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    Les reines d'Hollywood épisode 7 : Meryl Streep

    Au cours de l'histoire du cinéma, de nombreuses actrices ont marqué Hollywood, chacune laissant une trace toute particulière. Retour sur huit parcours de femmes hors du commun.

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    Episode 7 - Meryl Streep nous va si bien

    En 1976, Meryl Streep passe l’une de ses toutes premières auditions, pour le rôle de Dwan dans King Kong. Pendant le casting, le producteur Dino De Laurentiis glisse à son fils Federico, qui participe également à la production du film, en italien : « Che brutta ! » (ce qui signifie « Qu’elle est laide ! ») Malheureusement pour lui, Meryl comprend parfaitement l’italien… C’est Jessica Lange qui hérite du rôle, mais la jeune femme ne s’offusque pas outre mesure. Quarante ans après, la carrière de Meryl Streep parle d’elle-même. Et ne pas correspondre aux standards de beauté d’un producteur italien – influent, mais pas très classe – ne l’a pas empêchée de briller à Hollywood. Tant s’en faut, la comédienne est même devenue la reine de l’ère moderne du cinéma hollywoodien.

    Elle naît en 1949 dans le New Jersey. Ses parents appartiennent à la classe moyenne et sont très cultivés. Son père est pharmacien et sa mère artiste. Après le lycée, elle commence des études d’art dramatique, et après avoir obtenu son Bachelor – l’équivalent du DEUG –, elle suit un Master d’arts à la prestigieuse université de Yale. Elle y pratique le théâtre et s’illustre déjà dans des pièces de Shakespeare ou Tchekhov. Après son diplôme, elle continue à se produire sur les planches, jusqu’à sa première apparition au cinéma en 1977, dans le film Julia.

    Alors qu’elle joue Mesure pour mesure de Shakespeare au théâtre, elle fait la rencontre de l’acteur John Cazale. Ils tombent amoureux et s’installent ensemble à New York. Malheureusement, on diagnostique à Cazale un cancer des os à un stade avancé. Alors qu’il est choisi par Michael Cimino pour être le partenaire de Robert De Niro et John Savage dans Voyage au bout de l’enfer, la jeune femme accepte un rôle secondaire dans le film afin de pouvoir prendre soin de lui pendant de tournage. Elle écrit elle-même ses répliques et parvient à donner à son personnage plus d’importance. Lorsque la production apprend la maladie de l’acteur, il est question de le remplacer, mais Meryl menace de quitter le tournage et il est finalement décidé que les scènes de John seront tournées en premier. Il décède peu après la fin du tournage, en mars 1978. La perte de son compagnon est d’une violence terrible pour Meryl Streep, qui se réfugie dans le travail. A la fin de l'année 1978, elle épouse le scupteur Don Gummer, auquel elle est toujours mariée. Voyage au bout de l’enfer remporte un succès considérable et la jeune femme est nommée à l’Oscar du meilleur second rôle féminin. 

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    Une récompense qu’elle obtient dès l’année suivante pour son interprétation de l’instable Joanna Kramer, en pleine procédure de divorce contre Dustin Hoffman dans Kramer contre Kramer. Une fois encore, elle écrit elle-même son texte. Elle joue également une femme divorcée, ayant refait sa vie avec une femme, dans le Manhattan de Woody Allen. Elle enchaîne rapidement les rôles marquants, de La Maîtresse du lieutenant français, où elle incarne parallèlement une actrice et son personnage, au Choix de Sophie. Dans ce drame tragique adapté du roman de William Styron, elle est Sophie, femme meurtrie et tourmentée par l’expérience des camps de concentration. Sa performance, naturaliste et déchirante, lui vaudra de remporter son premier Oscar de la meilleure actrice, en 1983.

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    Sa palette est très large, son jeu, juste, rigoureux et d’une grande intensité émotionnelle, lui permet de passer d’un registre à l’autre et rapidement, les plus grands acteurs veulent lui donner la réplique et les plus grands réalisateurs se l’arrachent. « Je suis curieuse de connaître les autres. C'est toute l'essence de mon jeu d'actrice. J'ai envie de savoir ce que cela ferait d'être vous », dit-elle. Devant la caméra de Sydney Pollack, elle campe l’écrivaine Karen Blixen dans Out of Africa, aux côtés de Robert Redford. Dans Sur la route de Madison, elle devient Francesca, femme mariée déchirée par l’amour qu’elle éprouve pour un photographe, et forme avec Clint Eastwood l’un des couples les plus bouleversants de l’histoire du cinéma. Meryl Streep est aussi une actrice qui s’investit pleinement et totalement. Pour Le Choix de Sophie, elle avait appris l’accent polonais, l’allemand, et assuré elle-même le doublage en version française. Sur le thriller La Rivière sauvage, elle exécute presque toutes les cascades après s’être entraînée au rafting. Dans La Musique de mon cœur, elle campe une professeure de violon et à cette fin, elle a appris à jouer du violon en le pratiquant de manière intensive – six heures par jour – pendant six semaines. 

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    En 1992, Robert Zemeckis la lance dans le registre comique avec La Mort vous va si bien, où elle livre une guerre sans merci à Goldie Hawn pour les beaux yeux de Bruce Willis. Après une légère baisse de régime à la fin des années 1990, on la retrouve chez Spike Jonze au début des années 2000 dans Adaptation. Elle est en 2006 l’héroïne du dernier film de Robert Altman, The Last Show. Elle y joue une chanteuse de country et interprète elle-même les chansons. Adolescente, Meryl rêvait de devenir cantatrice et elle aura l’occasion à plusieurs reprises de faire la démonstration de son talent de chanteuse à l’écran, de Mamma Mia ! (où elle chante juste) à Florence Foster Jenkins (où elle chante volontairement faux). En 2006 toujours, elle prête ses traits à l’abominable Miranda Priesly, librement inspirée de la rédactrice en chef de Vogue Anna Wintour, dans Le Diable s'habille en Prada. Et obtient dans la foulée une 14ème nomination aux Academy Awards – pour une comédie qui plus est, fait suffisamment rare pour être souligné – et devient l’actrice la plus nommée de l’histoire des Oscars (hommes et femmes confondus). 

    Alex Bailey
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    La conquête de l’Académie ne s’arrête pas là pour Meryl Streep : elle est nommée en 2009 pour la 16ème fois avec le film Julie et Julia, la 13ème pour l’Oscar de la meilleure actrice. Elle bat ainsi le record de 12 nominations détenu jusqu’alors par Katharine Hepburn. Femme de toutes les performances, elle remporte, grâce à son interprétation bluffante de Margaret Thatcher dans La Dame de fer, un troisième Oscar, faisant aussi bien qu’Ingrid Bergman et Jack Nicholson. Qui a dit qu’à Hollywood, passés 40 ans, les actrices étaient bonnes à jeter ? Meryl Streep en a 67, elle a élevé quatre enfants, totalise 19 nominations aux Oscars et on doute quand même fort qu’elle va s’arrêter là. A 67 ans, Meryl Streep a joué dans près de soixante films et Hollywood lui appartient. 

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