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    Frantz : interview-portrait de la révélation Paula Beer
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Après Ludivine Sagnier, Marine Vacth ou Romola Garai, découvrez la nouvelle révélation de François Ozon : Paula Beer, à l'affiche de "Frantz" aux côtés de Pierre Niney.

    Mars Films

    Malgré le noir et blanc, elle brille de mille feux dans Frantz. Après un faux-départ dans Diplomatie, dont sa participation a été coupée au montage, l'actrice allemande se révèle vraiment dans le nouveau film de François Ozon, qui confirme son statut d'habitué de l'exercice, après nous avoir présenté Ludivine Sagnier ou Marine Vacth. Faites donc connaissance avec une comédienne qui pourrait très vite compter.

    Son actualité : Frantz

    La directrice de casting allemande m'a invitée à passer celui du film, et c'était un peu excitant car je n'ai eu qu'une journée pour préparer deux scènes en français. Dès que je suis arrivée dans la pièce, ça s'est bien passé, car François et moi avons très vite trouvé une façon de communiquer. Après ces essais, il m'a invité à Paris pour en faire d'autres avec Pierre Niney, et c'est quelques jours après que j'ai su que j'allais jouer Anna. Tout a donc été très rapide.

    Que connaissiez-vous du cinéma de François Ozon ?

    J'avais vu quelques-uns de ses films car nous connaissons très bien son travail en Allemagne. Mais je n'ai pas pensé aux actrices qu'il a révélées en préparant celui-ci, car je ne voulais pas que cela me bloque. Je me suis juste focalisée sur la joie de travailler avec lui, mais j'ai aussi fait une grosse préparation dans ma tête car je n'avais que six semaines pour travailler un rôle en partie en français, un personnage très émotionnel. Toute ma concentration est donc passée dans la préparation.

    Connecter mes émotions allemandes à la langue française

    Qu'est-ce qui a été le plus difficile : le côté émotionnel ou jouer en français ?

    L'aspect émotionnel ça va, car j'avais déjà fait plusieurs tournages et c'est mon boulot, donc ça n'est pas un problème. Jouer dans une autre langue, c'est très différent  : j'ai une expérience particulière avec l'allemand, que je parle dès que je le peux. C'est pendant la deuxième partie du casting que j'ai compris à quel point c'était différent de jouer une scène émotionnelle en français, donc il m'a fallu travailler pour connecter mes émotions allemandes à la langue française.

    Pierre Niney vous a-t-il aidé à travailler en français ?

    Oui, notre échange était très bien car je l'ai aidé avec l'allemand et lui a fait de même avec moi et le français. Pendant le tournage, j'ai pu compter sur lui si j'avais une question ou un problème, et c'est un partenaire très intéressant qui te cherche pour travailler avec toi, donc c'est très facile de jouer avec Pierre.

    L'envie de devenir actrice

    C'était quand j'avais huit ans : j'étais dans une école montessori, plus alternative [qui repose sur l'éducation sensorielle et kinésthésique de l'enfant, ndlr]. J'ai eu un super prof de théâtre avec qui nous avons préparé une pièce pour un petit festival. C'était la première fois que je jouais et dansais sur scène, et c'était magnifique.

    Et à l'âge de douze ans, à Berlin, j'ai continué dans le Friedrichstadt-Palast, un grand théâtre de revues dont j'ai fait partie pendant quatre ans. C'est là que j'ai eu le sentiment que jouer sur scène était peut-être fait pour moi. Et à quatorze ans, la directrice de casting de mon premier film est venue par hasard dans mon école et m'a invitée, et c'est ainsi que tout s'est développé.

    Premier film : Poll

    Grâce à Chris Kraus, j'ai vraiment compris ce que c'était que de jouer et faire des films. C'est lui qui m'a montré ce que l'on pouvait faire avec un film ou un personnage, et ce que cela veut dire de vraiment jouer. Ça m'a aussi beaucoup formée parce que j'avais quatorze ans, et j'ai un peu mieux compris à quel point cela pouvait être ma voie. Je pense que ça m'a donné beaucoup de force même si c'était très bizarre de me voir à l'écran car pendant le tournage, je voyais les caméras ou les tables avec la nourriture, et tout avait disparu sur l'écran pour laisser place à une histoire. C'était bizarre mais très cool et intéressant en même temps.

    Le tournant de votre carrière

    Il y a d'abord mon premier film, car c'est là que j'ai compris que c'était ce que je voulais faire. Puis il y a eu The Dark Valley, mon troisième ou quatrième film, car j'avais fini l'école et c'était la première fois que je pouvais me consacrer intégralement au film, sans avoir à faire de devoirs à côté. Et il y a Frantz, car c'est une expérience très différente de mes tournages en Allemagne : les gens connaissent le travail de François et c'est une autre manière de travailler.

    Le faux départ Diplomatie

    En théorie, Frantz est le deuxième film français dans lequel joue Paula Beer, qui avait eu un petit rôle dans Diplomatie. Mais ce dernier a été coupé au montage.

    Ce film a été très important pour moi sur le plan privé, car c'était la première fois que je tournais dans un autre pays et une autre langue, et j'ai ensuite décidé de rester à Paris pour perfectionner mon français, ce qui m'a permis d'être prête pour le tournage avec François. Et c'est même grâce à ça que j'ai eu le rôle d'Anna je pense.

    C'est effectivement bizarre de découvrir que tes scènes ont été coupées, mais ça n'est pas une critique personnelle, car c'était une décision de la production que de changer l'histoire et le film, et un autre long métrage, entièrement dans le passé, est né. Moi j'étais la seule personne dans le présent, et ça ne marchait peut-être pas. Mais c'est bizarre de savoir qu'on a travaillé avec une équipe, puis de voir les affiches et de savoir que le film sort, mais que tu n'es plus dedans. Ça arrive.

    Le meilleur conseil reçu

    Je pense que c'était une phrase de Chris Kraus, qui me disait : "Pense Paula. Il faut que tu penses quand tu joues." Ça m'a beaucoup servi.

    Envie de réaliser ?

    Ça m'intéresse de raconter des histoires, mais pas forcément en tant que réalisatrice. En tant qu'actrice, je vois tout ce qu'un réalisateur doit faire, et j'ai beaucoup de respect pour son travail. Ecrire un film ça m'intéresserait, et j'ai déjà des idées de ce que je veux raconter et des films que je veux voir. Mais je dois encore trouver mon truc, ce que je veux vraiment raconter.

    Dernier coup de cœur au cinéma

    C'était Toni Erdmann, que j'ai vu à Cannes. C'est magnifique et les acteurs sont très bons, mais pour un film allemand c'est très spécial.

    Et après ?

    J'ai tourné dans le nouveau film de Florian Henckel von Donnersmarck, qui avait fait La Vie des autres. Je ne dois pas trop en parler mais ça raconte comment on peut se libérer grâce aux arts. Et j'ai joué dans une mini-série sur des gens qui travaillent dans des banques, sur ce qui se passe en interne, avec les conflits et débats.

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