Même si l’histoire se déroule dans le monde du cinéma (François Favart est aussi scénariste), le film est bien différent de « La nuit américaine » (1973) de François Truffaut (même si les premières images y font référence implicitement) ou « Les ensorcelés » (1952) de Vincente Minnelli. Il explore les rapports entre une actrice connue, sans problèmes d’argent (bel appartement ayant vue sur la Tour Eiffel), Elisabeth Becker (Agnès JAOUI, 40 ans), égocentrique (pléonasme) et Claire Rocher, vivant modestement (en colocation, rue Bichat dans le 10e arrondissement), à la personnalité terne, n’hésitant pas à rendre service même à ses dépens et pigiste dans un journal féminin (Karin VIARD, 38 ans).
Cette dernière, grande admiratrice de l’actrice, devient son factotum et parfois, s’immisce, involontairement, dans sa vie privée [Arnaud, ex-amant jaloux (Laurent LAFITTE), Mathias, amant jardinier, frustration de ne pas être mère à 38 ans].
L’interprétation est juste, les dialogues excellents («
Une étoile peut cacher un trou noir
»). Leur relation est plus complexe que celle du « maître à esclave » car les 2 femmes ne sont pas vraiment dépendantes l’une de l’autre :
Elisabeth Becker a déjà « usé » d’autres femmes à tout faire et Claire Rocher n’hésite pas à démissionner quand elle s’aperçoit, d’une part, qu’elle est une béni oui-oui et d’autre part, qu’Elisabeth n’est pas vraiment une amie.
Sans être aliénée et d’une grande lucidité sur elle-même,
ce départ lui permet d’être plus libre et d’avoir le temps d’écrire son 1er recueil de nouvelles [qui sera publié et dont un extrait lu dans une librairie est tiré du livre « De petits enfers variés » (1989) de Christine Jordis, livre sur les romancières anglaises contemporaines]
. C’est aussi un film (cruel mais d’une grande justesse) sur la solitude (des 2 femmes mais aussi du jardinier).