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    Foxtrot
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Foxtrot" et de son tournage !

    Qui est Samuel Maoz ?

    Né à Tel Aviv en 1962, Samuel Maoz fait des études de cinéma à l’école Beit Tzvi de Ramat-Gan. Il travaille comme réalisateur de vidéo-clips et de publicités, avant de réaliser un documentaire expérimental inspiré de la danse contemporaine, Total Eclipse (2000), en collaboration avec le chorégraphe Ohad Naharin. En 2007, il tourne Lebanon, inspiré de ses souvenirs de soldats durant la première guerre du Liban. En 2009, Lebanon remporte le Lion d’Or au Festival de Venise et est notamment nommé aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger. Huit ans plus tard, Samuel Maoz revient avec Foxtrot qui a remporté le Lion d’Argent à Venise en 2017.

    D'après une histoire vraie

    Le réalisateur Samuel Maoz revient sur la genèse du projet Foxtrot : "C’est une histoire vraie et personnelle, survenue en 1994, qui est à l’origine du film. Ma fille avait l’habitude de traîner au lit le matin et d’arriver à l’école systématiquement en retard. Au départ, j’avais décidé de lui payer le taxi pour lui éviter des problèmes à l’école, mais après m’être rendu compte que ce luxe devenait trop cher pour nous, je lui ai dit : « plus de taxis ! à partir de demain, tu prends le bus n° 5 qui s’arrête près de l’école ». Ma fille a un peu protesté, mais elle a été contrainte d’accepter. Le lendemain matin, elle est partie prendre le bus n° 5, et une heure plus tard, on a annoncé à la radio un attentant-suicide sur la même ligne (un attentat terrible qui a fait 22 morts et plus de 100 blessés).

    Vous imaginez mon état de panique, d’autant qu’il m’a été impossible de joindre ma fille pendant plus d’une heure, parce que toutes les lignes téléphoniques étaient saturées. Je peux vous dire que ce fut la pire heure de ma vie. J’ai souffert comme je n’ai jamais souffert, c’était bien pire que toutes les épreuves de la guerre du Liban. Ma fille a finalement réussi à me joindre pour m’annoncer qu’elle avait raté de justesse le bus en question et qu’elle était en fait montée dans le suivant. C’est cette histoire terrible, où hasard et destin se sont mêlés, qui m’a inspiré le scénario de Foxtrot."

    Autobiographique ?

    Si le film n’est pas directement autobiographique comme l’était Lebanon, il l’est tout de même, à sa manière, selon le cinéaste Samuel Maoz. "La question du traumatisme de la Shoah et la manière dont cette expérience s’est enracinée dans la société israélienne, reflètent ma propre vie. Ma mère est une rescapée de la Shoah, et durant mon enfance et mon adolescence, je n’ai jamais eu le droit de me plaindre, parce que les pires choses qui auraient pu m’arriver n’étaient rien à côté de ce qui était arrivé aux victimes de la Shoah. L’obligation de refouler une souffrance est terrible pour un enfant et il développe nécessairement des séquelles liées à ce refoulement.

    De plus, on a exigé de nous de réparer le traumatisme de la génération des survivants : nous avions le devoir d’être forts et virils. Le rêve de chaque enfant de ma génération était de devenir un jour un soldat courageux de l’armée israélienne, pour que ce qui était arrivé aux victimes de la Shoah ne se reproduise plus jamais. Mais tous les enfants n’étaient pas faits pour coller à ce modèle, et ce processus de formation idéologique a laissé de profondes cicatrices chez beaucoup d’entre nous… Chez moi, entre autres, et chez le personnage de Michael dans le film, dont la réussite professionnelle et ce magnifique appartement dans lequel habite sa famille est une sorte de cage dorée qui cache une souffrance et une grande fragilité."

    Pourquoi Foxtrot ?

    Le metteur en scène Samuel Maoz explique le choix du titre Foxtrot : "On peut le voir comme une métaphore du film. C’est la seule danse que je connais où les danseurs reviennent toujours à leur point de départ, en tournant en quelque sorte en ronde, comme dans un cercle fermé (et vicieux) qui se répète à l’infini… C’est la situation de mes personnages, et peut-être aussi de la société israélienne dans son ensemble. C’est le mouvement obsessionnel qu’Israël ne cesse de répéter depuis sa création, génération après génération."

    Choix esthétiques

    La première et la troisième partie se déroulent presque entièrement dans l’appartement de la famille Feldman. Samuel Maoz analyse : "Dans la première partie, l’aspect un peu froid et symétrique de l’appartement reflète en quelque sorte la personnalité du père, Michael. Il reflète son désir de domination sur le monde. Ce vaste appartement d’architecte témoigne aussi de sa réussite professionnelle, mais l’on ressent depuis le début que cette apparente réussite cache une blessure profonde. Plus Michael s’efforce de faire bonne figure, plus ses faiblesses deviennent visibles. Dans la troisième partie, où l’on suit la mère, Dafna, les masques sont déjà tombés. Il ne sert plus à rien d’étaler sa réussite et sa richesse : pour la première fois, le prestige apparent cède la place à une simplicité, à une vraie intimité entre Michael et Dafna. C’est la raison pour laquelle cette partie se déroule principalement dans la cuisine, lieu moins « formel », plus simple, plus intime, et qu’elle est marquée par une tonalité disons plus tendre et chaleureuse."

    Entre réalisme et surréalisme

    Alors que la première et la troisième partie sont caractérisées par un style réaliste, la seconde se distingue par une esthétique onirique, proche du surréalisme : "Parce que je voulais souligner par ce style la dimension allégorique du film. Cette touche surréaliste – le checkpoint perdu en plein désert, le dromadaire qui traverse à plusieurs reprises la barrière – qui obéit à une logique de rêve ou d’une hallucination, renforce la perception des personnages et du récit comme reflétant une réalité plus vaste : celle de la société israélienne. Par ailleurs, cette partie où il ne se passe pas grand-chose sur le plan narratif et où l’attente constitue l’élément principal, je voulais qu’elle soit riche visuellement pour que les idées et les émotions surgissent de la forme même du film", précise Samuel Maoz.

    Filmer en plongée

    Des nombreuses scènes sont tournées en plongée, depuis le plafond de l’appartement, par exemple. Samuel Maoz explique : "Il aurait été facile de dire que c’est le point de vue de Dieu ou du destin ! Mais disons qu’avec ces vues plongeantes, j’ai essayé de décrire mes personnages comme des pantins, ou des pions sur un échiquier, fonctionnant parfois comme des automates et conditionnés par des forces – psychologiques, sociales, politiques – plus fortes qu’eux, qui les hantent tout au long du film et auxquelles ils sont totalement soumis. Michael semble en apparence dominer son espace, ce vaste appartement qu’il possède, mais au fur et à mesure que le film avance, on comprend qu’il ne domine rien et qu’il est complètement conditionné par un traumatisme qui détermine toute son existence et qu’il finit même par transmettre à son fils."

    Trouver le bon couple

    Lior Ashkenazi et Sarah Adler incarnent les personnages principaux de Foxtrot : "Il faut dire que ces grands acteurs ont des qualités qui servent parfaitement les contours de leurs personnages. Lior Ashkenazi est très technique, très méthodique. Sur ce plan, c’est un acteur très classique. Le jeu de Sarah Adler relève plus d’un style jazzy : il est davantage porté sur l’improvisation, il est plus intuitif, plus inattendu, plus émotionnel aussi... Par ailleurs, comme la clé du personnage de Michael est cette ambivalence entre une apparente réussite et une grande blessure, le travail avec lui consistait souvent à l’épuiser jusqu’à ce que la technique et la maîtrise cèdent la place à une fragilité, à une émotion non contrôlée. J’ai tourné ainsi sans couper, laissant la caméra filmer en continuité des scènes très longues, jusqu’à ce qu’il ait fini par oublier la présence de l’appareil. Je n’ai pas inventé cette méthode, mais je dois dire que cette fois, elle m’a été particulièrement utile", relate Samuel Maoz.

    Le thème du deuil

    Le thème du deuil est un thème fréquemment abordé dans la culture israélienne. Samuel Maoz a choisi un angle inattendu pour s'attaquer au sujet, celui du hasard qui prédomine notre vie : "Le deuil est en quelque sorte une fausse piste dans le film. On croit au début qu’il s’agit de cela, mais très rapidement on repart sur des enjeux bien différents. Je voulais en fait placer le spectateur face à une scène mythique, presque banale, de l’existence israélienne (l’annonce de la perte d’un soldat), puis le déstabiliser au moyen de l’erreur et du hasard, pour repartir ensuite vers d’autres directions, disons plus politiques. Le début du film est donc censé créer chez le spectateur une tension émotionnelle pour qu’il réagisse au questionnement politique du film d’une manière qui ne soit pas seulement intellectuelle, mais aussi émotionnelle et quasi physique", explique le cinéaste.

    Le souvenir de la Shoah

    Le souvenir de la Shoah plane tout au long du film : la mère de Michael est une rescapée des camps qui, par ailleurs, est en train de perdre la mémoire. Michael, son fils, porte en lui une culpabilité : adolescent, il a échangé une Torah héritée de son grand-père, mort à Auschwitz, contre un magazine Playboy... 

    "Israël est marqué à jamais par la Shoah, la plus grande tragédie que l’humanité ait connue au siècle passé. À plusieurs égards, Israël doit aussi son existence à la Shoah, car c’était un devoir pour les nations d’accorder un foyer à ce peuple massacré. Mais aujourd’hui, il faut le reconnaître, la Shoah est instrumentalisée en Israël à des fins idéologiques et politiques, parfois d’une manière très cynique. Elle permet d’enfermer Israël dans le statut d’éternelle victime. Ainsi, en enracinant l’idée, fausse à mes yeux, que le pays est toujours menacé par un nouveau génocide (la menace iranienne, par exemple), le gouvernement actuel justifie sa politique nationaliste, sécuritaire, répressive, au mépris de toute solution de compromis avec les Palestiniens et avec les pays arabes. Israël est donc intimement lié à son passé, à la mémoire de la Shoah, mais en en faisant un instrument idéologique, le pays devient aussi esclave de cette mémoire", analyse Samuel Maoz.

    Un film polémique ?

    Le film a soulevé une énorme polémique en Israël à cause de la critique de la ministre de la Culture, Miri Regev, qui a proclamé qu’il donnait une mauvaise image de l’armée israélienne : "Miri Regev n’a jamais vu le film, ce qui ne l’a pas empêché de l’attaquer avec des arguments absurdes en falsifiant complètement son contenu dont elle se moque complètement : la seule chose qui l’intéresse c’est de flatter son électorat de droite, quitte à véhiculer des fake news... Paradoxalement, elle a beaucoup aidé Foxtrot en assurant sa promotion dans les médias, et le film est devenu un succès commercial en Israël. Mais sur le fond, bien que le film soit une fiction, je peux évoquer des cas dont j’étais témoin durant mon service militaire où les autorités de l’armée ont couvert des dérives, parfois des crimes, commis par des soldats. La réaction de Miri Regev ne fait que confirmer le propos du film, à savoir que chaque oeuvre qui remet en question ce mythe de la menace permanente qui pèse sur Israël, est immédiatement perçue elle-même comme une menace qu’il faut absolument écarter", déplore Samuel Maoz.

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