Pour écrire le scénario de Comme ton père, le réalisateur Marco Carmel a puisé dans les événements marquants de son enfance passée à Belleville où il est arrivé à l'âge de quatre ans avec ses parents : " Le terrain vague existait vraiment (...). Un monde de fantasmes qui nous permettait de nous échapper de la réalité. À cause de mauvaises décisions de la part de mon père, nous sommes entrés dans un monde un peu brusque. Il est allé en prison et ma famille s'est retrouvée seule. Et puis, nous avons fini par nous sauver, j'avais alors douze ans."
Marco Carmel a débuté seul l'écriture du scénario : " Je me suis installé dans une petite chambre d'hôtel à Paris pendant trois semaines avec mon ordinateur et j'ai commencé à écrire. ", puis des amis l'ont aidé à le peaufiner, son professeur de cinéma, Serge Ankri, l'écrivain Emmanuel Pinto ainsi que Séverine Jacquet. Afin de s'assurer de la véracité des faits qu'il avait vécu enfant, le réalisateur a repris contact avec des amis de ses parents de l'époque.
Tourner Comme ton père, c'était aussi pour le réalisateur revenir à son enfance et parfois à des souvenirs difficiles : "Il y en a eu deux. La scène dans l'appartement de Serge qui m'a rappelé de très mauvais souvenirs et la scène de l'enterrement de la mère avec toute la famille réunie. Pour moi, c'était très éprouvant, très fort... "
Après avoir tourné des téléfilms, des séries pour enfants et des documentaires télévisuels pendant douze ans, Marco Carmel signe avec Comme ton père son premier long-métrage et son premier tournage en France : " Tourner en France a en fait été plus facile que de tourner en Israël ! (...) J'étais tellement à l'aise que c'était le tournage le plus facile de ma vie."
Comme ton père mêle personnages réels de l'enfance du réalisateur et des personnages fictifs. Ainsi, Serge a laissé à Marco Carmel des souvenirs douloureux "Serge, c'est quelqu'un qui a brisé ma jeunesse. Il a existé d'une autre façon que celle qui est racontée dans le film, mais c'est un homme qui est rentré dans notre famille et qui a fait basculer ma vie.". Quant à la mère (Yaël Abecassis), il en a fait une sorte de mère-courage, digne : " J'étais obligé de trouver quelqu'un pour porter cette famille. (...) Dans le film, les personnages les plus forts sont la mère et la grand-mère."
Après une première version "trop noire, trop dure" au goût du réalisateur, Comme ton père est le résultat le plus proche de la deuxième version du scénario.
Si le choix de Richard Berry pour incarner Serge, le parrain, s'est imposé dès l'écriture confie le réalisateur : " je rêvais qu'il joue dans mon film. Il a un visage assez fort pour être respectable et pourri à la fois ", celui de Gad Elmaleh a été plus compliqué. A sa première rencontre avec Marco Carmel, l'acteur n'était pas disponible avant trois ans, et puis le vent a tourné : "en allant voir Richard sur le tournage de La Doublure , j'ai revu Gad. Il m'a demandé à lire le scénario et m'a rappelé le lendemain pour me dire qu'il faisait le film. Nous nous sommes beaucoup vus pour préparer le rôle et j'avoue qu'il a fait un très beau travail." Quant à Yaël Abecassis, " l'actrice israélienne la plus connue en France " sa présence était également évidente pour Marco Carmel : " je voulais une femme belle et sexy, mais qui n'en fait pas état. Je voulais que son seul souci soit d'être une bonne mère. Je crois que c'est vraiment ce que Yaël apporte au film."
En dépit des soixante-dix enfants auditionnés par Stéphanie Davidian que Marco Carmel a pu voir en vidéo, le choix de Michel s'est fait autrement : " J'en ai rencontré vingt qui ressemblaient au profil que je recherchais. On avait presque trouvé notre Michel lorsqu'elle m'a montré un extrait de film dans lequel jouait Jules. J'ai senti que c'était un acteur avec une nature incroyable... Nous avons fait des essais avec Gad et, entre eux, le courant passait tellement bien que je n'ai plus hésité."
Familier des rôles comiques, comme dans Chouchou, Olé !, La Doublure ou plus récemment Hors de prix, Gad Elmaleh a du se glisser dans la peau d'un mafieux dans Comme ton père, un rôle qui lui a fallu apprivoiser : " Lorsque Daniel Auteuil ou Richard Berry prennent un flingue, ils ont aussitôt l'air méchant et vous avez peur. Moi, il faut que je fasse un travail pour que les gens ne rient pas, pour ne pas qu'ils pensent que le mec va se relever après que j'ai tiré..."
Son rôle de parrain dans Comme ton père fait écho à son personnage de Maurice Beitoun dans le Le Grand pardon d'Alexandre Arcady. En dépit de son talent reconnu, pour ce type de rôle, Richard Berry confie : " je ne prends pas un plaisir particulier à interpréter un chien, un mauvais garçon, un type aussi épouvantable... En revanche, là où je peux m'amuser à faire un type comme ça, c'est quand j'ai l'impression d'être dans un bon film avec un bon metteur en scène et de bons partenaires."