Le cinéaste italien Bernardo Bertolucci est décédé ce lundi à 77 ans. Il était détenteur de deux Oscars et un César pour "Le Dernier empereur" ainsi que d'une Palme d'or d'honneur reçue au Festival de Cannes en 2011.
1. Le Conformiste (1971)
+
Adaptation du roman éponyme d'
Alberto Moravia, publié en 1951,
Le Conformiste est l'un des chefs-d'oeuvre du maître Bertolucci, qui livre une puissante
analyse d'une adhésion au fascisme motivée par des ressorts intimes et psychologiques. Jean-Louis Trintignant alias Marcello, le fasciste par conformisme dans l'Italie mussolinienne, y trouve un de ses plus grands rôles, brillamment épaulé par la comédienne
Dominique Sanda.
Lire la suite
© Mars Films
Assistant de Pasolini
Fils d'Attilio Bertolucci, poète et critique de cinéma, Bernardo Bertolucci se voit offrir à l'âge de quinze ans une caméra 16 mm avec laquelle il réalise ses premiers courts métrages. C'est en 1961 à l'université de Rome, où il étudie la littérature, qu'il fait la rencontre d'un ami de son père, Pier Paolo Pasolini, qui lui propose d'être son assistant sur Accatone. Fort du succès du film, Bernardo Bertolucci est contacté par le producteur Antonio Cervi pour porter à l'écran son propre scénario, La Commare secca, l'histoire d'une enquête policière sur l'assassinat d'une prostituée.
Scénariste d'Il était une fois dans l'Ouest
En 1963, il enchaîne avec le tournage de Prima della rivoluzione, auréolé du Prix de la Jeune Critique au Festival de Cannes 1964. Une fois passé derrière la caméra, Bernardo Bertolucci n'en oublie pas moins ses fonctions de scénariste. Il écrit notamment le script de
Il était une fois dans l'Ouest (1968). Adhérant par ailleurs au Parti Communiste Italien, il impreigne de son engagement politique plusieurs de ses films comme
Partner (1968),
La Stratégie de l'araignée (1970) et
Le Conformiste (id.).
Le Dernier tango à Paris
En 1972, Bernardo Bertolucci remporte son plus gros succès commercial avec le sulfureux
Dernier tango à Paris, interprété par un monstre sacré de l'époque,
Marlon Brando. Cette réussite lui permet de réaliser trois ans plus tard
1900 (1976), une fresque, portée par un prestigieux casting international (
Robert De Niro,
Gérard Depardieu ou encore
Burt Lancaster), sur l'itinéraire de deux Italiens nés dans un même village au début du XXe siècle. Revenant à une thématique plus intimiste, le cinéaste dirige Jill Clayburgh en mère d'un fils drogué dans
La Luna (1979), un film qui aborde le thème de l'inceste. Il convoque ensuite
Ugo Tognazzi dans
La Tragédie d'un homme ridicule, un drame familial qui vaut au comédien le Prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes 1981.
Du Dernier empereur à Little Buddha
En 1987, Bernardo Bertolucci fait son grand retour au cinéma en évoquant le destin du Dernier empereur de Chine. Neuf Oscars, dont ceux du Meilleur film et du Meilleur réalisateur, récompensent ce film à grand spectacle. Changement de décors pour ses deux longs métrages suivants : le Sahara pour Un thé au Sahara (1990), l'adaptation du roman de Paul Bowles, et le Tibet pour Little Buddha (1993), fresque dans laquelle Keanu Reeves tient le rôle titre.
Derniers drames
Le réalisateur italien effectue ensuite un retour aux sources avec Beauté volée (1995), une comédie dramatique se déroulant en Toscane et qu'illumine le doux visage de la révélation féminine Liv Tyler. Quatre ans après Shandurai (1999) qu'interprète Thandie Newton, il renoue avec un certain idéal de gauche en mettant en scène The Dreamers (2003), un drame sur l'effervescence révolutionnaire de mai 1968. En 2013, il signe son dernier long métrage, Moi & toi, l'histoire d'un adolescent qui décide de s'isoler pour faire le point sur sa vie jusqu'à l'arrivée impromptue de sa demi-soeur. A sa mort, le quotidien italien La Repubblica titrera que Bertolucci était l'un des "derniers grands maîtres" du cinéma italien.
La bande-annonce du "Dernier tango à Paris" :