Avant-dernier film réalisé par Yves Robert, « Le bal des casse-pieds », film jouissif et très réaliste en ce qui concerne les « fâcheux » de notre époque, est rarement cité comme l’un de ses plus importants…
D’ailleurs en ces temps de "tape à l’œil médiatique" on se souvient à peine de ce grand réalisateur et comédien !
Et pourtant voilà un film qui fait chaud au cœur ! Car Y. Robert s’attache à décrire ce qu’en d’autres temps Molière fit : les casse-pieds de toute espèce, de tout style, de tout milieu… Et cette engeance infatuée d’elle-même, égoïste, harcelante, malfaisante, bourdonnante et frémissante de bêtise, de snobisme, se rattache plus au personnage de Pierre Brochant qu’à celui de François Pignon dans « Le dîner de cons » de Francis Weber, film que l’on pourrait justement comparer au « bal des casse-pieds »… Le « con » à la Weber dans son dénuement d’arrière-pensée, de calcul et de prétention, dans sa profonde gentillesse est loin des « grossiers » décrits chez Molière et chez Y. Robert !
Mais il y a aussi les aimables casse-pieds : les monsieur Vandubas, les Gérome, les Frank Salvage qui sont seulement des amis un peu collants… Y. Robert ne porte pas un regard manichéen sur son petit monde !
Le personnage principal Henri Sauveur s’amuse des travers des uns et des autres sans une once de méchanceté… Et l’interprétation en finesse, élégance et flegme de Jean Rochefort est tout simplement remarquable… Il ne sur-joue jamais, prends le spectateur à témoin et garde au coin de l’œil le reflet rigolard de la distanciation… Par chance Sauveur trouve son alter ego en Louise Sherry dont il tombe, évidemment, amoureux (Miou Miou est une actrice formidable et discrète)…
Petit film, sûrement au niveau de son budget, mais œuvre délicieuse, sans prétention et pourtant intemporelle.
Monsieur Robert faites que l'on ne devienne pas une variante nouvelle du monde si prolifique des casse-pieds!
A voir et à revoir !