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    Eric Cantona entre Blacklist et Mentalist : on était sur le tournage de la série M6 Murder Club
    Jérémie Dunand
    Jérémie Dunand
    -Chef de rubrique télé / Journaliste
    Bercé dès l’enfance au rythme de Sous le soleil, de P.J., ou des sagas de l’été, il se passionne de plus en plus pour les séries françaises au fil du temps. Et les dévore aujourd’hui (presque) toutes, de Balthazar à Scènes de ménages, en passant par Hippocrate, Candice Renoir, Ici tout commence.

    Eric Cantona, Tiphaine Daviot et Arielle Dombasle tournent pour M6 "Murder Club", thriller dans lequel une flic et un ancien expert médiatique des tueurs en série s'allient pour coincer un serial killer. Nous les avons rencontrés sur le tournage.

    Nicolas Velter/M6

    Masques vissés sur le visage, les deux personnages incarnés par Eric Cantona et Tiphaine Daviot pourraient donner l’impression d’avoir mis les pieds dans une soirée échangiste, mais il n’en est rien. L’ambiance est toute autre. Daniel Hansen et Amélia Delcourt, les héros de Murder Club, nouvelle série destinée à M6 actuellement en tournage en Belgique, cherchent en réalité à démasquer et arrêter Shakespeare, un tueur en série redoutable qui sévit dans le Nord de la France.

    Loin des polars régionaux et des comédies policières à la HPI qui sont rois depuis quelques années à la télévision française, Murder Club, créée par Nathalie Hug et Jérôme Camut, écrite par Hélène Lombard (Les Petits meurtres d'Agatha Christie) et Ami Cohen (Missions), et produite par Nathalie Perus et Elisabeth Yturbe pour Atlantique Productions (groupe Mediawan), fait le choix d’un récit à l’américaine, qui fait évidemment penser à des films comme Le Collectionneur (avec son tueur en série qui se faisait appeler Casanova). Et s’inscrit de l’aveu même de ses productrices dans la veine de thrillers télévisuels américains tels que Mentalist, Blacklist ou Dexter.

    Car un peu comme Patrick Jane dans Mentalist, Daniel Hansen, ancien expert médiatique des serial killers qui a commis un acte irréparable et paye aujourd’hui le prix du rejet, est "lié" au tueur qu’il traque sans relâche, qui joue avec lui pour une raison que le héros de Murder Club ignore lorsque démarre la série.

    Eric Cantona, Tiphaine Daviot et Arielle Dombasle plongés au coeur d’une vente aux enchères un peu spéciale

    Lorsque l’on met les pieds à Bruxelles en ce mardi 4 juillet, les équipes de cette série en quatre épisodes de 52 minutes réalisée par Renaud Bertrand (Je te promets) tournent des scènes capitales de l’épisode 2 au sein de l’Aegidium, une ancienne salle des fêtes située sur le Parvis de Saint-Gilles, qui fut un haut lieu des années folles à Bruxelles et qui, en attendant d’être rénovée, offre des possibilités de décors incroyables à la production, dont celui d’une sorte de club select reconstitué dans l’une des immenses salles du bâtiment.

    Daniel et Amélia, la jeune flic intrépide avec qui il est obligé de collaborer, investissent une murderabilia - contraction de "memorabilia" (souvenir en latin) et de "murder" (meurtre en anglais) - c’est-à-dire une vente aux enchères d’objets ayant appartenus à des tueurs en série ou des scènes de crimes. Tout ça dans l’espoir de récolter de nouveaux indices et de se rapprocher de Shakespeare qui, Amélia en est sûre, a fait une nouvelle victime en la personne d’une adolescente portée disparue.

    À son arrivée, censée être incognito, dans cette vente aux enchères macabre , l’enquêtrice incarnée par Tiphaine Daviot (Les Randonneuses, En Famille) a la sensation d’avoir débarqué chez les fous. "C’est pas des tarés, c’est des passionnés d’art. Un art un peu spécial, certes", assure Hansen sur un ton plutôt flegmatique. Peu convaincue, Amélia Delcourt campe sur ses positions lorsqu’elle apprend qu’un des convives possède chez lui un crâne d’une des victimes de Jeffrey Dahmer.

    Nicolas Velter/M6
    Renaud Bertrand en plein travail avec ses équipes de tournage.

    Murder Club, en plus de s’inscrire dans un genre adoré des téléspectateurs, surfe également sur la tendance des true crime, avec son héroïne flic biberonnée aux faits divers par sa mère, cette référence habile à Dahmer, le succès de Netflix, et cette murderabilia qui représente à elle seule la fascination qu’exercent les meurtriers sur la société.

    "Il y a un côté assez barré, ou loufoque dans le ton, mais en réalité la plupart des choses que vous verrez dans la série sont assez documentées, ça fait un peu peur", nous explique Elisabeth Yturbe, productrice artistique de la série, en référence aux collectionneurs un peu étranges que croisent Hansen et Delcourt dans les séquences tournées ce jour-là, mais aussi à une Murder Party qui joue un rôle essentiel dans une autre partie de l'histoire.

    En effet, le plus effrayant dans tout ça est que ces murderabilia existent vraiment et n’ont pas été inventées par les scénaristes de Murder Club. "Ça existe vraiment, c’est dingue. Il y a des foires qui se font en clandestin sur le darknet notamment", poursuit Nathalie Perus, productrice et directrice générale d'Atlantique Productions. "Et les gens qui se réunissent ne sont pas que des gens très gothiques ou des marginaux. Il y a aussi des gens de la jet set qui viennent du monde entier et ont une espèce d'obsession morbide et ne savent pas comment dépenser leur argent. Un peu comme Yumi, le personnage joué par Arielle Dombasle, qui est une collectionneuse et une grande prêtresse de ces événements-là".

    Une vraie esthétique, du mystère et de l’humour, un cocktail gagnant pour M6 ?

    Arielle Dombasle, justement, tourne ce jour-là ses toutes premières séquences et se fait vite remarquer sur le plateau, dans son costume tout sauf discret. Très investie, la comédienne et chanteuse "a participé à l’élaboration de son look, qu’on a voulu ici vaporeux, un peu veuve noire, avec du tulle, un corset, et une coiffe", nous raconte Sarah Guichard, la cheffe costumière de Serial Hunter.

    Tout d’abord convaincue par la présence derrière la caméra de Renaud Bertrand, dont elle a aimé "la vision", Arielle Dombasle avoue s’être laissée embarquer dans cette aventure parce qu’elle avait la sensation que cette nouvelle série allait se démarquer de tout ce que l’on voit à l’écran à longueur d’années en termes de thrillers.

    Murder Club
    Murder Club
    Sortie : 2024 | 45 min
    Série : Murder Club

    "J’ai aimé l'idée d'un thriller qui a une vraie ambition esthétique, une aura, un mystère. Ce sont des choses que j'aime bien en tant que spectatrice", nous avoue-t-elle sur le plateau. "Je trouve que tous les polars qui sont tournés se ressemblent, il y a souvent un réalisme pesant, et là ce n'est pas le cas, on est dans quelque chose de différent. Comme aujourd’hui, avec cette mise en scène et ce commentaire autour des addictions, des collectionneurs, et les parallèles qu’on peut tisser entre ces collectionneurs très particuliers, amateurs d’objets ayant appartenus à des scènes de crimes, et l’art contemporain par exemple".

    L’échange auquel nous assistons ce mardi 4 juillet entre Hansen, Amélia et Yumi, qui se trouve être une vieille connaissance du personnage campé par Eric Cantona, donne le ton de la série, entre humour et enquête sérieuse, lorgnant du côté du glauque et du macabre.

    "Les scènes d'aujourd'hui sont assez symptomatiques de toute la série", nous explique Renaud Bertrand, qui présente Murder Club comme une "introspection autour d’un serial killer, mais sous un angle qui n’avait pas forcément été bien traité ailleurs auparavant".

    "Il y a quelque chose d'un peu baroque dans la série, et en même temps il faut qu'on y croit, et il y a de l'humour. Il faut trouver un équilibre entre tout ça", poursuit le réalisateur. "On ne veut pas partir dans quelque chose de trop délirant, auquel on ne croira pas. On ne veut pas faire quelque chose de timide non plus, car ce serait dommage. Et il faut que ce soit drôle, mystérieux, inquiétant, gênant, un peu malsain. Le personnage d'Arielle est un peu le reflet de tout ça, elle apporte de l'humour, du mystère et de la transgression".

    Au fil de la journée, l’alchimie entre Eric Cantona et Tiphaine Daviot, les deux stars de la série, est palpable. On a déjà la sensation d’un duo qui devrait faire des étincelles à l’écran. "J’avais très envie de jouer avec Eric", nous confie Tiphaine Daviot entre deux séquences. "Les deux personnages sont un peu chien et chat, c'est très drôle, très L'Arme fatale dans le duo. Au départ ils ne s'aiment pas, ils s'envoient des piques tout le temps. En fait, la série est très premier degré dans l'enquête, mais on s'autorise un vrai ton décalé, drôle, donc je me dis que le cocktail peut être sympa".

    Nicolas Velter/M6
    Eric Cantona, et son look à la Big Lebowski, face à Charlie Dupont dans Serial Hunter.

    Eric Cantona, qui devient un habitué des séries M6 après Brigade anonyme tournée en début d’année mais encore inédite à l’antenne, se dit ravi de sa collaboration avec la chaîne et ne tarit pas d’éloges sur sa partenaire de jeu : "Tiphaine est super, elle a un vrai timing comique, elle est pleine de vie, on forme un duo qui fonctionne très bien. Amélia provoque sans cesse Hansen, cette rivalité entre les deux est l’un des éléments centraux du scénario, cela crée une vraie tension, c’est hyper intéressant".

    Un duo mal assorti en somme, comme la télévision en offre beaucoup dans les séries policières, mais qui évolue cette fois-ci dans un univers différent, plein de références anglo-saxonnes. "On est parti sur quelque chose de très esthétique, de très léché, très qualitatif, je pense que ce sera payant", poursuit celui qui multiplie les rôles dans des séries depuis Le Voyageur et Dérapages.

    Comme le laissent présager les premières photos de tournage visibles ci-dessus, les fans d’Eric Cantona auront cependant un peu de mal à le reconnaître car le comédien arbore un look un peu bohème et négligé, reflet du mode de vie à la dérive de Daniel Hansen, qui, depuis qu’il a commis une faute importante, vit dans une caravane, dans le jardin de son ancienne assistante.

    "Au début, physiquement, j'avais envoyé une photo de Jim Morrison à la fin de sa vie. Et la production a ensuite eu l'idée d'aller vers un look à la The Big Lebowski ou David Duchovny dans Californication", raconte le comédien. "C'est un peu un mélange de tout ça. Je trouve ça important de changer de look, de tête, à chaque projet, ça me plaît bien".

    Pour découvrir le look de Daniel Hansen à l’écran, ainsi que cette histoire de traque d’un tueur en série redoutable avec également Vinnie Dargaud, Catherine Hosmalin et Charlie Dupont au casting, rendez-vous courant 2024 sur M6. Avec, à la clé, en cas de succès, la possibilité d’une saison 2 qui trotte déjà dans la tête des productrices et des auteurs.

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