De légères facilités dans l'écriture – Chihiro qui commente à voix haute tout ce qu'elle voit, quelques répliques explicatives –, ainsi qu'un rythme qui s'étiole un peu vers la fin. Voilà ! On a fait le tour des seules faiblesses de cette beauté Miyazakienne.
Comme toujours, Miyazaki nous livre une œuvre d'une grande profondeur. On y retrouve son thème de chevet, le traditionalisme, qu'il oppose au modernisme, mais pas seulement. La verticalité du capitalisme, via le grand bâtiment où charbonnent les boules de suie tout en bas, et où se prélasse, dans l'opulence, la patronne et son bébé tout en haut. L'insatiabilité de la société de consommation, à travers ce sans-visage dévorateur, et tentateur, avec l'or qu'il distribue. La quête identitaire, accompagnée du thème de l'oubli. La pollution étroitement liée aux thèmes évoqués plus tôt. Tout est dualité : Chihiro devient Sen ; Haku peut se transformer en dragon ; Yubaba possède une sœur jumelle ; l'esprit putride renferme une divinité ; le sans-visage, l'oiseau et le bébé se métamorphosent…
D'une richesse et d'un symbolisme rarement égalés, Le Voyage de Chihiro est un émerveillement de tous les instants. La musique nous touche. Les dessins sont aboutis. L'usage de la 3D, notamment lors du cheminement de Chihiro dans le jardin fleuri, est bluffant.
Rares sont les films capables d'imprimer des images aussi inoubliables dans notre esprit : l'architecture du Palais des bains, la verdure des plaines reculées, le train filant sur la mer, les personnages composites… Une merveille à voir et à revoir, encore et encore.