Décrit par son ami Gilles Grangier comme "souvent de mauvaise foi" mais également comme "la droiture même", Jean Gabin tenait ses promesses, et le respect de l'une d'elle a bouleversé sa carrière.
Une promesse, c'est une promesse

En 1953, Gabin travaille pour la première fois avec le réalisateur Gilles Grangier. Ce dernier travaille depuis les années 30 comme assistant à la mise en scène et il signe ses propres films depuis 1943.
Ils choisissent de tourner ensemble La Vierge du Rhin, l'histoire d'un homme disparu depuis 1940 qui revient dans sa ville sous un nom d'emprunt, et découvre que sa femme s'est remariée. Peu de temps après, le nouveau mari est retrouvé mort et le nouvel arrivant est vu comme le coupable idéal...
A sa sortie, ce drame sur un faux coupable est mal reçu, bien qu'il soit un succès (1,79 millions d'entrées tout de même. Grangier décrira La Vierge du Rhin comme un film "pas extraordinaire", comme il le confiera à France Culture en 1978. L'avant-première se passe mal, et Jean Gabin lui promet alors : "T'en fais pas, j't'en f'rai un autre".
Ayant apprécié ce tournage majoritairement en extérieurs avec Grangier, Gabin tient sa promesse et tourne à nouveau avec le metteur en scène un long métrage intitulé Gas-oil, en 1955. Il ignore alors que ce film va changer sa vie.
Une rencontre capitale

C'est en effet sur ce tournage que Grangier fait rencontrer à Gabin un homme qui va bien vite devenir son ami : Michel Audiard. Ce dernier dialoguera à merveille les films de Gabin, contribuant pour bonne part à la renaissance de l'acteur à l'écran. Porté par le triomphe de Touchez pas au grisbi (1954), l'interprète de Pépé le Moko retrouvera avec le vocabulaire et le phrasé d'Audiard les faveurs du public.
Gabin et Grangier tourneront encore ensemble 10 longs métrages de 1956 à 1969, dont sept dialogués par Audiard. Ce dernier écrira au total 20 fois pour Gabin entre Gas-oil et Le Drapeau noir flotte sur la marmite, également réalisé par Audiard en 1971.
