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    Le Cheval de Turin
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    3,5
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    61 critiques spectateurs

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    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 4 janvier 2012
    Le débat saisit parfois le petit monde de la critique et de la cinéphilie : quelle est la limite entre le geste artistique et le vide ? Comment un film qui transporte un auditoire peut-il en excéder totalement un autre ? Tout film radical dans son développement artistique doit-il être considéré comme digne d’intérêt ? Le dernier film de Lynch en date (l’abominable Inland Empire) avait déjà posé ces questions. L’an dernier, c’était la Palme d’Or qui méritait un débat de ce type. Il y a quelques semaines, l’exceptionnel voyage de Nuri Bride Ceylan en Anatolie pouvait aussi rentrer dans cette catégorie. Et aujourd’hui donc, ce Cheval de Turin, bardé de récompenses et de lauriers critiques. Alors : chef d’œuvre ou arnaque ?

    Tout d’abord, chaque spectateur qui aura l’audace de se risquer en salle doit savoir ce qui l’attend. Plus de 140 minutes de noir et blanc, quasiment sans dialogues, dans une masure perdue au fin fond de la campagne. Deux personnages principaux et quasiment uniques, ainsi que leur cheval. Six journées de leur vie, qui se répètent de manière entêtante autour de leur cérémonials de lever, déjeuner et coucher. Et c’est tout, rideau.

    L’ensemble cherche délibérément à être un geste artistique sans concession. L’objectif semble être d’enfermer le spectateur dans une forme de folie qui prend peu à peu racine dans la tête des personnages principaux. Mais, si le vide sidéral de l’ensemble interpelle pendant les premières dizaines de minutes, il provoque rapidement chez le spectateur (même le plus patient) un sentiment de gêne, qui se transforme en souffrance puis en énervement à mesure que le film avance sans but, sans enjeu, sans évolution.
    Rien ou presque ne bouge, quasiment rien n’a l’air digne d’intérêt dans l’univers que décrit Bella Tarr, et pourtant, il décompose chaque scène, chaque mouvement, le répète à l’infini jusqu’à l’épuisement. On en vient à guetter ses tics de mise en scène, ces longs plans qui terminent sur une vue fixe d’une porte, ou d’une tête de cheval, appuyés par une musique (une seule partition, évidemment) répétitive et lassante. Epouvantable. Une forme avancée de cinéma du rien, qui laisse chacun y voir ce qu’il veut y mettre, mais qui ne cherche jamais à développer des situations, à créer des personnages ou à accompagner son public quelque part. Bienvenue dans la tête d’un réalisateur qui souhaite faire partager au monde sa vision destructrice et très personnelle de l’apocalypse, même si cela consiste à vous enfermer dans une masure sordide pendant plus de 2 heures.

    Cela dit, le film présente quelques avantages. Cela laisse un peu de temps pour penser à la liste de courses, aux coups de fils qu’on doit passer, ou encore d’observer les éclairages de secours de sa salle de cinéma. C’est également une excellente occasion de tester sa résistance à l’endormissement, qui frappe impitoyablement tout spectateur n’ayant pas 8 à 10 heures de bon sommeil derrière lui.

    Certains parlent d’une œuvre magistrale qui décrit la folie, d’autres l’enfermement, d’autres encore l’apocalypse. Pour aller dans leur sens, je pense qu’on ne s’est rarement autant senti proche de l’enfer sur Terre, et que rarement la lumière de la sortie de salle n’aura été accueillie avec une telle bénédiction. Un grand moment de masochisme cinématographique, qui semble plaire même au-delà du Triangle des Bermudes de la critique. Mais il faut décidemment aimer se faire mal. Très mal.

    http://dh84.over-blog.com/
    stebbins
    stebbins

    458 abonnés 1 747 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 4 décembre 2011
    Jusqu'au bout de la mort, il y a peut-être l'éternité... Ultime grand Tarr, Le Cheval de Turin est un long périple dépressif composé de trois personnages, d'une ferme, d'un puits et d'un vent constant dans les oreilles. Il va sans dire que ce film-testament ne ménage pas son spectateur, ne cherchant jamais l'attraction, encore moins la facilité : l'oeuvre est pénible voire même indigeste, imbibée de noirceur et de désespoir, rarement verbeuse, presque antipathique. Et pourtant sa puissance est là, farouche mais palpable, au gré d'interminables plans-séquence, d'un rutilant Noir et Blanc, d'une musique obsédante... Bela Tarr n'a jamais été aussi loin dans sa quête d'un cinéma pur, jouant essentiellement sur la cadence irrégulière des gestes, des mouvements et des déplacements de ses sujets filmés. La caméra, héroïque et fluide, permet l'hypnose d'une durée a priori impraticable, poussée à bout. Sous ses dehors d'épave rongée par le vent Le Cheval de Turin s'impose comme une colonne massive ombrant le vieil homme et la fille, tarissant le puits et faisant valser les feuilles mortes... Rarement un film aura aussi bien retranscrit l'impitié de la Faucheuse. Le Cheval de Turin est un chef d'oeuvre.
     Kurosawa
    Kurosawa

    512 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 13 juillet 2019
    C'est l'histoire d'un fermier qui vit avec sa fille dans une vieille maison au milieu de nulle part, un jour leur cheval décide de ne plus bouger : les deux personnages sont donc condamnés. Il serait insultant envers les films de qualité de trop s'épancher sur cette purge auteuriste d'une prétention inouïe. Bela Tarr, qui semble se prendre pour le génie qu'il n'est pas, a cru qu'une histoire aussi mince pouvait tenir sur 2 h 30, qu'un spectateur attentif n'allait pas se rendre compte que les vingt premières minutes sont, autant dans leur contenu que dans leur mise en scène, reprises en boucle sur les deux heures suivantes. Si l'idée était de faire ressentir l'attente harassante de la fin du monde, alors c'est réussi; mais faire subir les mêmes rituels inintéressants de personnages dont on ne peut rien extraire, l'arrivée d'un ivrogne qui récite son charabia métaphysique ou encore celle de tziganes voulant récupérer l'eau du puits (il fallait se dépêcher avant que celui-ci ne tarisse), c'est vraiment trop. Le seul pseudo mystère qui réside dans ce film, c'est pourquoi le paysan et sa fille filent s’asseoir devant la fenêtre dès qu'ils en ont l'occasion : la réponse est finalement simple, ils attendent simplement que leur calvaire se termine. Sommet d'ennui, "Le cheval de Turin" se permet même, certainement dans un geste esthétique puissant et avant-gardiste, d'enrober la misère humaine (quand pour seul repas, on a une seule patate cuite, c'est bien la misère) dans un noir et blanc granuleux et des plans-séquences élégants – mais systématiques dans leurs mouvements. Il ne fait guère de doute que Bela Tarr se fout de ses personnages; tout ce qui l'intéresse, c'est sa mise en scène et son pessimisme. Puisque la première ne fait même pas illusion, le second ne peut jamais atteindre un quelconque degré émotionnel.
    Ykarpathakis157
    Ykarpathakis157

    3 387 abonnés 18 103 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 25 octobre 2020
    Après une heure à regarder les gens manger une pomme de terre (un non-sens absolu) ou à profiter du frisson d'un voyage sauvage au puits pour obtenir de l'eau le moment le plus dramatique du film arrive. Par une soirée particulièrement excitante où le père et la fille presque muets regardent les vêtements sécher (j'aurais seulement aimé inventer ça) un invité arrive. Il jaillit de quelques points de vue obliquement nietzschéens et part. Ensuite c'est de retour aux pommes de terre, au vent, à la musique lugubre et au séchage des vêtements. Le film suit six jours dans la vie des humains les plus végétatifs du monde. En vérité vous auriez plus d'angoisse émotionnelle avec une tige de céleri. Ce n'est pas filmé en temps réel mais c'est comme si c'était le cas. Oh oui le cheval. Le cheval fournit le contenu intellectuel du film. Le cheval rêve d'avoir un pouce opposable pour pouvoir prendre un pistolet et se tirer une balle dans la tête. Puisqu'il ne peut pas il développe un plan élaboré pour rendre son propriétaire tellement en colère que le propriétaire le fera pour lui. Hélas le plan tourne mal quand le propriétaire se rend compte qu'il est pris au piège d'un énorme dilemme philosophique si je tire sur le cheval, je n'ai plus de cheval. Être ou ne pas être telle est la question du fermier. Finalement le cheval étant un vrai stoïque comprend qu'il peut se contrôler lui-même. Il décide donc de mourir de faim car la mort par ennui prendrait trop de temps. Le cheval réussit-il ?. Regardez ce film de deux heures et demie pour le découvrir. Donc en bref si vous sentez que vous avez fait quelque chose de mal et que vous méritez d'être puni regardez ce film. Vos péchés et ceux de tous vos ancêtres seront pardonnés. Ainsi parlait Zarathoustra...
    Parkko
    Parkko

    134 abonnés 2 020 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 22 janvier 2012
    Le seul autre film de Bela Tarr que j'ai vu c'est Les harmonies de Werckmeister mais le Cheval de Turin ne fait clairement pas le poids face aux harmonies que j'avais bien aimé. Le Cheval de Turin m'a fait pensé aux parodies réalisées par les Inconnus sur certains films, c'est dire.
    En soi je ne me suis pas ennuyé en le regardant, je m'étais préparé à une œuvre austère et très lente. Ce n'est donc pas ça le problème. Le problème c'est que j'ai trouvé ça sans intérêt. Je ne trouve pas qu'un travelling sur un cheval soit d'une inventivité folle en terme de mise en scène pour ma part. J'ai souris en écoutant les critiques dire que c'était toujours la même chose mais filmer d'un angle différent. Je suis désolé mais les scènes de repas, filmées tantôt "côté porte" tantôt "côté fenêtre" (alternant ainsi de gauche à droite et de droite à gauche la place de l'un et de l'autre), on va pas me dire qu'il s'agit d'un grand cinéma et que ce nouvel angle de vu sur le repas familial est d'une inventivité folle. Ce n'est pas parce qu'il y a marqué Bela Tarr après Réalisateur : qu'il faut tout cautionner.
    Alors que reste t-il dans tout ça ? Et bien au moins une expérience cinématographique, déplaisante, certes, mais qui cherche à sortir des sentiers battus. Et c'est déjà ça.
    Julien D
    Julien D

    1 101 abonnés 3 461 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 20 mars 2014
    En nous narrant un récit dénué d’intrigue au sens cinématographique du terme, en à peine trente plans s’étirant sur cent-cinquante minutes, Bela Tarr s’offre, pour ce film qu’il a annoncé comme étant son dernier, une application poussée à l’extrême de son style si particulier. Réservé aux amateurs du réalisateur hongrois et de sa mise en scène terriblement austère donc, Le cheval de Turin se veut, comme l’annonce sa phrase d’ouverture, être inspiré des derniers jours de Friedrich Nietzsche, puisqu’il narre la déchéance physique et psychologique d’un vieil homme enfermé dans une ferme isolée au milieu d’une campagne plus que farouche. Si le minimalisme radical de la réalisation et l’absence de scénario concret du long-métrage peuvent s’apparenter, pour ses détracteurs, à un profond manque de souffle artistique au profit d’une volonté de misérabilisme déprimant, n’importe quel amateur de cinéma saura apprécier la valeur de ce noir et blanc plein de poésie, de cette musique lancinante et de ses cadres picturaux. C’est en définitive un exercice assez pénible que de se plonger dans cette nouvelle référence en matière de cinéma contemplatif, mais dès lors que l’on cherche à y voir la métaphore d’une humanité enfermée dans une routine abrutissante en attente d’une mort imminente, alors seulement on peut se rendre à quel point Bela Tarr a voulu clore sa carrière sur une œuvre au lyrisme extrêmement mélancolique.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    2 804 abonnés 3 956 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 3 décembre 2011
    En ce moment il y a plein de monde à Strasbourg, est ce pour aller voir le dernier film de Bela Tarr dans le seul cinéma qui le passe de l'est de la France ? Que nenni c'est pour s’émerveiller devant des décorations de noël et boire du vin chaud, m'empêchant à moi pauvre étudiant de faire mon approvisionnement hebdomadaire des denrées de première nécessité : endives et haricots verts.
    Pourquoi je raconte ma vie ? Parce que ce qui se passe dans le film est encore moins palpitant que ça. Il y a eu plus d'action lorsque j'ai monté les marches du cinéma que durant le film. Ce qui explique peut-être que les touristes se ruent sur les manalas et pas sur la salle de cinéma.
    Alors j'ai dû voir si ma mémoire est bonne trois films de Tarr que j'ai tous apprécié, voir adoré, ma préférence allant largement aux harmonies werckmeister. Alors c'est sans crainte particulière (si ce n'est d'être déçu) que je vais au cinéma (devant payer pour une fois ma place, la carte illimitée de marchant pas).
    Alors le film a les mêmes défauts et les mêmes qualités que les autres Tarr je dirai (pour ce que j'ai pu voir). Il y a des moments magnifiques, le premier plan, avec la musique, ressemblant à du Dark Ambiant, cette caméra tournant autour du cheval, je trouve ça sublime, le film aurait pu durer 2h26, avec juste ce plan, je pense que j'aurai adoré. En fait les scènes dehors je les aime beaucoup, on entend ce souffle du vent, on voit les feuilles voler, il y a une vraie atmosphère de fin du monde, et la fin du monde, c'est un thème qui me fait me lever le zizi. Je suis donc au paradis (façon de parler).
    D'ailleurs c'est une approche totalement différente de celle de Melancholia (vaguement sur le même sujet de la fin du monde), qui se faisait dans l'exceptionnel et le fracas, et ici qui se fait dans la routine, le quotidien, l'ordinaire et le silence.
    Alors oui le film est très avare en dialogue, et tant mieux lorsque ça parle ça m'intéresse beaucoup moins, surtout une scène où il y a un monologue (le seul du film), ça me saoule très rapidement, parce qu'au lieu de suggérer par la mise en scène, là il le raconte, alors certes la mise en scène ne peut pas raconter avec la même précision qu'avec les mots, mais malgré tout, laisser au spectateur imaginer ce qui se passe, c'est bien plus efficace.
    D'ailleurs en parlant de silence, il est bien marrant de voir des gens clamer haut et fort que the artist est audacieux (tout en étant un hommage vibrant au muet qu'ils disent, alors que bien souvent ils n'ont jamais vu de film muet), parce que là on a un film de 2h26, avec 2 personnages, pas très beau, un père et une fille, marqué par la vie, qui passent leur temps à manger des patates et à chercher de l'eau dans un puits, et tout ça avec quasiment aucune parole. Lequel est le plus audacieux ? ce film ou bien le film qui va faire du nivellement par le bas pour que le grand public ne s'ennuie pas ?
    Bon après je ne suis pas pleinement convaincu par ce cheval de Turin pour plusieurs raisons, tout d'abord lorsqu'ils sont à l'intérieur, j'ai l'impression qu'il n'y a que de la mise en scène, c'est à dire je sais que je regarde un film, tous les zoom, tous les mouvements de caméras sentent le manque de naturel, je n'arrive pas à trouver vraie la scène que je regarde. Et puis les zoom vers la fille qui regarde par la fenêtre, je ne trouve pas ça très beau. Parce que cette fille malgré l'austérité du film, je n'arrive pas comme chez Bresson ou Dumont à sentir son âme. Pour moi c'est juste une fille bien filmée. Et ça me gène un peu.
    Alors qu'à l'extérieur, on a ce bruit du vent qui vient couvrir les bruitages, on a une ambiance qui n'est que très peu palpable à l'intérieur. Et moi des paysages ruraux, couverts de brume, j'adore ça. Autant voir les deux manger leur patate au bout de la 3° fois, je me dis mouais, autant lorsqu'elle va chercher de l'eau, j'en redemande, ce vent faisant bouger ses cheveux, il se passe quelque chose à l'écran, qui donne une putain d'ambiance apocalyptique.
    Aussi, le film se passe après le passage avec Nietzsche, du coup on ne voit pas le moustachu embrasser un cheval, ce qui aurait pu être magnifique, mais qui aurait pu rompre avec l'austérité du film. Néanmoins, certaines scènes avec le cheval sont assez émouvante (toute proportion gardée), car en fait j'ai l'impression qu'il est plus humain que les deux humains, qui me semblent un peu désincarnés. à travers d'eux, je ne vois pas d'invisible, alors qu'une scène avec le cheval peut rappeler une scène de Au Hasard Balthazar (en moins bien). Mais dans le film je n'ai pas vu ce qui aurait pu faire s'émouvoir Nietzsche, je ne l'ai pas senti. Je trouve ça dommage.
    Enfin un autre défaut du film, par moment, c'est les transitions. Les plans sont tous très long, genre le plus court doit faire lui-même plus de 5 min. Et à plusieurs reprises lors de ces transitions, ça ne semble pas naturel, le raccord me dérange en tant que spectateur, alors que d'autres ne se remarquent même pas.
    Moorhuhn
    Moorhuhn

    120 abonnés 579 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 22 janvier 2012
    Après avoir aimé Les Harmonies Werckmeister et détesté l'Homme de Londres, je me suis précipité dans mon cinéma afin de voir ce qui est, d'après les dires du cinéaste, le dernier film de Béla Tarr. Plutôt bien accueilli je me sentais plus en confiance, m'attendant davantage à un Werckmeister mais en fin de compte ce film s'est avéré être une épouvantable déception.
    Ce qui m'emmerde avec Tarr c'est que ces films sont toujours d'une beauté sidérante. Un Noir et Blanc parfait, la photographie y est somptueuse et techniquement Béla Tarr est bien un des plus grands formalistes qui soient avec un film tourné entièrement en plans séquence minutieux et plutôt longs. Le Cheval de Turin a une force visuelle incroyable, comme d'habitude chez Tarr, mais alors le même mal qui régissait L'Homme de Londres frappe une fois encore. Ce film est redoutablement CHIANT.
    Certes la réalisation est d'excellente qualité mais Tarr a juste oublié de rajouter de la substance dans ce film qui en manque cruellement. Cette représentation pathétique à laquelle j'ai assisté durant 2h30 est théâtralisée à l'extrême, d'une boursouflure sans nom. Impossible de croire à ce que j'ai vu, ce film n'a strictement rien d'authentique que ce soit dans les interactions entre les personnages, la représentation des gestes du quotidien et même la façon de mettre en scène dans sa globalité. Voir des personnages bouffer des patates, aller au puits, dormir, rebouffer des patates, aller au puits, dormir pendant un laps de temps très étiré, très franchement ça ne me plaît pas et je trouve ça complètement inutile. De ce film je n'ai vu que de la technique et rien d'autre, ça atteint des sommets de redondance, c'est vide et pompeux. Les scènes d'intérieur sont d'un soporifique sans nom, heureusement que la fille a souvent la décence d'esprit d'aller dehors, la forte tempête a au moins le mérite de nous réveiller. Ce film nous raconte en gros ni plus ni moins qu'une fin du monde, ce qui colle bien avec la tournure que prend la carrière du réalisateur mais l'ambiance n'est même pas au rendez-vous. Pourtant le film commençait très bien avec cette scène où le cheval traîne sa charrette, défiant la tempête. C'était non seulement beau mais également puissant. Mais le reste n'est pas de ce calibre et force est de constater que finalement le Cheval de Turin reste très superficiel. Le (possible) dernier film de Béla Tarr est en fin de compte à l'image du phénomène météorologique qui ne cesse d'agir durant les 2h30 de cette purge: c'est du vent.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 22 février 2012
    Très bon film de Béla Tarr, ultime oeuvre de son auteur selon son auteur. Film difficile et simple, éprouvant aux frontières de l'ennui, ironique et grave, Le cheval de Turin a d'abord l'énorme mérite de proposer autre chose - une autre image, un autre temps, une autre narration, une autre couleur, une autre pensée ou un autre sentiment, un autre cinéma en somme, aux antipodes de la médiocre consensualité, frénétique et bête, du cinéma actuel (qu'on pense à la reconnaissance faite au dernier d'Hazanavicius, loué pour sa prise de risque et son culot, et pourtant composé, certes avec habileté, comme le sont tous ses concurrents actuels - mais on ne félicite la différence que parce qu'elle n'est pas si lointaine, c'est entendu). Le film de Béla Tarr laisse cette zone d'incertitude et d'incompréhension propre à toutes les oeuvres consistantes, à mi-chemin entre l'admiration muette et la gêne : quelque chose s'est passé là, devant les yeux, qui demande arrêt, suspension, retour. Abasourdi par la longueur, la pesanteur, la beauté de cette oeuvre circulaire, on est mystérieusement appelé à revenir sur Le Cheval de Turin après l'avoir découvert ; une histoire quasi obsessionnelle de cycles et de grandes plages de temps, qui inquiètent et découragent en s'abattant comme des vagues : Tarr a proposé, pendant près de 2h30, un rythme ternaire, une sorte de roue, que l'on s'évertue, quelques temps encore après que l'image se soit tue, à suivre du regard, comme si une étincelle de sens devait jaillir d'un mouvement perpétuel, d'un cercle roulant sur lui-même. Par là, Tarr s'interroge sur l'oeuvre d'art et son origine, en dévoilant cette question insistante, tortueuse, séduisante : comment diable le nouveau, l'autre (être mais surtout devoir-être), peuvent-ils naître du même ?

    Parce que le sens, vaporeux et invincible comme le vent dans le film, échappe en partie [...] Un accent fataliste, évident, se dessine : acceptation par les personnages d'une lutte avec leurs terribles conditions d'existence, l'air résigné. Un accent pessimiste : la tempête gueule et frappe de plus en plus violemment, la fin du monde approche, le cheval refuse de porter, de manger, de bouger, et bientôt la fille l'imitera et puis le père. Et puis, surtout, un accent nihiliste : pas d'ailleurs, pas d'horizon (refus de suivre les tziganes en Amérique, ce Nouveau monde aux espoirs de richesse (ou riche d'espoirs, c'est selon) : nihilisme post-communiste demandant quelle autre voie peut surgir, contre-balancer le capitalisme archi-dominant ?). La dernière oeuvre de Tarr ne semble offrir aucune issue : l'action est tuée, étouffée à la racine, parce que manque le pourquoi, la raison, quelque chose. Nihilisme au sens où plus aucune valeur ni aucune norme ne peuvent plus guider l'homme, au sens où transcendance et immanence achoppent (lecture religieuse hachée, inféconde d'une part, et puits à sec, absence de ressources, stérilité de la nature d'autre part), au sens où l'homme tourne en rond. [...]

    Plusieurs tentations viennent tutoyer, chatouiller un esprit naturellement interprétant : premièrement une tentation métaphysique, sur la fin du monde, l'"acosmisme" et son rapport à l'homme sous la forme de la mort : peur, acceptation, divertissement, résignation, immobilisme... Deuxièmement une tentation politique faisant de ce couple voué à la détresse du cycle l'image de toute famille moderne, soumise au temps et aux rituels, organisés autour des besoins primaires, sans pensée, sans vitalité, sans souffle (alors que dehors, ou le dehors, ça souffle, parbleu). Troisièmement, tentation de nietzschéiser (ou philosopher, mais enfin, les deux termes s'équivalent...) le film, avec les thèmes abordés ou suggérés suivants : cheval de Turin et début de la folie, nihilisme donc, dernier homme, histoire de l'humanité en termes d'esclaves et de nobles et d'apparition de la raison, prophétisme, éternel retour of course. Le mérite de Béla Tarr, ici, c'est de ne pas accréditer une ou les trois tentations : il veut son film optimiste, porté à l'action, et non philosophique [...]

    On comprendra aisément la rétivité de tant de spectateurs à un tel projet (c'est que précisément, quelque chose nous est projeté à la face, un défi, une épreuve), habitués à une intrigue ficelée dans des plans rapides et efficaces. Mais Le cheval de Turin, on l'aura compris, permet, pour un temps que certains estimeront exagérément grand voire invivable, de goûter, de découvrir et d'explorer un espace et un temps qui fissurent nos convenances artistiques. [...] Du cinéma, quoi... 16/20 (si la conscience du fait que l'ennui est volontaire pouvait supprimer l'ennui, la note serait plus haute).

    Et bien sûr, toutes les critiques sur le Tching's Ciné : http://tchingscine.over-blog.com/
    LBDC
    LBDC

    84 abonnés 297 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 8 janvier 2015
    (...) Comme à son habitude, Béla Tarr nous livre avec Le Cheval de Turin une photographie noir et blanc absolument sublime, à un niveau quasi-inimaginable de maîtrise visuelle. Son chef-opérateur, Fred Kelemen, fait de chaque image une peinture admirablement cadrée et sa gestion de la lumière, ce qu’il en fait, la manière dont il l’impose comme une quasi-entité durant tout le film, force le respect. Il n’y a en fait absolument rien à redire sur la photographie du film hongrois ; sa réalisation, en revanche, n’est pas si exempt de défauts. Non pas que Béla Tarr ne soigne pas ici sa mise en scène ; au contraire, il en fait presque trop, à un tel point que les séquences emplies de poésie et de métaphysiques à peine perceptible des Harmonies Werckmeister semblent ici enfouies sous une mise en scène finalement très mathématique, et qui au final en fait peut-être trop. Obsédé par ses impressionnantes prouesses techniques et ses longs plans interminables, qu’ils soient quasi-fixes ou lié à un interminable mouvement, Béla Tarr semble oublier d’humaniser ses personnages, de les rendre vivants, d’instaurer cette atmosphère mystique qui aurait fait tant de bien au film et qu’on ne retrouve que trop rarement, le temps de quelques séquences extérieures à tomber à la renverse tant l’ambiance mise en place est phénoménale. Il y a dans cette absence de montage, dans cette austérité chère au réalisateur hongrois, une capacité à mettre en place une destruction du monde à la limite d’un apocalypse ambiant, et Le Cheval de Turin semblait être le sujet idéal pour ce type d’obsessions ; il est donc regrettable que le cinéaste ne parvienne pas à s’effacer derrière ses plans magnifiques, et nous rappelle sans cesse à notre conditions de spectateur par sa mise en scène trop voyante écrasant ses personnages, son histoire, et finalement, son atmosphère (...

    L'intégralité de notre avis à propos du CHEVAL DE TURIN, sur Le Blog du Cinéma
    JR Les Iffs
    JR Les Iffs

    61 abonnés 1 151 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 3 février 2013
    Chef d'oeuvre ou chiantissime ?
    Long poème visuel presque sans parole qui peint l'existence extrêmement pauvre d'un cocher de campagne, de sa fille, et de leur seul cheval.
    (Très) longs plans séquences, habituels chez Bela Tarr, qui décrivent les actions sans cesse répétées des personnages.
    La séquence d'ouverture, techniquement superbe, montre l'évolution du cheval et de sa carriole le long d'un chemin brumeux. Tout le reste se passe dans la masure de ce couple où les mêmes gestes sont tous les jours répétés. Filmé dans un très beau noir et blanc, avec une caméra parfois très souple et mouvante, parfois statique. Le film s'éternise, c'est un parti pris de l'auteur, cette lenteur répétée. L'aspect pauvreté est trop prononcé et empêche une véritable émotion. Film plein de désespérance, noir, rempli du refus de l'autre (les Tziganes). Ils mangent toujours la même patate chaude avec leurs doigts : étrange. Le film est fait pour envoûter avec une musique belle et lancinante. Ce procédé stylistique de lenteur et de répétition donne une impression de vide, d'absurdité. Le cheval est très peu présent en fait. Présence continuelle du vent. Sommes-nous dans un monde concret ou un monde abstrait sorti de la tête du cinéaste ? A vouloir être trop réaliste, cela devient irréaliste. Le style prévalant sur le récit. Soit on est envoûté, soit on est agacé.
    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 8 décembre 2012
    À voir au cinéma. Le film devient une excellente comédie quand les soupirs commencent à fuser dans la salle et les spectateurs ennuyés à se lever pour sortir en maugréant. C'est là qu'on jouit. Techniquement, c'est impressionnant, cette contrainte du plan séquence et du mouvement constant. C'est sûrement censé être beau et époustouflant, aux limites du religieux, mais c'est surtout de la frime. La thématique de l'éternel retour est traitée à l'opposé de la conception de Nietzsche : la répétition effective du même devient une mortification sourde et implacable, et non pas la possibilité de perpétuer un élan vital. Bela Tarr distribue sa dose de misérabilisme nihiliste et sadique dans les habits du respectable. En faisant abstraction des humains humiliés, c'est une remarquable description de matières en mouvement.
    Daniel Schettino
    Daniel Schettino

    16 abonnés 241 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 26 janvier 2017
    Le film débute par une incroyablement belle et (paradoxalement) douloureuse scène avec un cheval tirant une charrette, lutant contre les vents violents. Le lendemain le vent est encore plus fort, et le vieux cheval est à bout de force pour pouvoir partir de nouveau. Le cheval devient de plus en plus faible, mais il a une alliée en la personne de la fille du fermier, qui le protège et s'occupe de lui (Elle doit le connaître depuis son enfance. Ils ont certainement le même âge autour de 25 ans). Le cheval a arrêté de lutter. A-t-il compris que la lutte était inutile ? A-t-il pressenti une fin funeste ? Nous assistons au quotidien routinier, à la vie monotone de ce père et de sa fille dans cet univers de fin du monde. La fille cherche des explications dans la bible à cette entrée dans les ténèbres. Les 2 personnages essaient bien de fuir un peu tard en amenant avec eux le cheval, mais ils reviennent bien vite car il n'y a aucune issue. Je doute que les autres personnages du film aient pu se réfugier dans un endroit sûr. L'humanité court à sa perte. Inexorablement le vent a apporté anormalement la noirceur et non le soleil. L'obscurité couvre tout. Et là nous avons droit à cette extraordinaire scène d'un écran noir. On entre dans le film pas à pas, pourvu de se laisser emporter par le vent du film. Le cheval de Turin n'est pas un film abscons, c'est même une très belle histoire simple et émouvante. A Torinoi lo est un film sublime.
    Gustave Aurèle
    Gustave Aurèle

    105 abonnés 2 330 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 2 février 2014
    Musique technoïde + images pornographiques + discours abscons = OFNI ! Un film sibyllin où la religion n'est qu'un puits asséché, où l'apocalypse n'est qu'un athéisme salutaire, où le cheval aurait seul mérité la parole.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 14 décembre 2015
    À contre-courant de ''2012'' et compagnie, voici une fresque de l'apocalypse en noir et blanc, sans grand fracas ni gesticulations inutiles, sans une goutte de sang ni même un cri apeuré, la fin du monde vivant comme vous ne l'aurez jamais soupçonné.
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