Pour la première fois Alain Cavalier montre son visage. Il explique :"Dans mon premier film autobiographique Ce repondeur ne prend pas de messages (1978), j'apparaissais la tête entourée de bandelettes (...). Pour mon deuxième, La Rencontre en 1996, j'étais seul en caméra subjective. On entendait ma voix, on voyait mes mains mais pas mon visage. Cette fois-ci, (...) je me découvre, je montre ma tête".
Plus de dix ans ont été nécessaires au réalisateur pour achever Le Filmeur. Les premiers plans du film ont été tournés en 1994, les derniers en 2005. Alain Cavalier confie que "Le Filmeur est une construction cinématographique faite à partir de dix ans de journal vidéo. Chaque plan accompagne le cours de ma vie".
Dans les années 60, le cinéaste tourne des films avec de grands acteurs et collectionne les succès. Lassé par les pressions de l'argent et du marché, Alain Cavalier décide d'épurer son cinéma et adopte par conséquent la caméra DV, un choix qu'on retrouve dans Le filmeur.
Les scènes les plus dérangeantes étant celles montrant le cinéaste après des opérations d'un cancer récidiviste de la peau. Il n'hésite pas à montrer en gros plan son visage défiguré par les récentes opérations. Les onze ans montrant le travail du temps effaçant les cicatrices avant que le cancer ne revienne et qu'il ne faille réopérer. Le cinéaste prenant cela avec humour, montrant son côté Jeckyll et son côté Hyde. Alain Cavalier n'utilise pas d'effet, il est l'effet. Il ne triche pas, montre les choses comme il les voit à travers l'objectif de sa caméra, même si c'est un instant volé qui ne devrait regarder que lui ou sa compagne.
En 1986, Alain Cavalier avait remporté le Prix du Jury avec Thérèse. En 1993, il était revenu au Festival de Cannes présenter Libera me en compétition. En 2005; il retrouve la croisette avec Le Filmeur présenté en sélection officielle, dans la section Un Certain Regard dans laquelle il remporté le Prix de l'Intimité.