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    Richard Donner : quand le réalisateur de Superman voulait tourner Batman avec Mel Gibson
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Retour sur la carrière de Richard Donner à travers quelques anecdotes marquantes de sa vie, de son éviction de "Superman II" à son coup de pouce à un jeune Kevin Feige, futur patron de Marvel Studios.

    Warner Bros.

    1. Il a fait couper sa moustache à Gene Hackman

    Pour les besoins du film Superman (1978), Richard Donner souhaitait que Lex Luthor ne porte pas de moustache, comme dans les comics. Or, son interprète, Gene Hackman, souhaitait conserve la sienne. Le réalisateur fit donc le serment de se raser la sienne si Hackman acceptait de changer d'avis, et le reste appartient à l'histoire.

    De façon assez improbable, un différent problème de moustache touchera un autre film impliquant Superman.

    2. Il a été viré de Superman II…

    Superman et Superman II se sont tournés à la suite, mais Richard Donner a été débarqué alors qu'environ 75% de sa version était filmée. Son directeur photo Geoffrey Unsworth a lui aussi été écarté au profit de Richard Lester à la réalisation et Robert Paynter comme chef opérateur.

    Warner Bros.

    L'éviction de Donner serait due à sa mésentente avec les producteurs Alexander et Ilya Salkind et Pierre Spengler quant au budget et à l'extension de la durée du tournage. Une fois nommé, afin d'être légalement crédité comme seul metteur en scène sur le film, Richard Lester a dû retourner beaucoup de scènes pourtant déjà mises en boîte par Donner.

    Finalement, Richard Donner et Warner ont d'un commun accord fini par sortir une "Donner's cut" de Superman II, distribuée en vidéo en 2006, alors que Superman Returns sortait dans les salles.

    3. …mais on lui a proposé Superman IV !

    Richard Lester poursuit sur sa lancée et tourne Superman III, avec un acteur principal (Christopher Reeve) qui déteste le scénario et la façon dont Donner a été écarté. Les raisons pour lesquelles il a finalement accepté diffèrent selon qui s'exprime. Peu importe, puisque le film est un succès au box-office mais est mal reçu par la critique comme par le public.

    La firme Cannon, alors en difficulté financière, rachète les droits pour faire un Superman IV et tenter de se relancer. Reeve accepte à la condition (qui lui est accordée) de pouvoir coécrire le film. Richard Donner est alors contacté pour assurer la mise en scène mais refuse, et préfère partir sur L'Arme fatale, une comédie d'action.

    Cannon Films

    Bien lui en a pris puisque juste avant le premier coup de manivelle, la Cannon coupe le budget du film en deux et en post-production, et monte les presque deux heures de film en une version d'1h30 destinée à maximiser le nombre de séances par jour dans les salles. Superman IV s'avèrera un échec cuisant à tous points de vue.

    4. Il a engagé un scénariste croisé dans la rue

    Après avoir signé quatre longs métrages, dont les deux La Ligne du diable (1988 et 1991) ou la comédie fantastique Highway to Hell, le scénariste Brian Helgeland peine à trouver du travail. Au point qu'un jour, il s'empare d'une pancarte, inscrit "J'écrirai pour travailler, pour en vivre" et s'installe aux portes du studio Warner.

    Richard Donner passe en voiture, discute un peu avec lui, et décide de lui confier un scénario. Helgeland signe un contrat avec la Warner pour sept films, parmi lesquels Assassins (1995) et Complots (1997). Donner lui offre aussi sa première mise en scène en 1996 en lui confiant un épisode des Contes de la crypte. Helgeland passera au long métrage avec Payback (1999) porté par Mel Gibson, Chevalier ou Legend.

    Il remportera un Oscar du Meilleur scénario pour L.A. Confidential.

    5. Il faisait des clins d'oeil aux spectateurs

    Dans ses films, Richard Donner faisait souvent référence à ses précédentes réalisations. On peut ainsi voir un cinéma passer Ladyhawke dans Complots ou Génération perdue (produit par Richard Donner) dans L'Arme fatale.

    Warner Bros.

    On peut apercevoir plusieurs fois une affiche "Free South Africa" de l'artiste Keith Haring dans l'arrière-plan de Fantômes en fête avec Bill Murray, et on la revoit dans L'Arme fatale 2, sorti l'année suivante. Citons aussi un flipper "Superman" avec le visage de Christopher Reeve dans Rendez-vous chez Max’s (1980) ou une affiche de X-15 (premier film de Donner) à l'extérieur du cinéma de Radio Flyer.

    Dans le même ordre d'idée, Donner fera aussi régulièrement des caméos dans ses films.

    6. Il a donné sa chance à Kevin Feige

    Durant sa formation à l'université de Californie du Sud, le jeune Kevin Feige cherche un stage dans le milieu du cinéma et va le trouver dans la firme de production de Lauren Schuler et de son mari Richard Donner. Il devient alors l'assistant de Lauren Schuler Donner sur Volcano et Vous avez un mess@ge. Il décrira cette époque en ces termes :

    "Dick et Lauren sont devenus des mentors au début de ma carrière et des soutiens clés tout au long de la naissance du MCU. Je dois ma carrière à la façon dont ils ont pris le temps d’éduquer et d’enseigner à un enfant du New Jersey qui ne savait pas très bien utiliser un télécopieur ou préparer du café. J’ai toujours pensé que Dick était immortel. Je le sais toujours."

    Maxime Robini / Allociné

    Devenu ensuite patron de Marvel Studios et grand maître à penser du Marvel Cinematic Universe, Feige rendra hommage à Richard Donner à sa mort :

    "Richard Donner m’a non seulement fait croire qu’un homme pouvait voler, il m’a fait croire que les personnages de bandes dessinées pouvaient prendre vie sur grand écran avec cœur, humour, humanité et vraisemblance. Par dessus tout, il m’a appris que cela peut et doit être fait avec respect, bienveillance et gentillesse envers tout le monde devant et derrière la caméra."

    7. Il a réalisé des clips

    Richard Donner n'a pas mis en scène que des épisodes de séries télé dans les années 60, des téléfilms et des longs métrages devenus culte, il s'est aussi essayé aux clips musicaux. En 1985, pour accompagner la sortie des Goonies, il signe ainsi un court métrage très étrange pour Cyndi Lauper,The Goonies: The "R" is not good enough" :

    Même chose pour L'Arme fatale 3 ! Nous sommes cette fois en 1992, et le morceau It's probably me accompagne la sortie des nouvelles aventures de Riggs (Mel Gibson) et Murtaugh (Danny Glover). Il est interprété par Sting et Eric Clapton et passe de la couleur au noir et blanc. Attention, la qualité laisse à désirer :

    8. Il a failli tourner Batman, avec Mel Gibson !

    Il fut un temps où Tim Burton n'était pas pressenti pour mettre en scène la première aventure live sérieuse de Batman. Warner avait misé sur Donner, qui avait fait de Superman un succès, et le voyait donc bien s'attaquer à Batman. A cette époque, le réalisateur veut Michael J. Fox en Robin, Willem Dafoe en Joker et Joe Pesci en Pingouin. Quant à Bruce Wayne, le rôle est proposé à Mel Gibson.

    Le projet ne se fera pas avec Donner sans doute suite aux incidents sur Superman II, mais Mel Gibson restera dans le viseur du studio y compris lorsque Tim Burton était approché pour la mise en scène. En ce temps-là, Gibson était une star de la Warner après les succès de Mad Max et de L'Arme fatale.

    2017 Paramount Pictures. All Rights Reserved. / Claire Folger

    C'est justement cette lucrative franchise qui empêche finalement l'acteur de pouvoir interpréter Bruce Wayne, puisqu'au moment du tournage de Batman, il est déjà pris par celui de L'Arme fatale 2. Et c'est bien sûr Michael Keaton qui jouera le milliardaire masqué de Gotham City.

    Bonus : Il a été considéré pour Alien 3... et beaucoup d'autres films

    Richard Donner n'a évidemment pas dit oui à tout ce qu'on lui a proposé au cours de sa longue carrière. On sait par exemple qu'il a refusé Alien 3, la cavale Thelma et Louise mais aussi des films familiaux comme Junior le terrible et Matilda.

    Il aurait aussi pu travailler avec Sylvester Stallone pour Judge Dredd (1995) et sera envisagé des années plus tard pour son retour en John Rambo (2008). Enfin, plus méconnu, Donner s'est impliqué corps et âme sur Coeur de dragon (1996), sur lequel il travaillera pendant près de six mois, avant de finalement partir retrouver Mel Gibson pour Complots.

    Découvrez tous les secrets de "L'Arme fatale" :

     

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