Mon compte
    Tim Burton présente sa chocolaterie

    De passage à Paris pour présenter "Charlie et la chocolaterie", le réalisateur Tim Burton s'est prêté avec plaisir au rituel de la conférence de presse. Extraits.

    C'est dans une ambiance chaleureuse et dans le salon d'un prestigieux hôtel parisien que Tim Burton, le réalisateur de Charlie et la chocolaterie, en salles ce 13 juillet, a répondu aux questions des journalistes. Avec deux films sortant la même année (le deuxième étant Les Noces funèbres), c'est un homme épuisé mais souriant qui s'est présenté devant l'assistance, accompagné de son producteur Richard Zanuck et de l'inattendu Freddie Highmore, dont le beau Français a beaucoup impressionné. AlloCiné était également présent. Morceaux choisis.

    Un film pour enfants ?

    Tim Burton : Je n'ai jamais pensé que c'était un film pour enfants, je ne crois pas être assez émotionellement développé pour ça ! C'est pourquoi j'aime beaucoup Roald Dahl, il peut être lu à tout âge... je n'ai donc jamais voulu viser qui que ce soit.

    Sur la proximité avec l'écrivain Roald Dahl et l'utilisation de son script

    T. B. : Nous avons la même sensibilité, et cela même si nous ne nous sommes jamais rencontrés. C'était assez incroyable quand nous construisions la maison des Bucket (ndlr : la famille de Charlie) : nous sommes allés dans la maison où il écrivait, il y avait de vieilles malles, de vieux schémas, sûrement pour illustrer son scénario... Nous avions une façon commune de travailler.De plus, j'ai choisi d'adapter ce livre car c'est le premier que j'ai lu de son oeuvre, l'impact de la première impression est toujours forte. J'ai lu les livres du Dr. Seuss mais pour moi, Roald Dahl était le meilleur. Concernant le script de 1971, je ne l'ai pas utilisé, ni les autres scripts qui ont circulé depuis quelques années d'ailleurs.

    Nous voulions nous imprégner de l'esprit du livre et en faire un film le plus proche possible, d'où le titre Charlie et la chocolaterie. J'ai entendu dire qu'il n'était pas très satisfait du film (de 1971), c'est ce qui arrive pour plein de films, un scénariste peut écrire quelque chose qui sera très différent à l'écran et c'était le cas pour lui apparement. Mais sinon, c'est un grand écrivain, il a écrit un James Bond (On ne vit que deux fois) et je ne sais pas vraiment ce qu'il en est advenu à l'écran... je crois que c'est ce qui frustre le plus les scénaristes.

    Le personnage de Willie Wonka et la quatrième collaboration avec Johnny Depp

    T. B. : Il y a un peu d'Ed Wood et d'Edward aux mains d'argent dans ce personnage mais le propre de Johnny Depp est de façonner sans cesse ses personnages, de se transformer, c'est pourquoi il est si brillant ! Je ne sais pas d'où vient cette idée que Johnny s'est inspiré de Marilyn Manson, c'est comme toutes ces choses sur internet qui viennent de je ne sais où, d'une fenêtre du fin fond de l'Idaho... plein de choses étranges ! Nous n'avons jamais pris une seule inspiration, il n'en garde pas qu'une et moi non plus, il ne dit pas : "Je vais faire cette scène comme ci ou comme ça." On essaie de trouver le juste milieu. Quant à lui et moi, nous nous sommes mariés! (rires) Nous sommes devenus amis et cette amitié s'enrichit au fur et à mesure, il adore se transformer... c'est très amusant de travailler avec quelqu'un comme ça. On essaie de garder cette relation toujours fraîche et énergisante au fil des années.

    Travailler avec des acteurs confirmés

    T. B. : Pour le casting du Oumpa Loumpa, le côté humain était très important d'où la difficulté. J'avais déja travaillé avec Deep Roy plusieurs fois et juste en le regardant jouer avec ses costumes, ses tenues d'elfes ou de nains, c'était finalement indiscutable. Suivant les angles pris par la caméra, on était capable de le filmer avec les acteurs sans ajouter d'effets spéciaux après... Il a travaillé très dur tous les jours. Il serait riche s'il avait été payé pour chacun des rôles! Par ailleurs, j'ai la chance de travailler avec des légendes comme Christopher Lee, que je regardais déjà petit... Ca vous fait continuer à travailler car à son âge, il est toujours en train de créer, c'est étonnant! Je me suis toujours trouvé chanceux d'avoir travaillé avec tous ces grands acteurs.

    Le choix délicat des bambins

    T. B. : C'est bien plus difficile que de choisir les adultes mais nous avons été tellement chanceux avec Freddie Highmore. Les rôles paraîssant les plus simples sont en fait les plus difficiles à jouer et il a ça en lui donc... Pareil avec les autres enfants. Même s'ils n'avaient rien d'horrible à première vue, ils avaient un élément à exploiter. Vraiment, c'était très difficile, 90% de mon travail. Pour Freddie, je n'avais pas vu le film Neverland, il est juste venu pour le casting et j'ai ressenti la fraicheur qui émanait de ce garçon. Dès qu'il est entré dans la pièce, j'ai su qu'il était le bon et peut être que l'avoir vu dans un film aurait changé ma vision, mon émotion.

    La liberté laissée au réalisateur

    Richard Zanuck : Je ne dis jamais stop ! Le studio dit stop de différentes manières, pas moi. Mon travail est d'isoler Tim de tout ça le plus possible, pour qu'il pense au film. Le problème avec les grosses productions est le suivant : les studios pensent que le réalisateur entre en scène et tout s'enchaîne. Ils ne se rendent pas compte qu'il faut commencer avec une page blanche, remplie par le scénariste mais que ça reste une feuille de papier ! Le film est dans la tête de cet homme! (montrant Tim Burton) Il doit avoir le temps d'y penser et de faire sa part de travail. Dans la mesure du possible, et je n'y arrive pas à chaque fois car les producteurs veulent demander des comptes au réalisateur, je gère le côté business, le studio, la date de sortie (initialement prévue en décembre). En plus Tim est un ami, il me stimule à cette étape de ma carrière.

    T. B. : : L'avantage, en plus, c'est que les décors étaient mangeables donc on prenait soin des enfants sur place !

    La difficulté de donner envie de chocolat par les décors

    T. B. : Ce que j'aime beaucoup à propos du livre était la qualité textuelle et le fait que les personnages donnaient envie d'en manger. C'est pourquoi le casting a été fondamental. Pour Charlie, c'est l'authenticité du personnage qui donne le goût, il devait paraître mal nourri et ne devait pas seulement être bon acteur. Les grands-parents devaient être vraiment vieux. Pour construire le plateau, nous avons passé des mois à choisir la bonne consistance pour que la cascade ressemble à du chocolat et non à de l'eau marron ! Pareil pour tout le reste, c'était usant car ça sentait fort! Par ailleurs, la beauté du visuel stimule la narration, spécialement avec des enfants pour qui c'était souvent le premier film. Vous n'obtenez rien en les laissant dans une pièce bleue pendant six mois. En plus, c'était la première fois que je travaillais avec des décors mangeables donc quand on entrait sur le plateau, cela rendait la fantaisie beaucoup plus réelle et sympa pour les visiteurs aussi !

    La possibilité d'utiliser les sons et les images de "2001 : l'odyssée de l'espace", également produit par la Warner

    T. B. : Au début, nous n'avons pas eu l'intention de construire la salle de TV à l'image de ce film, mais au fur et à mesure de la construction, on a commencé à voir les ressemblances. Parce que nous construisions la salle à 360 degrés, on a commencé à y penser et c'est vrai que ça ressemblait au vaisseau de 2001 : l'odyssée de l'espace... je pense que la Warner n'en sera pas trop fâchée !

    Les personnages excentriques sont des gens normaux !

    T. B. : Si vous aviez grandi à Burbank, vous comprendriez ! On est toujours plus intéressé de savoir pourquoi et comment un personnage excentrique est devenu ainsi. Pareil pour les parents castrateurs de Willie Wonka, c'est intéressant à étudier même si je n'ai pas été réprimé par les miens ! C'était plus une censure sociale et culturelle venant du lieu où j'ai grandi, ce n'était pas si sévère...

    Une fringale de chocolat...

    T. B. : J'aime le chocolat noir pas trop doux ni trop amer, c'est ce qui me définit!

    R. Z. : Je pensais que tu allais parler des Mars ! (rires)

    T. B. : Non, même si je suis allé sur Mars! (rires)

    R. Z. : J'aime moi-même le chocolat mais plus sous forme de soufflés que de barres.

    Sur la chute d'un objectif de caméra dans le chocolat

    T. B. : C'est la caméra entière qui est tombée, le premier ou le deuxième jour de tournage, dans la rivière de chocolat...

    Des projets ?

    T. B. : Je me sens comme un zombie! L'animation pour Les Noces funèbres a été un processus plus lent et laborieux, sans prise de vue réelle. Après, vous n'entendrez pas parler de moi pendant un certain temps ! (sourire)

    Propos recueillis par Anaïs Clanet le 5 juillet 2005

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top