Quand on évoque le nom de Stanley Kubrick, certains films nous viennent immédiatement à l'esprit comme Orange mécanique, 2001, l'odyssée de l'espace, Barry Lyndon, Shining ou Full Metal Jacket. Pourtant le cinéaste américain a quelques autres pépites à son actif avant son âge d'or.
Par exemple, on cite moins souvent Fear and Desire, sa première oeuvre fascinante, qu'il a pourtant longtemps renié. Il a ensuite signé Le Baiser du tueur en 1955 avant de réaliser un film de braquage injustement oublié, L'Ultime Razzia !

Un film de braquage avant-gardiste
Sorti en salles le 3 janvier 1957 en France, ce long-métrage "marque la première véritable incursion de Kubrick dans le cinéma hollywoodien majeur", comme le souligne Collider. Le récit nous présente un certain Johnny Clay, campé par Sterling Hayden. À l’issue d’un séjour de cinq ans derrière les barreaux, il met la touche finale au plan de braquage d’un hippodrome. Butin estimé : 2 millions de dollars.
Largement de quoi modifier radicalement le cours de la vie de plusieurs personnes. Autour de lui, Clay rassemble non seulement des hommes qui connaissent bien les lieux pour y travailler, mais aussi un policier endetté, un tireur d’élite et un ancien catcheur apte à déclencher une bagarre au moment opportun.
S’il ne laisse rien au hasard et semble avoir tout prévu dans les moindres détails, le braqueur oublie toutefois qu’un grain de sable suffit parfois à gripper les mécaniques les mieux huilées. D'une efficacité redoutable, L'Ultime razzia a été une influence majeure pour de nombreux réalisateurs de films de ce genre, inspirant notamment Quentin Tarantino pour sa première oeuvre, Reservoir Dogs.
"Bien que sorti il y a près de 70 ans, à une époque totalement différente du Hollywood moderne, L'Ultime razzia possède une sensibilité moderne. On comprend aisément l'influence du 3ème film de Kubrick sur le genre auquel il appartient, ainsi que sur les oeuvres et les réalisateurs qui allaient s'y inscrire. Sa structure non linéaire, ses perspectives changeantes et son utilisation de flashbacks ont eu un impact considérable sur la carrière de l'un des maîtres modernes de cette forme d'art, Quentin Tarantino", explique Collider.
Stanley Kubrick s'est essayé à tous les genres durant sa carrière, apportant toujours une vision spécifique, n'hésitant pas à faire valser les conventions. C'était le cas pour la science-fiction dans 2001, mais aussi pour l'horreur avec Shining, ou bien le film de guerre avec Full Metal Jacket. En réalisant un film de braquage doté d'une structure complexe, jouant avec les temporalités et les points de vue, Kubrick déjouait les attentes des spectateurs et dépoussiérait un genre usé jusqu'à la corde par Hollywood.
"Bien que déjà présente dans le roman de Lionel White, la structure non linéaire de L'ultime razzia et l'utilisation astucieuse de flashbacks se sont révélées un procédé cinématographique efficace et puissant. À l'époque de sa sortie, peu de films avaient exploité la chronologie avec autant de maîtrise que le film de Kubrick. Pourtant, dans les décennies qui ont suivi, de nombreux cinéastes ont tenté de reproduire les tactiques employées par le metteur en scène", analyse Collider.
Influence majeure pour Tarantino
Ocean's Eleven de Steven Soderbergh ou encore The Town de Ben Affleck, plusieurs oeuvres modernes revendiquent l'influence kubrickienne de L'Ultime razzia. Cependant, Reservoir Dogs est sûrement le long-métrage ayant une parenté évidente avec le film de 1957. Tarantino ne l'a d'ailleurs jamais caché.

Dans un article du Seattle Times de 1992 consacré au natif de Knoxville, celui que l'on surnomme QT évoquait cette influence. "Je n'ai pas cherché à copier L'Ultime razzia, mais j'ai considéré Reservoir Dogs comme mon Ultime razzia à moi, ma version de ce genre de film de casse" a déclaré Tarantino.
L'Ultime razzia est mon film de braquage préféré, et il m'a clairement influencé.
Lors de la première à Cannes de son premier long-métrage, le réalisateur a ajouté : "L'Ultime razzia est mon film de braquage préféré, et il m'a clairement influencé". "Ces aveux du réalisateur de Once Upon a Time in Hollywood pourraient bien faire de L'Ultime razzia l'un des films policiers les plus influents de tous les temps", souligne Collider.