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    Cannes 2019 : on a vu Les Misérables, Le Daim, The Dead Don't Die...

    Tous les jours, la Rédac' d'AlloCiné vous résume les films vus dans le cadre du 72e Festival de Cannes. Aujourd'hui, pleins feux sur "Les Misérables", "Le Daim", "Bacurau" et les zombies du film d'ouverture "The Dead Don't Die".

    SRAB Films - Rectangle Productions - Lyly films

    Les Misérables - réalisé par Ladj Ly

    Compétition

    "Précédé d’une réputation l’annonçant comme l'héritier de La Haine, Les Misérables se révèle plus apaisé et moins sulfureux que le film de Kassovitz. S’il n’est pas la claque espérée, le film de Ladj Ly impressionne néanmoins par sa maîtrise, de la mise en scène immersive à la direction d'acteurs en passant par l'écriture. Malgré son sujet brûlant (les violences policières au sein d'un quartier du 93), Les Misérables se distingue par un refus du manichéisme et parvient à éviter l'écueil de l'effet-choc facile. Le film cultive l'ambiguïté tout du long jusqu'à un final suffocant." Emilie Schneider (@emilie_sch)

    "Un film 'ni pro-caillera, ni pro-keuf'. Un film juste en somme. C'est la proposition de Ladj Ly - ex Kourtrajmé-pour son premier long métrage de fiction. Une chronique qui nous plonge, par une chaude journée d'été, au coeur de la cité des Bosquets à Montfermeil, où le cinéaste a grandi, vécu ce qui fait le quotidien des habitants et appris à le filmer. Il restitue cet univers singulier, ce monde à part à quelques minutes de Paris, sans manichéisme, sans cliché, sans leçon de morale, en croisant bacqueux, microbes, frères musulmans et gitans dans une ronde complexe autour d'un fait divers presque amusant (le vol d'un lionceau dans un cirque voisin) mais aux conséquences dramatiques et violentes, alors que les mauvaises décisions s'enchaînent et que la tension prend le pas sur les petits arrangements du quotidien. Les Misérables n'est peut-être pas le choc attendu, mais c'est un film réaliste, humaniste, pertinent. Un film juste, donc. Dont le plan final nous hantera longtemps." Yoann Sardet (@SardetY)

    Bacurau - réalisé par Juliano Dornelles et Kleber Mendonça Filho

    Compétition

    "Bacurau fait partie de ces films sur lesquels il faut un peu de recul : brûlot politique en forme de western moderne aux accents gores, il convoque aussi bien l’Histoire du Brésil que sa relation avec les États-Unis. Le tout au sein d’un long métrage qui se déroule 'dans quelques années' et où l’on croise des mercenaires américains dans le rôle des cow-boys, une figure mythique, une ville imaginaire. Et un drone en forme d’OVNI. Une appellation qui pourrait convenir pour désigner le nouvel opus de Kleber Mendonça Filho, de retour sur la Croisette trois ans après la présentation d’Aquarius. Co-réalisé par son chef décorateur Julian Dornelles, Bacurau impressionne par sa mise en scène mais le fond laisse parfois perplexe, même s’il laisse transparaître deux cinéastes inquiets par le futur de leur pays. En attendant de savoir si l’avenir leur donnera raison, il nous offrent une vraie proposition de cinéma. Déroutante, certes, mais inventive. Assez pour figurer au palmarès ?" Maximilien Pierrette (@maxp26)

    Bull - réalisé par Annie Silverstein

    Un Certain Regard

    Premier long-métrage de Annie Silverstein, qui avait remporté le prix de la cinéfondation en 2014 pour le court-métrage Skunk, Bull fait penser à The Raider de Chloé Zhao et à Winter's Bones pour le côte rednecks. Crystal (Amber Havard), une jeune fille perdue dont la mère est en prison saccage la maison de son voisin un toréador. Celui-ci (Rob Morgan) va l'obliger à tout remettre en ordre. Un lien va alors se créer entre ces deux êtres solitaires et abandonnés qui tentent de survivre tant bien que mal. L'ancien toréador va malgré lui prendre la jeune fille sous son aile et la former à la tauromachie. Le rythme est lent, la jeune actrice agace parfois par ses décisions mais c'est une adolescente de 14 ans paumée... La réalisatrice prend son temps et nous plonge dans une Amérique triste et en colère où chacun tente de survivre du mieux qu'il peut. Il en résulte un film bouleversant porté par 2 comediens d'une grande sensibilité. Amber Havard rappelle Jennifer Lawrence à ses débuts dans Winter's Bones. Laetitia Forhan (@LaetiFo)

    DR

    La Femme de mon frère - réalisé par Monia Chokri

    Un Certain Regard

    "9 ans après avoir fait ses débuts en tant que comédienne dans Les Amours imaginaires de Xavier Dolan (présenté alors dans la catégorie Un Certain Regard), Monia Chokri est de retour dans la sélection Un Certain Regard, mais en tant que réalisatrice cette fois-ci. Son premier film, La Femme de mon frère, est une ode à la famille colorée et pleine de charme. L’héroïne, incarnée par la pétillante Anne-Elisabeth Bossé, voit sa relation fusionnelle avec son frère s’effriter quand ce dernier tombe amoureux de la gynécologue de sa sœur. Une rencontre qui va donner lieu à un tas de situations drôles dans lesquelles on se reconnaît facilement. Égratignant au passage les 'filles parfaites' et la société qui voudrait nous faire croire que pour être une femme accomplie il faut être mère, ce film nous fait rire (ce qui est assez rare pour les films présentés à Cannes), et ça fait du bien. On appréciera la présence de Niels Schneider, partenaire de jeu de la cinéaste dans Les Amours imaginaires, dans un rôle à l’opposé de ceux dans lequel on a l’habitude de le voir…" Laetitia Forhan (@LaetiFo)

    Le Daim - réalisé par Quentin Dupieux

    Quinzaine des Réalisateurs

    "C’est l’histoire d’un homme et de son blouson, 100% daim, qui ont un projet ensemble. Comme souvent chez lui, le pitch du nouveau Quentin Dupieux ressemble au début d’une blague. Et il est vrai que l’on rit beaucoup devant les situations absurdes liées à la fascination de Georges pour sa veste. Moins lorsque cette exploration de folie, thème avec lequel le cinéaste avait régulièrement flirté auparavant, glisse vers l’horreur pure. Hilarant puis glaçant, avec un soupçon de mise en abyme, cet opus est le plus abouti de son réalisateur, bien aidé par Jean Dujardin et Adèle Haenel qui s’intègrent parfaitement dans son univers. On pense à Shining ou au Voyeur. Mais Le Daim, c’est avant tout et surtout du Quentin Dupieux. Et un film Daim-gue." Maximilien Pierrette (@maxp26)

    Litigante - réalisé par Franco Lolli

    Semaine de la Critique

    "Pour son ouverture, la 58e Semaine de la Critique (re)met en lumière Franco Lolli, cinéaste colombien qu'elle révéla en 2014 avec Gente de bien. Le réalisateur nous offre ici un joli portrait de femme, celui d'une quarantenaire célibataire confrontée au cancer fulgurant de sa mère, à un scandale pour une affaire de corruption, à sa relation naissante avec un nouveau compagnon, au mal-être de son fils, aux tensions familiale... Face à un océan de problèmes, cette héroïne au visage fatigué mais toujours digne se bat et se débat avec force, et garde la tête de haute en profitant de chaque bulle de bonheur offerte par la vie (une étreinte, un baiser, une course de karting, un cadeau de sa maman...). Un joli film donc, coproduit notamment par Sylvie Pialat, dans lequel se distingue la comédienne Carolina Sanin". Yoann Sardet (@SardetY)

    The Dead Don't Die - réalisé par Jim Jarmusch

    Film d'ouverture - Compétition

    "Après les vampires, Jim Jarmusch s’attaque aux zombies. Avec moins de noirceur et plus d’humour, il rend hommage au cinéma horrifico-social de George Romero à sa façon : avec le sens du détail qui tue, et un sans-faute côté musique et casting. Le duo Adam Driver-Bill Murray est parfait, Tilda Swinton tranche dans le vif avec grâce… mais dommage que l’ensemble ne soit pas à leur hauteur : c’est très drôle, certes. Notre société prend quelques coups de crocs, bien sûr. Mais la nonchalance caractéristique du cinéma du metteur en scène se retrouve aussi dans l’écriture, avec quelques facilités, des virages méta pas toujours bien négociés et un propos finalement trop appuyé. On passe un bon moment mais ces zombies manquent, paradoxalement, de mordant." Maximilien Pierrette (@maxp26)

    "Pour sa dixième sélection cannoise, Jim Jarmush ouvre le festival avec son premier film de zombies, The Dead don’t die. Emmené par un casting de dingue (Bill Murray, Adam Driver, Tilda Swinton, Iggy Pop, Chloë Sevigny, Danny Glover), le film rend hommage au cinéma de George Romero en mettant en parallèle les hommes aliénés et les morts-vivants (les revenants cherchant ce qui les attiraient dans leur vie : du café, du wifi, du chardonnay…). La nonchalance qui se dégage du film rappelle qu’il s’agit d’un film de Jarmusch et donne lieu à des scènes drôles. Le duo formé par Bill Murray et Adam Driver fonctionne à merveille, Tilda Swinton est – comme toujours formidable - mais le film ne parvient jamais vraiment à décoller. Trop de références, trop de personnages, on s’y perd et on décroche". Laetitia Forhan (@LaetiFo)

    "Six ans après les vampires de Only Lovers Left Alive, Jim Jarmusch s'essaie au film de zombies avec un casting hétéroclite 4 étoiles. Sur le papier, il y a de quoi être intrigué. Malheureusement, à l'écran, la sauce ne prend pas. Le film ne tient pas sur la longueur et semble être un enchaînement de scénettes qui manquent de liant. Quant au propos politique, George Romero le tenait déjà dans Zombie il y a plus de 40 ans. Certains éléments séduisent : le duo Bill Murray-Adam Driver, le ton nonchalant et décontracté, quelques clins d’œil amusants. Mais on attendait plus du film d'ouverture de ce 72e Festival de Cannes, d'autant plus que celui-ci concourt à la Palme." Emilie Schneider (@emilie_sch)

     

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