intégralement seule, miroir spectral sans un seul son, en prise avec ses démons, la jeunesse, la mort, dans son penthouse, au grand parquet vide et spacieux comme un vaste plateau de théâtre, les meubles repoussés à la périphérie ; quand se creusent ces zones de risque : le producteur, l'auteure dans la salle redoutent le dérapage de l'actrice, et immanquablement, elle leur échappe, elle s'échappe comme une évadée de la vie encagée, invente son propre texte, se cogne, tombe, se relève, cherche à l'aveugle un chemin d'accès dans ce dédale existentiel ; embardées hors cadre absolument libres et incontrôlables où Gena Rowlands/Myrtle Gordon traverse la brèche entre rôle et réel et part en roue libre.... "don't be afraid... i love you... you're a wonderful actor, Maurice... we must never forget this is only a play...". On ne sait plus si c'est la représentation, la répétition, la vraie vie... porosité... les répliques toutes faites s'interrompent, le temps déraille hors de ses gonds, et la vérité éclot dans l'abîme entrouvert. Quant au public, il n'y voit que du feu...