Feux Rouges : les secrets du tournage

Feux rouges est l'adaptation cinématographique du roman homonyme de Georges Simenon écrit en 1953.

Le projet d'adapter à l'écran le roman de Georges Simenon ne date pas d'aujourd'hui. En 1955, deux ans après la publication du livre, le producteur Harold Hecht acquiert les droits d'exploitation de Feux rouges avec l'idée d'en faire un film. Georges Simenon travaille à l'écriture du scénario, mais l'idée est rapidement abandonnée par les studios qui trouvent le personnage de Nancy pas assez glamour. Burt Lancaster et James Stewart étaient pressentis pour le rôle principal.

En 1976, les droits du roman passent entre les mains de Patrick Godeau, alors directeur de la programmation chez Gaumont. Jacques Audiard s'essaie à l'écriture du scénario mais en vain.

C'est à la suite d'une rencontre entre la comédienne Mylène Demongeot, veuve de Marc, fils aîné de Georges Simenon, et son agent Dominique Besnehard que fut prise la décision de confier l'adaptation du roman à Cédric Kahn, l'un des protégés de l'agent.

Le scénario a été coécrit par trois réalisateurs : Cédric Kahn, Laurence Ferreira Barbosa, la cinéaste de La Vie moderne, et Gilles Marchand, le metteur en scène de Qui a tué Bambi ?.

L'intrigue du livre se déroule aux Etats-Unis, mais pour les besoins du film l'histoire a été transposée en France. Cédric Kahn en explique les raisons : "Le décor est une route, le pays n'a aucune importance. Je voulais surtout retranscrire ma première impression de lecteur, très forte".

Cédric Kahn a lu le livre sur la suggestion de son agent, Dominique Besnehard. Plusieurs éléments du roman avaient donné envie au réalisateur de le porter à l'écran : "l'omniprésence de la route, la quête du personnage principal, le fait de suivre un homme qui semble aller droit dans le mur mais qui au fond cherche à se reconstruire, à se réconcilier avec son entourage et avec lui-même".Celui-ci a travaillé dans une relative facilité, aidé en cela par le producteur Patrick Godeau qui avait déjà pris une option sur le livre il y a plus de vingt ans.

Jean-Pierre Darroussin se souvient de sa réaction à la lecture du scénario : "Juste après l'avoir lu, dans ma voiture, je pensais à ce personnage vertigineux et en même temps, j'entendais à la radio un récit sur les soldats de la guerre de 14 - nous étions le 11 novembre. Je trouvais des similitudes avec ce personnage acculé, sujet à une grande trouille qu'il dépasse à travers l'alcool. Je voyais qu'il lui faudrait, comme un soldat dans une tranchée, devenir un autre lui-même pendantun temps. Cette idée de se surpasser me parlait. Je sentais un parallèle héroïqueentre ce personnage et quelqu'un qui est au fond d'un trou pendant une guerre."

Cédric Kahn explique la vision qu'il a de ses acteurs à travers le film : "Jean-Pierre Darroussin atteint dans le film un niveau de vérité et d'émotion rare, il fait corps avec le film. À travers lui, on ressent les émotions les plus fortes : amour, exaltation, peur, culpabilité... Carole Bouquet est étonnante, tout à la fois fidèle à son image et le contraire. Belle, forte, hitchcockienne mais aussi impulsive, fragile, avec le visage d'une femme blessée."