1976, en cette fin des cours au fin fond d’une petite ville du Texas, plusieurs jeunes fêtent le début des vacances et de l’été en picolant, fumant des joints, roulant des pelles, faisant les 400 coups et bizutant les futurs nouveaux lycéens.
Un speech simple, pas de fil directeur ni de scénario à proprement parler, pas de prouesses techniques à saluer, rien qui pourrait rendre culte ce film du surdoué Richard Linklater sur sa forme.
Mais c’est sur tous ses autres aspects que ce film est devenu une perle du genre, déjà sur sa bande son indémodable très 70’s, les riffs de Black Sabbath, Deep Purple, Nazareth, Kiss et bien d’autres, où chaque morceau trouve sa place, son sens et son contexte dans chaque scène du film, et reflète un aspect de cette génération incomprise.
Les acteurs, d’un naturel saisissant, portent avec brio cette aventure adolescente, de par leurs personnalités très différentes les unes des autres, ils permettent au spectateur de s’identifier à l’un ou plusieurs d’entre eux, tout en étant drôles et attachants. Parfois clichés, ces jeunes s’y donnent pourtant à cœur joie et ne basculent pas dans la caricature de la jeunesse américaine d’alors. Parmi ce casting correct, on a la joie de retrouver jeunes Ben Affleck, Matthew McConaughey ou encore Milla Jovovich pas encore devenus les superstars actuelles du cinéma.
Mais ce qui rend ce film aussi culte et intemporel, c’est avant tout cette aisance, cette efficacité qu’a Linklater à capturer ces moments inoubliables d’un âge révolu. Par le biais de cette histoire se déroulant sur à peine une journée, le cinéaste dépeint un portrait de cette génération, cette jeunesse de l’Amérique en pleine décennie 1970 qui rejette les normes de ses aînés, de sa culture, sa fougue, ses codes et ses valeurs, le tout avec simplicité, et ce talent n’est pas donné à tous les réalisateurs.
Avec Génération Rebelle, Linklater fait la prouesse d’immortaliser ces moments forts qui ont rythmé la jeunesse de cette époque, cette insouciance et cette liberté. Et il n’y a pas besoin d’être américain ou d’avoir vécu dans les années 1970 pour ressentir un genre de nostalgie après le visionnage de ce film, voir même un arrière goût amer en pensant que ces moments là, ces fragments uniques d’une époque de notre vie terminée, cette ère sans soucis et sans tracas, où seul compte l’instant présent, les conneries, les vacances et les filles, nous ne les retrouverons plus, à part dans nos souvenirs.
Car la jeunesse de Pink, Ron, Simone ou Kevin, c’est autant leur jeunesse que la notre, c’est le reflet d’une seule jeunesse et de toutes les jeunesses, aussi éphémère dans le temps qu’éternelle dans notre mémoire, et cela fait de ce film une bouffée d’air frais et un bon moment de cinéma.