Peut-être le plus grand film de Visconti! Pour bien en saisir la portée, il importe toutefois de ne pas y voir d'abord une reconstitution historique mais bien une authentique tragédie, ce qui rend au passage supportable l'usage de l'anglais en lieu et place de l'allemand qui aurait idéalement dû s'imposer. «Les damnés» (1969) s'inspire lointainement mais explicitement du «Macbeth» de Shakespeare, Friedrich (Dirk Bogarde) occupant la ...
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Un visiteur
5,0
Publiée le 23 novembre 2006
Avec Il était une fois en Amérique de Sergio Leone, Les Damnés est un des film qui a vraiment suscité ma passion cinéphilique. Il est vrai que la première fois que j'ai vu ce chef d'oeuvre au lycée, cette réalisation m'a toute de suite fasciné par la décadence du sujet et son sens esthétique, excellemment mis en scène par Visconti, un des maîtres incontestables du 7 ème art qui n'occulte jamais dans ses oeuvres une réflexion ...
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Un visiteur
4,5
Publiée le 20 décembre 2009
Visconti signe une brillante tragédie portée par un casting extraordinaire. S'il s'est toujours défendu d'avoir voulu faire un film sur le nazisme, il nous offre pourtant un témoignage ahurissant sur l'Allemagne des années 30 et la déliquescence qui attend les assoiffés de pouvoir et de domination, cela à travers le portrait d'une famille de la noblesse, propriétaire d'une grande aciérie et très tôt ralliée au parti national ...
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AMCHI
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5,0
Publiée le 27 septembre 2015
Avec des films comme Les Damnés le cinéma accède au rang d'art d'ailleurs on appelle parfois le cinéma le 7ème art et cette œuvre extraordinaire fait mériter cette appellation. Une œuvre splendide, magistrale sur la montée du nazisme, une réalisation et une interprétation parfaite. Si vous n'avez pas vu ce film alors dépêchez-vous de réparer cette lacune.
Le sujet était taillé sur mesure pour un cinéaste comme Visconti. Traiter des déchirements intimes d'une famille et des désirs refoulés a toujours été sa vocation. Ici, le cadre -la montée du nazisme- y est d'autant plus propice que le mouvement lui-même fut déchiré entre deux grandes familles (SA & SS, dont la rivalité est évoquée avec La Nuit des longs couteaux en point d'orgue). En réalité, Visconti utilise le nazisme comme une toile de fond pour développer un propos toujours aussi ambigu et complexe sur la famille et le pouvoir. Le Guépard était quasiment un huis-clos, et c'est aussi le cas des Damnés. Tout, ou presque, se déroule dans des salons calfeutrés, dans un hôtel bavarois, ou lors de repas tendus. Selon moi, Visconti parvient habilement à décrire les parallélismes entre l'anarchie au sein du mouvement nazi, et donc de l'aciérie, dans la première partie, avant son aplanissement par la violence (et le sexe, comme toujours), dans la seconde. Finalement, c'est un film qui tente d'analyser les rapports de force au sein d'une grande famille, la lutte psychologique et physique entre l'homme et la séduction du pouvoir. Il n'y a jamais d'amour ni de tendresse dans ce film. Tout est dominé par des volontés de domination et d'écrasement qui font écho au national-socialisme : c'est tout le propos du SS qui tient les ficelles. Seule l'application totale de la doctrine Hitlérienne, basée sur un sacrifice total, une dévotion sans faille, et une conviction inébranlable dans le Fuhrer, peut permettre à l'homme de se dominer, de dominer ses congénères, de s'épanouir...du moins, en théorie. Visconti, maître dans l'art de troubler le spectateur achève son film comme une tragédie œdipienne. La musique de Maurice Jarre fait corps avec le destin d'Helmut Berger. En sacrifiant l'amour sur l'autel du pouvoir, il se tue à petit feu, lentement, devenant un simple pantin du NSDAP, une victime d'un système où l'épanouissement personnel ne peut se faire qu'au détriment de toutes les valeurs judéo-chrétiennes, et finalement, de lui-même.