La Rivière rouge : les secrets du tournage

La Rivière rouge se trouve être le premier western que réalisera Howard Hawks . S'en suiveront La Captive aux yeux clairs en 1952, le film culte Rio Bravo en 1959, El Dorado en 1967 et Rio Lobo en 1970 qui inscriront à jamais le réalisateur dans la légende du western américain.

En 1946, Howard Hawks décide d'acheter les droits du roman "The Chilsom Trail" de Borden Chase . Les deux hommes se connaissent bien puisqu'ils font tous deux de l'équitation ensemble. L'auteur du roman sera donc engagé par Hawks afin d'en faire une adaptation. Mais leur collaboration se passera assez mal, Chase ne supportant pas le moindre changement à son scénario. Le réalisateur engagera un débutant et le créditera de la majeure partie de cette histoire.

Après l'immense succès du Grand Sommeil, Howard Hawks décide d'acquérir son indépendance, prenant de la distance avec les studios. Afin de pouvoir jouir de l'entière propriété et bénéfices de ses oeuvres, il fondera sa propre compagnie "Monterey Productions" en s'associant avec le producteur Charles K. Feldman.

La Rivière rouge s'avérera être un tournage coûteux, lourd et tumultueux, de plus ralenti par les intempéries dues au tournage en extérieurs (Arizona et Mexique). La société de production qu'Hawks venait de créer perdra beaucoup d'argent et plus jamais le réalisateur ne renouvellera l'expérience. Il continuera, certes, à produire certains de ses films mais toujours en collaboration avec une major hollywoodienne.

Howard Hawks et son producteur Charles K. Feldman pensaient chacun à un acteur différent pour jouer le rôle de Dunson, personnage au caractère antipathique et mégalomane. Le réalisateur souhaitait Gary Cooper, mais celui-ci, n'étant pas prêt à "salir" son image de "bon Américain" déclina l'offre. Le producteur pensait plutôt à John Wayne, qu'il avait encore sous contrat. Ce dernier sera finalement choisi et interprétera un Dunson mémorable.

Le film d' Howard Hawks permet à Monty Clift de jouer dans ce qui sera son premier western, aux côtés du monstre sacré John Wayne. Jusqu'alors acteur de théâtre, il trouve ici son premier rôle au cinéma qui lui ouvrira les portes d'Hollywood.

L'équipe de cow-boys que Dunson a sous ses ordres est composée d'innombrables seconds rôles qui ont peuplé et peupleront encore le western. On retrouve notamment des acteurs fétiches de John Ford : Harry Carey père et fils, Walter Brennan, Noah Beery Jr., Paul Fix, etc.

Les rôles féminins dans les westerns de Hawks sont suffisamment rares pour être signalés. Ainsi, on retrouve l'inoubliable Joanne Dru qui interprète la belle et talentueuse Tess Millay. N'ayant que trois scènes majeures, elle impose son caractère bien trempé au film. Autre actrice de l'âge d'or d'Hollywood, Shelley Winters fait une apparition non créditée dans le rôle d'une danseuse.

Le film de Hawks ne néglige pas l'aspect documentaire de l'histoire. Ainsi, il prend son temps pour filmer le travail quotidien et exigeant de ces cow-boys, la vie épuisante, monotone et dangereuse de ces hommes qui nous semblent très proches par la chaleur humaine qui se dégage de la vision que nous en offre Hawks. En cela, La Rivière rouge est une entreprise démesurée mais à dimension humaine.