Mon compte
    Paul Verhoeven sur ARTE : soutenu par Spielberg, comment le Hollandais Violent a marqué Hollywood
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Subversif et grand public, Paul Verhoeven a toujours aimé appuyer là où ça fait mal. Il est au coeur d'un documentaire disponible sur Arte.tv, qui évoque bien entendu son expérience américaine contrastée, débutée grâce au soutien de Steven Spielberg.

    "Je pense que les trois éléments les plus importants sur Terre, ce sont le sexe, la violence et la religion. On peut, peut-être, se demander pourquoi on ne s'en inspire pas davantage". C'est par cette profession de foi mâtinée d'un zeste de provocation, toujours, que s'ouvre Paul Verhoeven, cinéaste de la provocation.

    Un excellent petit documentaire de 54 min disponible sur Arte.tv jusqu'au 5 avril 2023, qui accompagne judicieusement les soirées ciné de la chaîne consacrées à l'un des plus formidables cinéastes encore en activité, affichant ses vaillants 84 ans au compteur.

    Paul Verhoeven, cinéaste de la provocation
    Paul Verhoeven, cinéaste de la provocation
    Sortie : 29 janvier 2023 | 0h 54min
    De Elisabeth Van Zijll Langhout
    Spectateurs
    3,1
    louer ou acheter

    Dimanche dernier, la chaîne diffusait d'ailleurs son génial Starship Troopers. Un jeu de massacre en forme de gigantesque bras d'honneur de la part du hollandais violent, qui, 25 ans après sa sortie, n'a pas pris une ride, bien au contraire.

    Cinéaste incompris

    Un cinéaste aussi génial que très / trop souvent incompris. Ce qui lui a valu d'être taxé tout au long de sa carrière de savant fou, génie du mal, marchand de porno, misogyne, homophobe, vieux pervers, et même de nazi; entre autre amabilités. Sans oublier aussi, pour faire bonne mesure, des accusations de sadisme et même d'exploitation honteuse de l'image de la femme.

    Ses débuts dans sa période dite "hollandaise" sont fracassants et déjà très polémiques. Mais il attire les spectateurs en masse. Pour son formidable film de guerre Le Choix du destin, énorme succès tourné avec celui qui est devenu son alter ego, Rutger Hauer, c'est même la famille royale de Hollande qui vient assister à l'avant-première du film.

    Mais Verhoeven est dans une situation aussi étrange qu'inconfortable : ses films ont de plus en plus de succès, mais il a de plus en plus de mal à trouver les financements, notamment auprès des commissions d'aides gouvernementales à la création artistique.

    Guy Ferrandis/SBS Productions

    "Je prône passionnément la liberté d'expression. Dès que l'on parle de responsabilités, on pose la question de savoir qui doit décider de ce qui est négatif et des conséquences que cela entraîne pour ceux qui font des choses négatives. Quel comité doit en décider ?" dira le cinéaste agacé.

    La Hollande est désormais devenue un laboratoire d'essai trop exiguë. "Dans les années 80, avec l'esprit qui régnait dans les commissions de cinéma, on te traitait comme un petit enfant. J'avais l'impression de devoir me mettre à genoux après tant de succès, pour avoir de l'argent. Alors que mes films avaient fait entre 8 et 9 millions d'entrées !" raconte le cinéaste dans le documentaire.

    Un coup de fil salvateur

    Le signe du destin viendra d'outre-Atlantique. Du côté d'un certain Steven Spielberg. "Il avait vu Le Choix du destin, et il avait adoré le film. Un jour, il m'a appelé à 3h du matin, et me disait : "j'ai adoré ton film. Tu ne devrais pas rester dans ce petit pays, tu ne pourras jamais faire de grands films comme on en fait ici. Viens !

    Je suis donc allé aux Etats-Unis, on a dîné ensemble, et il m'a ouvert les portes des studios. Il s'est vraiment montré d'un vrai soutien. Cette première approche des studios est à l'origine de La Chair et le sang".

    Premier film tourné en langue anglaise et coproduction américano-néerlando-hispanique, La Chair et le sang est devenu culte, une oeuvre majeure de ce que l'on a appelé le "médiéval réaliste". Se déroulant au XVIe siècle, en 1501 très précisément, le film de Verhoeven met en scène une bande de mercenaires qui, s'estimant lésés par un seigneur, enlèvent et violent la promise de son fils, avant de semer la terreur dans son château.

    Une expérience de tournage des plus douloureuses pour Verhoeven, qui trouva là son Apocalypse Now personnel, avant d'être propulsé deux ans plus tard au sommet du box office américain avec Robocop. Une période américaine en devenir pour lui, qui ne se terminera pas très bien. Mais qui lui a permis d'écrire quelques unes des plus belles pages du cinéma US.

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    • Starship Troopers sur Arte : sur le tournage, tout le monde était nu !
    • Croisades de Paul Verhoeven : un très grand film qui ne verra jamais le jour
    Commentaires
    Back to Top