"House by the river" possède des thèmes chers à Fritz Lang (le Mal, la culpabilité) et les rejoue dans une forme excitante sans toutefois les réinventer. La belle idée du film est de ne pas faire du meurtre un élément devant être caché de tous; quelques minutes seulement après l'étranglement (accidentel ?), le frère du coupable arrive sur les lieux et est mis au courant de ce qu'il s'est passé. Mais tandis que Stephen est un écrivain frustré et machiavélique, son frère John, qui a pensé un temps le dénoncer à la police avant de se rétracter, est une incarnation de la bonté. Sur le plan moral, on peut difficilement imaginer plus complexe l'entente forcée de deux frères que tout oppose afin de cacher un corps dans la rivière environnante. Décor a priori idéal pour effacer des traces compromettantes, cette rivière se révèle finalement être un danger en ce que son courant ramène divers corps à la surface et pourrait donc accuser Stephen. Mais ce sont moins les eaux marécageuses qu'il faut surveiller que John, cet homme doublement rongé par la culpabilité : d'abord pour avoir aidé son frère, puis parce qu'il aime la femme de ce dernier, chose qu'il ne peut avouer. La combinaison de ces deux motifs crée ainsi une tension efficace mais dont la chute est peu crédible tant le final, qui aurait dû aller beaucoup plus loin dans la folie, s'en tient à une résolution plate et académique. Esthétiquement ambitieux, "House by the river" reste malgré tout collé à son scénario, ce qui en fait un film certes très intéressant mais mineur à l'égard des plus grandes propositions langiennes.
Un pur produit hollywoodien de la fin des années 40, avec un scénario qui repose sur des symboles et des effets de miroir un peu lourds pour un spectateur d’aujourd’hui. Tout est parfaitement agencé pour faire sens (la première minute dit à peu près tout de ce que démontre le reste du film), mais la mécanique est tellement bien huilée qu’elle en devient prévisible et même parfois comique, avec un dénouement qui frise la parodie. Le film se veut un thriller psychologique, mais la psychologie des personnages est dessinée à très gros traits et figée dans une caricature qui empêche de s’intéresser à l’issue de l’histoire. Heureusement, la réalisation de Fritz Lang est plusieurs crans au-dessus et l’honneur est sauf.
Un auteur raté habite dans une riche demeure, au bord de la rivière. Un soir, après avoir bu quelques verres, il tente de violer sa domestique, et finit par l’étrangler à mort ! Néanmoins, il parviendra à faire croire à tout le monde que c’est son propre frère qui est coupable… La force de « House by the River » est de disposer d’un protagoniste (et antagoniste ?) que l’on adore détester. Louis Hayward joue avec de belles mimiques salaces cette infâme crapule. Violeur, assassin, menteur, n’hésitant pas à faire accuser son frère pour sauver sa peau, ou à surfer sur le meurtre qu’il a commis pour gagner en notoriété ! Ce personnage cocherait sans mal les 7 péchés capitaux, et plus si affinités. Il devient ainsi le fil rouge de l’intrigue, tant on attend ses fourberies… et évidemment le retour de bâton du destin. Ce polar s’avère donc captivant, et c’est sans compter la mise en scène de Fritz Lang. Le réalisateur semble particulièrement inspiré par les intérieurs de maison, jouant sur les ombres et pénombres, ou les éclairages artificiels (son héritage expressionniste n’est jamais loin !). Et s’amusant avec des contre-plongées / plongées prétextées par des escaliers, pour souligner la bassesse de son protagoniste. Il va même jusqu’à livrer quelques touches fantastiques de bel effet. Du très bon thriller, du très bon Lang.
Alors que la carrière américaine de Fritz Lang commençait à s’essouffler, « House by the River » lui redonne un regain de carrière. Ce petit bijou n’est pourtant jamais sorti en France et une splendide copie restaurée voit le jour en 2019. Stephen est un écrivain qui ne décolle pas. En l’absence de sa femme, il tente de violer la domestique. Celle-ci ne se laisse pas faire et il finit par l’étrangler. L’homme semble presque indifférent et il demande à son frère de l’aider à cacher le corps. La police retrouve sa dépouille dans le fleuve et tous les soupçons se dirigent vers le frère. Véritable film noir à l’action inquiétante, « House by the River » emploi les codes de l’expressionnisme pour centrer son intrigue sur les sentiments de culpabilité et de frustration ainsi que les pressions sociales. C’est un film où l’érotisme et le macabre s’enchaînent au point de se mêler. La photographie fortement contrastée appuie une mise en scène qui fait attention à chacun des détails. Une œuvre sombre inévitable. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
House by the river. Lang est un touche à tout qui tourne partout. En 1950, il tourne ce petit film noir qui a tout d’un film américain. Nous sommes dans le sud. Un écrivain antipathique et frustré par son manque de succès se trouve mêlé à un meurtre et comme c’est une ordure, il mouille son frère dans cette sale histoire. Ce meurtre est l’occasion inespérée de vendre ses bouquins. C’est un vrai bon polar qui se place dans la tradition. Tout est question de contrastes : entre les personnages (vertueux ou maléfiques) et à l’écran (les plans de nuits sont ultra chouettes). Le personnage principal est un vrai salaud comme on aime les détester. Et cette histoire est menée tambour battant, sans perdre son temps ni négliger les détails (la boucle narrative). L’interprétation est aux petits oignons. On peut en plus y lire une petite satyre sociale prenant fait et cause pour le personnel de maison mais aussi pour ces femmes entourées de mufles. Bref, c’est tout bon !
J’ouvre le bal des critiques vierges pour ce film qui m’intrigue du mystique cinéaste allemand, sur une base d’un scénario simple à la Alfred Hitchcock. L’intrigue d’engrenage criminel pour un écrivain de petite envergure, un indélicat envers sa bonne, une employée maîtresse de maison, son élégance chauffa ses ardeurs masculines impulsives. La réalisation est classique dans sa linéarité, le temps passe à l’allure qu’approche la fin, en passant par le non-lieu du verdict au tribunal sans élément concordant pour interpeller le meurtrier. La venue toute préparée sur une note d’intervention métaphysique, le revenant fraternel pour en découdre avec l’amoralisme intrigant, un ending conventionnel. L’œuvre est excellente et fit ses preuves, dans une belle mise en scène du fond au clair de lune, embarquée vers cette rivière du crime.
Réalisé par Fritz Lang en 1950, au cours de sa période américaine, House by the river est un excellent film noir qui fut longtemps invisible en France. Très hitchcockien, le long-métrage nous plonge dans l’esprit malade d’un écrivain raté qui, après avoir tué de manière plus ou moins involontaire sa jeune servante, va comprendre l’intérêt qu’il pourra tirer de la disparition de celle-ci pour sa propre carrière. Présentant la sombre rivière comme un personnage à part entière de son film, Fritz Lang réalise une œuvre à la mise en scène et à la lumière parfaitement maîtrisées, qui donnent lieu à plusieurs séquences superbes de perversité – celle du meurtre est particulièrement impressionnante.
House by the river est une bonne découverte. Le film n'a pas vieilli d'un poil, on comprend la psychologie des personnages avec une histoire simple et suivre son évolution est passionnant. Je regrette quelques moments où je trouve les scènes un peu surjouées et la fin est un peu abusée selon moi, mais ça reste globalement un film très bien écrit et rythmé. Je recommande !
Un Fritz Lang méconnu, original par le cadre de l'action, et d'une noirceur sans concessions. Lang partage en effet avec Hitchcock de ne rien laisser au hasard dans sa mise en scène, et celle-ci transcende un scénario somme toute assez conventionnel jusqu'à la scène finale, que j'ai hélas trouvée un peu grotesque. Par ailleurs Lang, à l'image de ce qu'il a fait de mieux à Hollywood, combine parfaitement un style sobre, précis, plein d'une glaçante lucidité, avec de beaux moments expressionnistes, notamment dans les extérieurs sur la rivière. Cette dualité stylistique incarne à merveille le regard que porte Lang sur ses personnages, auxquels il ne trouve guère d'excuses. Il regarde ainsi son "héros" s'enfoncer dans le vice et révéler petit à petit la part sombre de sa nature. Son frère, dont la position est ambiguë et révèle en fait sa faiblesse, n'est pas épargné non plus. Mais par quelques effets poétiques (psychanalytiques?), Lang fait ressurgir la mauvaise conscience du meurtrier, sentiment presque irrationnel qui le conduira au châtiment. Bref, c'est un beau morceau de cinéma, dont je retiendrai essentiellement les vingt premières minutes, absolument géniales.
Film fascinant de son époque, l’intrigue est mi-ange mi-démon sans magie ni de feux d’artifice, du grand septième art, un artiste qui dépeint un monde fou de douleur et de désir, le drame passionnel écrit par un écrivain, c’est sa dramaturgie