Avis sur Tel Aviv – Beyrouth

Amère déception. Michale Boganim s'englue dans le pathos et la psychologie de bazar. Son histoire est très longue à regarder. Épuisante. Les deux comédiennes ballotées par les conflits moyen-orientaux forment un beau duo mais le film s'embourbe entre un scénario archi attendu et une réalisation sans coups de force ni éclat. On se prend à rêver d'une Kathryn Bigelow ou d'un Michael Mann réalisant ce film...

Ce qui est bouleversant dans ce film c'est que Michal Boganim portes la même tendresse sur tous les personnages, avec l'idée continue que les compromissions de guerre contribuent à ruiner moralement la vie de chacun des personnages.
.A ce titre, une scène ne me quitte pas : celle de ce vieille homme qui continue à manger dans une cuisine délabrée face à un soldat surarmé, bien plus effrayé que lui ( mon oncle s'est retrouvé pendant la guerre des six jours face à un palestinien, et les deux ont réussi, avec patience, à poser leur arme et manger ensemble un repas préparé par ma grand mère...) Ces instants habités, miroir concentrés de tous les conflits, sont dans ce film épique, qui charrie des scènes portées par la géniale musique d'Avishaï Cohen, comme celle de l'échappée des deux femmes ( "Thelma et Louise au Liban ") scellée par leur tragique et irréductible rencontre. Ce qui me plait, c'est que l'infinie diversité des émotions est suggérée et entre nos mains comme cette pré-ado égarée dans un champ de bataille où le monde, sorti de ses gonds fait coexister l'extrême légèreté buissonnière d'une petite fille et la fatalité des bombes... C'est un film choral, et, la musique inouïe d'Avishaï Cohen ponctue les image amples et souples sans jamais les surcharger. et , quel émotion, de revoir Shlomi Elkabetz quand on a tant aimé sa sœur.

Se déroulant sur trois années (1984, 2000 et 2006) et en deux lieux (au Sud Liban et à Haïfa, en Israël), Tel Aviv-Beyrouth peut apparaître d'emblée quelque peu confus pour qui n'est pas au fait de la chronologie des incessantes guerres israélo-libanaises. Fort opportunément, le récit s'éclaircit au fil des minutes pour devenir limpide, jusqu'à son dénouement. Le regard sur les différents conflits au Proche-Orient est avant tout féminin, loin du front mais aussi témoignage douloureux des victimes des fameux dommages collatéraux. Sans chercher à pousser le curseur idéologique, la réalisatrice Michale Boganim (La terre outragée) ne manque pas de fustiger l'absurdité de la guerre et ses dégâts dans les familles, quel que soit leur camp. Le film se situe plutôt sur un versant mélancolique et sentimental mais avec mesure, ce qui est aussi bien une qualité (la pudeur) qu'un défaut (l'atonie). spoiler: Tel Aviv-Beyrouth a en tous cas le mérite de proposer une vision neuve, s'attachant notamment à parler pour la première fois de ces Libanais qui ont "collaboré" avec l'armée israélienne et qui furent alors considérés comme des traitres dans leur propre pays, tout en étant oubliés par la suite de l'autre côté de la frontière.
Des gens dont la cinéaste compare le sort, dans ses interviews, et toutes proportions gardées, à celui des harkis.

À voir. Malgré de rares gaucheries et surtout un petit budget, le film embrasse impeccablement une longue période difficile de conflit et des destinées pathétiques de familles israélienne et libanaise.
Beaucoup de finesse et de justesse tout le long du drame, sans aucune exagération ni naïveté.

C’est l’histoire éclatée sur trois moments (1984, 2000 et 2006) de deux femmes libanaise et israélienne qui partagent des racines françaises. La première, Tanya, a un père officier dans l’Armée du Sud Liban qui a collaboré en 1984 avec l’envahisseur israélien et qui n’a eu d’autre issue en 2000, lorsque Tsahal s’est retiré, de quitter le Liban. La seconde, Myriam, de quelques années plus âgée, est mariée à un officier du renseignement israélien qui combat au Liban et qui y a connu le père de Tanya. Elle a eu un fils qui part faire son service militaire en 2006 et qui est fait prisonnier au front.

La réalisatrice Michale Boganim a grandi en Israël avant l’installation de ses parents en France. Son précédent film était un documentaire consacré aux Mizrahim, ces Juifs orientaux, originaires du Maroc, d’Algérie, de Syrie, du Yemen, attirés en Terre promise par la promesse d’une vie meilleure, mais souvent relégués dans des cités pionnières, en lisière du désert, et cantonnés à des tâches subalternes. "Tel Aviv – Beyrouth" prend la forme de la fiction mais aurait pu tout aussi bien nourrir un documentaire, voire une série tant son sujet est riche.

Son titre est trompeur : de Tel Aviv ou de Beyrouth on ne verra pas une seule image. Mais son titre n’est pas idiot : il s’agit d’étudier la relation complexe entre deux pays voisins sinon frères, déchirés par une guerre permanente dont on ne voit pas l’issue. Il aurait pu tout aussi bien s’intituler La Frontière ; car c’est à ce point précis que tout se joue et c’est là que le destin toujours ramène Tanya et Myriam.

Le problème de ce film est sa densité et sa complexité. Le résumé que j’en ai fait, qui ne brille pas par sa lisibilité, simplifie pourtant largement une intrigue qu’il faut patiemment reconstituer à la sortie de la salle si on veut la comprendre. Il y a trop de personnages, trop de faits dans ce film surchargé où l’on saute, sans qu’on le comprenne toujours, d’un lieu à l’autre, d’une période à l’autre. Dommage….

Tel Aviv Beyrouth raconte la guerre qui frappe le Liban entre 1994 et 2006. Une famille libanaise se retrouve séparée par la frontière. Une histoire touchante mais assez monotone.

mer. 1 févr. à 04:54

Immense sensibilité
La petite histoire des humains dans la grande histoire, déracinement,
Comme les harkis , pour les libanais chrétiens qui ont vécu avec les israéliens pendant l'occupation du sud liban
moment de poesie deux personnages feminins fort , la scène de tanya dans la nuit est très belle quand elle attend avant de récupérer ses médicaments , c'est peut être la plus belle scène, très beaux plans de souffrance et d'attente.
La chute inattendue, film surprenant et pas manichéen
Un morceau d'histoire moderne beau et passionnant d' Israël et du Liban, emouvant à voir et revoir

Une réalisatrice au niveau de Robert Altman (MASH) ou de Pierre Schoendoerffer (317eme section).

Un film sur la guerre avec un angle féminin extrêmement moderne.

C'est beau,  cela remue le ventre,  la vie, la mort, la mère qui cherche son fils, désespérément...

Un sujet audacieux.. mais au combien romancé.
La réalisatrice est passée à côté du sujet traité avec une interprétation très (trop) personnelle du vécu de la guerre. Malgré une tension latente et une atmosphère lourde on ne peut se projeter d'une part ou de l'autre de la frontière tant les problèmatiques evoquées sont traitées en surface ce qui est assez génant à la lecture du film. Aussi, si la volonté de montrer les deux côtés du miroir sur le plan emotionnel est assez affirmé, cela est fait de manière très maladroite et sur un fond de manichéisme qui résume bien l'entièreté du long métrage. Je conseille a chaque spectateur de ne pas voir le film avec un autre regard que celui de la fiction.

Au travers de deux décennies de conflit entre Israël et le Liban, le destin croisé de deux familles réunies pour le meilleur et le pire, pointent l'absurdité d'une guerre injuste et meurtrière. Si la volonté est louable, le scénario reste souvent maladroit, elliptique et pas toujours clair, rendant le film parfois long. Les acteurs manquent un peu de charisme mais l'ensemble fait froid dans le dos.

Film intéressant, instructif dans la mesure où j’ignorai que des libanais collaboraient avec l’armée israélienne. Le mot « collabo » étant employé à un moment donné dans le film, je me garderai bien de porter un jugement sur ces libanais et encore moins avoir la maladresse de superposer leur histoire sur celle des Français pendant l’occupation allemande.
La situation dans cette région du monde qu’est le Sud-Liban, Israël (et la Palestine même si ce n’est pas le sujet du film) est si explosive, si fragile qu’il serait malvenu de comparer.
Comparaison n'est pas raison.
Ces populations sont suffisamment déchirées par la guerre, les guérillas, les conflits perlés, les tensions et autres mesquineries religieuses et politiques que tout semble surréaliste ; voir le film « 200 mètres » par exemple.
« Tel Aviv - Beirut », ancienne voie de chemin de fer qui reliait les deux villes, s’étire sur plus de vingt années, de 1984 à 2006.
On suit le parcours de deux personnages féminins : Tanya, la sud-libanaise et Myriam, l’israélienne. Tanya contrainte par son père collaborateur de fuir son pays pour se réfugier en Israël. C’est là qu’elle va finir par rencontrer Myriam dont le fils, après le père, combattra au Sud-Liban.
Deux destins de femmes victimes de l’ambiguïté des pouvoirs publics : spoiler: la mère de Tanya sera tuée par une roquette israélienne au Sud-Liban sous les yeux du mari de Myriam ; Myriam perdra son fils posté au Sud-Liban après avoir été prisonnier du Hezbollah
; mot qui terrorise Myriam à la grande stupeur de Tanya qui voit là un amalgame malvenu !

Michale Boganim ne paraît pas porter de jugement définitif ni sur Israël, ni sur le Sud-Liban voire même le Hezbollah !
En trois parties, elle étale juste un point de vue clinique pour traduire la complexité, voire l’absurdité des rapports humains dans cette région du monde.

Confus et compliqué pour tous ceux qui ne sont pas des spécialistes des conflits israëlo-libanais!
Tanya et Myriam ont des histoires diamétralement opposées (l'une a un père Libanais qui a collaboré avec Israël, l'autre a un mari israélien qui a connu le père de Tanya au Liban).
Les acteurs ont si peu de charisme qu'aucune sympathie ne se dégagera de ces personnages!
Un reportage aurait peut-être plus d'intérêt. Quel ennui, avec tous ces dialogues insipides non habités!

On suit avec émotion ce portrait croisé de deux femmes, victimes des absurdités et du cynisme de la guerre. Absurdité très bien incarnée par l'interprétation juste de tous les comédien(ne)s, qui arrivent à insuffler à leur personnage, cette dose de désillusion quant aux situations qu'ils vivent.

un film audacieux et fort sur un sujet rarement traité qui explore par le biais de beaux personnages les guerres entre le Liban et Israël. C'est fin, nuancé, et très humain. Pas manichéen ou idéologique simplement humain. On vit la guerre dans toutes les contradictions que ces évènements violents font surgir. Et le film dépasse son sujet, ça nous parle de toutes les guerres, de tous les exils et cela d'une façon poétique et gracieuse.

Qui dit collaboration dit raison plus ou moins alimentaire ou géo-politique, dit survie et aussi trahison, aussi convenu que logique. A l'instar de la collaboration qui arase la notion de frontière, le titre suggère deux capitales qu'on ne voit pourtant jamais, seule le frontière semble avoir son importance, une importance pourtant poreuse et friable. Par ces deux trajectoires de femmes, la réalisatrice-scénariste dénonce d'abord les dommages collatéraux des guerres, qui saignent les familles des deux côtés, libanais ou israélien, sans aborder les causes et origines du conflit. La cinéaste évite ainsi tout manichéïsme pour se focaliser sur l'intime avec une certaine pudeur, mais en même temps elle évite le pourquoi du comment ces libanais ont décidé d'opter pour Israël plutôt que leur pays ?! Cette neutralité se retrouve dans la mise en scène qui montre peu la guerre, qui reste comme en retrait des violences, qui s'attarde plutôt sur la détresse des hommes et des femmes, dans une mise en scène académique, sans souffle qui instaure malheureusement une monotonie qui empêche les émotions de réellement exister. Un film intéressant, touchant parfois, mais auquel il manque un peu de passion et d'audace sur le fond comme sur la forme.
Site : Selenie.fr