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    Du Magicien d'Oz à C'est magnifique !, 5 films qui mélangent couleurs et noir et blanc
    Laëtitia Forhan
    Laëtitia Forhan
    -Chef de rubrique cinéma
    Fan de cinéma fantastique, de thrillers, et d’animation, elle rejoint la rédaction d’AlloCiné en 2007. Elle navigue depuis entre écriture d'articles, rencontres passionnantes et couvertures de festivals.

    Dans C'est magnifique !, Clovis Cornillac perd peu à peu ses couleurs au contact du monde moderne. Voici 5 autres films qui jouent sur la différence chromatique entre le noir & blanc et la couleur.

    Dans C'est magnifique !, le nouveau film de Clovis Cornillac, le réalisateur et acteur incarne Pierre, un quarantenaire qui a toujours vécu loin des désordres du monde. Lorsque ses parents disparaissent, c’est tout son univers qui bascule : il découvre qu’il a été adopté et doit apprendre à survivre dans une société moderne qu’il n’a jamais connue. 

    Déterminé à élucider le mystère de ses origines, il croise la route d’Anna (Alice Pol) qui, touchée par la bienveillance de cet homme pas comme les autres, accepte de l’aider. Mais à mesure qu’il progresse dans son enquête, Pierre se décolore comme par enchantement.

    De coloré, ce dernier passe de sépia à noir et blanc puis à translucide. Un travail sur les couleurs que le metteur en scène met en parallèle avec l'histoire de la photographie à l'envers.

    A l'instar de cette comédie fantastique, voici 5 autres films qui jouent avec l'utilisation des couleurs et du noir & blanc.

    Le Magicien d'Oz de Victor Fleming (1939)

    Dès 1939, le réalisateur Victor Fleming utilise la couleur et le noir & blanc dans le film, désormais culte, Le Magicien d'Oz adapté du roman de Frank L. Baum. Dans le long-métrage, Dorothy (Judy Garland), jeune orpheline, vit chez son oncle et sa tante. Tout irait pour le mieux si l'institutrice ne détestait pas son chien. C'est alors que Dorothy fait un rêve où elle se trouve transportée au royaume magique des Munchkins à la recherche de son chien. Les Munchkins sont des nains protégés par la bonne fée du Nord mais menacés par la méchante fée de l'Ouest. Pour retrouver son chien, Dorothy doit s'emparer des chaussures rouges de la mauvaise fée et aller voir le magicien d'Oz dans son palais d'Emeraude. Le cinéaste a ici recours à la différence de couleurs pour faire la distinction entre le monde magique et merveilleux du Magicien d'Oz et le monde réel et triste dans lequel vit la jeune Dorothy. Notons que quand le film est sorti, l'utilisation de la couleur au cinéma était très rare. Une attention particulière a donc dû être apportée aux décors, aux choix des costumes ainsi qu'au maquillage. C'est d'ailleurs pour cela que les célèbres souliers de Dorothy sont rouges dans le film alors qu'ils sont en argent dans le roman.

    La Liste de Schindler de Steven Spielberg (1994)

    En 1994, Steven Spielberg réalise le drame historique La Liste de Schindler porté par Liam Neeson. Évocation des années de guerre d'Oskar Schindler, fils d'industriel d'origine autrichienne rentré à Cracovie en 1939 avec les troupes allemandes. Il va, tout au long de la guerre, protéger des juifs en les faisant travailler dans sa fabrique et en 1944 sauver huit cents hommes et trois cents femmes du camp d'extermination de Auschwitz-Birkenau. Steven Spielberg, a choisi de tourner son film en noir et blanc par souci historique. Pour le metteur en scène, revenir à la pellicule utilisée pendant la guerre permettait de donner un aspect documentaire au film. De plus, 40% du film a été tourné en caméra à l'épaule, dans le but de renforcer l'effet du noir et blanc et pour souligner davantage le réel quasi documentaire du film. Néanmoins, une fillette (devenue depuis le symbole du film) apparaît avec un manteau rouge. Cette dernière (incarnée par Oliwia Dabrowska) représente l'élément qui déclenche la prise de conscience de Schindler. Le manteau rouge lui donne une identité, ce qui permet à Schindler de prendre conscience de l'individualité des juifs. Il la voit pour la première fois lors de la liquidation du ghetto de Cracovie et il revoit son cadavre lorsque son corps est brûlé. Ce personnage est inspiré d'une véritable petite fille, Roma Ligocka. Cette dernière était connue dans le ghetto de Varsovie pour son manteau rouge, mais contrairement à son homologue dans le film, elle a survécu à l'holocauste et a publié ses mémoires en 2002 sous le titre : La petite fille au manteau rouge. Aujourd'hui âgée de 32 ans, Oliwia Dabrowska, qui tient le rôle de la fillette dans le film de Spielberg, vient en aide aux réfugiés ukrainiens qui traversent la frontière vers la Pologne.

    Pleasantville de Gary Ross (1998)

    Le changement chromatique est le sujet même du film Pleasantville de Gary Ross sorti en 1998. Dans le long-métrage, David (Tobey Maguire), adolescent des années 1990 s'évade de son quotidien en regardant "Pleasantville", une série en noir et blanc datant des années 50. Un soir il se dispute avec sa sœur jumelle Jennifer (Reese Witherspoon) au sujet de la télévision. Le lendemain, le frère et la soeur se retrouvent parachutés dans la série et vont parasiter le show au point de changer la vie bien réglée des protagonistes. La couleur va alors apparaître petit à petit lorsque les personnages vont réaliser leur rêve et leurs envies. Dans Pleasantville, la couleur est synonyme de connaissance, de liberté, de vie et d'art (les livres et les peintures sont en couleur) tandis que le noir & blanc signifie le contrôle, la peur et le refus d'évoluer. Dans sa vie colorée des années 90, David trouvait un certain réconfort en regardant sa série en noir & blanc, mais une fois à l'intérieur du show, il se rend compte que le noir & blanc ne peut se suffir à lui-même et que la couleur fait évoluer les personnages. Côté technique, le film a été entiérement tourné en couleurs, et retravailler en post-production pour les scènes en noir et blanc.

    Sin City de Robert Rodriguez et Frank Miller (2005)

    Adapté du comic-book de Frank Miller, qui coréalise le film aux côtés de Robert RodriguezSin City raconte le quotidien violent des habitants de Sin City, une ville infestée de criminels, de flics ripoux et de femmes fatales. Certains ont soif de vengeance, d'autres recherchent leur salut. Le long-métrage est tourné en noir et blanc tandis que la couleur apparaît par petites touches sur des objets ou certaines personnes. Le noir et blanc de Sin City marque la fidélité de Robert Rodriguez au comic-book de Frank Miller. Les deux hommes ont d'ailleurs préparé chaque plan du film en se servant de la bande-dessinée comme d'un véritable storyboard, et aucun scénariste n'est crédité au générique de fin car les réalisateurs considèrent le film plus comme une traduction cinématographique que comme une adaptation du comic-book.   Le noir et blanc ici, correspond au dessin encré, parfois relevé d'une touche de couleur sur certains objets choisis. 

    Le Musée des Merveilles de Todd Haynes (2017)

    Le réalisateur américain Todd Haynes est coutumier du passage du noir & blanc à la couleur dans ses longs métrages. Il a en effet tourné plusieurs films (Dottie Gets SpankedPoison ou encore I’m Not There) en utilisant ce changement chromatique. Dans Le Musée des Merveilles, adapté du roman pour enfants "Wonderstruck" de Brian Selznick, le metteur en scène utilise le noir et blanc et la couleur afin de marquer la différence entre les 2 époques auxquelles se déroulent le film. Les années 70 sont en couleurs tandis que les années 20 sont en noir et blanc. Présenté en sélection officielle du Festival de Cannes 2017, le film suit les parcours de Ben (Oakes Fegley) et Rose (Millicent Simmonds), deux enfants qui souhaitent secrètement que leur vie soit différente. Dans les années 70, Ben rêve du père qu'il n'a jamais connu, tandis que Rose, qui évolue dans les années 20, se passionne pour la carrière d'une mystérieuse actrice. Les deux enfants se lancent dans une quête à la symétrie fascinante qui va les mener à New York. Cette différence de couleurs permet à Todd Haynes de rester fidèle au langage de base du roman. En passant du noir et blanc à la couleur, on situe immédiatement à quelle époque nous sommes.

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