paul Dano. Lewis chercha aussi à adopter la voix de John Huston en écoutant pendant des heures des enregistrements sonores du cinéaste.

    Lincoln (2012)

    Au-delà de son incroyable mimétisme avec la figure historique, Daniel Day Lewis travailla pour prendre l'accent de l'Etat du Kentucky d'où était originaire Lincoln, et exigea du reste de l'équipe du film de ne pas s'adresser à lui avec un accent anglais. Il demanda par ailleurs qu'on s'adresse à lui en permanence en lui donnant du "Mr President". Une suggestion de Spielberg pour cette anecdote.

    Phantom Thread (2018)

    Comme à son habitude, Daniel Day-Lewis s'est complètement investi dans son rôle, regardant notamment de nombreuses archives de défilés de mode des années 40 et 50, étudiant également les plus grands couturiers, effectuant un conséquent travail de recherches au Victoria and Albert Museum de Londres. Il a aussi appris comment confectionner des vêtements sous la houlette de Marc Happel, directeur du département costumes du New York City Ballet. Il a poussé la préparation jusqu'à créer lui-même une robe pour sa femme, Rebecca Miller !

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