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Maqroll
150 abonnés
1 123 critiques
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4,0
Publiée le 18 septembre 2009
Magnifique exemple de « qualité à la française » que la Nouvelle vague en général et Truffaut en particulier se feront un plaisir de prendre pour cible, en étant souvent d’une mauvaise foi manifeste... Dans ce film noir à l’atmosphère parfois irrespirable, Duvivier fait là, comme toujours, un travail d’artisan très honnête et il n’y a rien à redire à ses partis pris de mise en scène ou de direction d’acteurs. Gabin joue un rôle taillé sur mesure et Danièle Delorme est parfaite dans un personnage de garce comme le cinéma français les aimait tant à cette époque d’après-guerre. L’histoire est sans faille et bien racontée, très correctement filmée et jouée dans l’esprit par l’ensemble de la distribution, très homogène et de qualité. Un film intéressant qui fait réfléchir sur les noirceurs de l’âme humaine dues à la misère…
Un film pareil ne peut-être signé que par Julien Duvivier,c'est "the" film d'auteur par excellence.Le climat,le noir et blanc,la façon de jouer,les acteurs formidablement dirigés...Tout cela, c'est une époque révolue.Quelle chance nous avons aujourd'hui de pouvoir à loisir visionner et montrer aux amis de telles œuvres:la France des années 1930/1950 ou du moins une certaine France,celle des petites gens qui tentent ou rêvent d'améliorer leurs conditions de vie.Duvivier est la noirceur même,il ne croit pas en l'homme,c'est tout à fait son droit car tous ces personnages existent mais il nous les montre sous un réalisme artistique qui fait froid dans le dos. Quel talent!Heureusement qu'il existe des abbés Pierre et des sœurs Emmanuelle pour éclairer l'autre face hommaine, car dans ce film en dehors d'élans de générosité toujours plus ou moins intéressés,personne ne fait confiance à personne et chacun est prêt à croire le mal que l'on dit des autres.En plus ,il y a un personnage particulièrement sadique,magnifiquement interprété par Germaine Kerjean.Qui peut oublier comment elle se sert de son fouet pour tuer avec plaisir les poulets de son restaurant?Il faut être en forme avant de sortir un Duvivier de sa pochette sauf Don Camillo bien entendu.
Voici le temps pour Gabin d'être face à deux femmes machiavéliques. Sans vous dévoiler la seconde, la première est jouer par l'actrice Danièle Delorme, tout simplement prête à tout pour berner son monde. Gabin quand lui joue un brave restaurateur, prestance solide, il nous dessert une fois de plus tout son statut d'un grand acteur. Film français de haute qualité qui monte en brutalité ainsi qu'en fatalité.
Voilà un grand film de Julien Duvivier avec Monsieur Gabin dans le rôle d'un restaurateur intègre, honnête, ayant (peut-être un peu trop) le coeur sur la main mais loin d'être naif et crédule. Danièle Delorme incarne Catherine, une jeune femme machiavélique et sournoise, prête à tout pour se procurer de l'argent, allant même jusqu'à causer de sérieux soucis au restaurateur et au meilleur ami de celui-ci. Ce film, empreint d'une atmosphère lourde et noire, est un classique du cinéma français. Les décors du quartier des Halles de Paris, le restaurant qui sert presque de décor principal, le froid de l'hiver, la pluie, la brume, des personnages sombres et déchus (comme la mère de Catherine), l'hôtel au bord du lac, l'appartement poisseux et délabré où vit la mère de Catherine, bref tous ces détails rendent ce film immersif, envoûtant et prenant. Du vrai bon cinéma d'antan.
Vu quatre fois ce film...avec l'impression de découvrir à chaque fois. Je suis de ceux qui pense que Julien Duvivier est, au même titre, que Jean Renoir, un des grands maîtres du cinéma français, classé à tort dans les cinéastes appartenant à une certaine "Qualité française" à la Jean Delannoy... Entièrement faux !!! Il nous le prouve magistralement avec ce film... Pour moi parmi ses chefs d'oeuvres, et parmi les meilleurs films du monde (ce n'est pas pour rien que Tonie Marshall s'apprête à en faire une réadaptation avec Gérard Depardieu)... Tant le sujet est fort, ultra maîtrisé, le jeux des acteurs touchant au sublime, la mise en scène excellente (du niveau d'un Welles)... Premier point fort: la vision de Duvivier sur les humains, remplie d'amertume et de cynisme (mais avec une pointe d'espoir incarné par le personnage d'André Chatelain - joué par Gabin), rendue par l'atmosphère créé par l'écriture, la photo et les décors. Deuxième point fort: LE RÔLE DE DANIELE DELORME !!! A mille lieux de ses niaiseries qu'elle avait l'habitude d'incarnées... Pour moi une des meilleures "saloperies" de l'histoire du cinéma...Superbe de noirceur incarnée... A voir rien que pour elle... Troisième point fort: le jeu des autres acteurs, Jean Gabin (étonnement sobre en restaurateur naïf et généreux - certainement l'un de ses meilleurs contre-emploi), Lucienne Bogaërt (qui compose la mère de D. Delorme, finalement plus retorse, et machiavélique que sa fille, qu'elle utilise comme une arme...) et Germaine Kerjean (en mère de Jean Gabin, il faut juste voir la scène -saisissante- où elle fouette Danièle Delorme)... A voir pour la scène finale, sans concessions, simplement suggérée... ce qui en fait la force.... SUBLIME !!!
On est très proche du chef d'œuvre : L'ambiance des Halles, celle du restaurant sont rendues magistralement. Gabin est impérial, Delorme bluffante et superbe, les vielles sont toutes plus méchantes les unes que les autres C'est très noir mais sans manichéisme, la mère de Gabin est loin d'être épargnée dans l'affaire spoiler: (une cinglée sadique qui tue ses poulets à coup de fouet !). La progression dramatique est parfaite, mi mélodrame, mi thriller avec quelques pointes d'humour. Ajoutons-y une réalisation aux petits oignons, des cadrages et une photographie sans reproches. Il y a juste un problème : la fin : certes ça devait se terminer un peu comme ça, mais cette surenchère dans le rocambolesque n'était vraiment pas de mise.
"Voici le temps des assassins" est un film surprenant et malin, surtout au vu de son coup de théâtre qui fait basculer le personnage de Catherine, d'abord naïf et tendre, dans une dimension perverse et machiavélique. Ce changement de connotation s'inscrit dans le projet du film, qui se fait d'abord passer pour un mélodrame subtilement mis en scène où chaque regard est chargé d'une fragilité et d'un désir puissants, avant de devenir un véritable "film à scénario", ce que l'on pourrait regretter sur le coup du premier grand retournement de situation. Ainsi, il faut accepter que les promesses de mise en scène annoncées dans le premier tiers du film ne soient finalement pas la pierre angulaire de ce suspense mais que ce dernier mise principalement sur son écriture, par ailleurs excellente. Elle construit ses systèmes d'opposition et de manipulation autour de la méchanceté des femmes, qui ne laissent guère de doute sur la misogynie du film, tellement vicieuses qu'elles ne se supportent même pas entre elles (la scène du fouet) et dont l'esprit maladif semble être héréditaire, à la manière des personnages de Zola, sans que l'on comprenne précisément ce qui anime le plan de Catherine et son obstination jusqu'au-boutiste. Ce personnage est passionnant, capable de mentir avec un naturel désarmant et trompant le spectateur aussi bien que Gérard (Gérard Blain) et André (Jean Gabin), en partie grâce à la beauté aveuglante d'une Danièle Delorme aussi charmeuse que terrifiante, incarnation du diable à gueule d'ange et dont l'intelligence est si redoutable qu'on peine à deviner comment son entreprise pourra être stoppée. Julier Duvivier signe un film à la noirceur jubilatoire, politiquement incorrect et avant-gardiste dans sa représentation de l'érotisme féminin.
Film noir et non dénué d'humour pour autant, Voici le temps des assassins fustige le pouvoir des femmes comme la naïveté des hommes amoureux. Le scénario fouillé se voit souligné par une mise en scène qui accentue le cynisme ambiant, porté par Jean Gabin en homme fort et indépendant qui fond comme neige au soleil face à la beauté de Danièle Delorme, dont l'apparence frêle et fragile ne masque que mieux l'immensité de son mauvais fond. Le rôle de Gérard Blain n'est pas en reste non plus, se posant comme le pilier caché sur lequel repose toute l'intrigue. Reposant sur des méthodes et des contrastes qu'on n'a pas l'habitude de voir dans le cinéma d'aujourd'hui, Voici le temps des assassins est un film captivant car surprenant.
Un très bon film qui maintient notre attention d'un bout à l'autre. Jean Gabin est excellent en tant que brave restaurateur qui se laisse manipuler, quant à Danielle Delorme, on a envie plusieurs fois de l'étrangler car elle est vraiment ignoble.
Julien Duvivier, c’est quand même quelqu’un dans l’histoire du cinéma français. Un cinéaste à qui l’on doit certains classiques comme « Marie-Octobre » (1957), « Le Petit monde de Don Camillo » (1952) ou encore « Pépé le Moko » (1937). Autrement dit, Duvivier, c’est un calibre. Jean Gabin, pareil, c’est un calibre, un monstre sacré de notre cinoche qui lui aussi est tributaire d’une bonne palanquée de classiques cinématographiques, dont un cité juste au dessus. Rien que ça, ça m’a suffit pour m’intéresser à « Voici le temps des assassins… », et je dois bien admettre que j’attendais beaucoup de ce film. Mais au final, c’est la déception qui m’anime. Je n’ai pas été emballé plus que ça. Pourtant le style de Duvivier, caractérisé par un pessimisme continu et des personnages évoluant constamment dans une atmosphère sombre, ça me branche vachement, mais sur ce coup là non, ça ne m’a pas fait d’effet particulier. Pendant les trois quarts du film, l’histoire, enfin plus précisément le déroulement de l’histoire est tout de même vachement linéaire et convenu. Et le rythme n’est pas des plus enlevés. On s’ennuie donc pas mal. Pour que l’ensemble se décante et que la machine démarre vraiment, il faut attendre le moment durant lequel le personnage joué par Jean Gabin découvre la machination dont il est la victime. Vraiment, pour moi, en ce qui concerne le contenu de ce film noir, c’est mi-figue, mi-raisin. En ce qui concerne le jeu des acteurs, c’est la même chose. Grande surprise: Gabin n’est pas dans une grande forme, n’est donc pas aussi impérial que d’habitude et n’est pas très convaincant. C’est quand même rare. Gérard Blain est à baffer. Celle qui fait la meilleure impression, c’est Danièle Delorme. « Voici le temps des assassins… » était sans aucun doute un film puissant pour l’époque, mais le temps en décide autrement. Aucun film, même majeur n’est à l’abri.
A l'époque aussi les films pouvaient être très violent, non il n'est pas question de scènes dégoulinantes de ketchup, ici la violence est morale et détruit d'abord l'âme. Daniele Delorme toute jeune joue déjà avec talent un rôle difficile, Gabin joue honnêtement, je n'avais pas trop aimé la fin avec une réaction de son personnage qui ne cadrait pas trop avec ce qu'il était, du moins il me semble.
Excellent film en effet, à l'exception de la fin, à la fois irréaliste et manichéenne. Manichéenne car la méchante, une méchante sans nuance et finalement sans humanité, un "monstre", est enfin punie, et tout le monde semble s'en réjouir ou y être indifférent, le bon Chapelain le premier, ce qui contredit le portrait de l'homme tel qu'on l'a vu tout le long du film. Irréaliste surtout, car avec ce chien humanisé, poursuivant et réussissant la vengeance de son maître (c'est lui qui égorge la coupable !) on glisse dans le fantastique, un fantastique sans aucune cohérence avec le reste du film. Sans cette faute de goût assez grave, le film aurait pu être un chef d'oeuvre. Quel dommage !!