Nous sommes en 1923.
Les studios Universal Pictures existent depuis à peine 10 ans, et le cinéma lui-même n’est pas bien vieux. Tout reste à inventer, tout reste encore à créer. Des dizaines de futurs personnages légendaires du grand écran sont sur le point de faire leur apparition, et tapie dans la pénombre, une horde de monstres s’apprête à faire hurler de terreur le public des salles obscures.
C’est au beau milieu de Paris, loin du soleil californien qui plane au-dessus des studios d'Hollywood, que naissent les tout premiers Universal Monsters. S’inspirant des célèbres romans de Victor Hugo et de Gaston Leroux, les producteurs et cinéastes Irving Thalberg et Carl Laemmle sortent successivement Notre-Dame de Paris (1923) et Le Fantôme de l’Opéra (1925). Même si les deux longs métrages sont intégralement tournés en studio, leur intrigue se déroule au sommet de la plus célèbre cathédrale parisienne ainsi que dans les couloirs de l’opéra Garnier.
Poursuivie par d’autres productions dans les années 20 (L’Homme qui rit ou La Maison de la mort), la série des Universal Monsters connait un grand succès à partir de 1931 sous l’impulsion de Carl Laemmle Jr., avec l’arrivée de Dracula et de la créature de Frankenstein sur grand écran. Ces films, qui font désormais partie des grands classiques du cinéma, sont rapidement suivis par La Momie, L’Homme invisible, Le Loup-Garou et L’Etrange Créature du lac noir.
Les plus célèbres des Universal Monsters sont désormais bien vivants, et ne cesseront de revenir hanter les salles obscures au fil des décennies... jusqu’à aujourd’hui. En effet, à l’heure où Marvel et DC Comics réunissent tous leurs super-héros, où Warner met en place un Monster Universe avec King Kong et Godzilla, et où le modèle des franchises cinématographiques semble s’adapter à celui des séries, les monstres sont de retour et se rassemblent au sein de ce qu’on appelle désormais le Dark Universe.

Alors qu’il vient de signer La Momie, nouvelle version du classique de 1932 avec Boris Karloff et première étape de ce qui s’annonce comme un grand voyage, Alex Kurtzman nous a expliqué de quoi il s’agissait exactement…
Allociné : Le Dark Universe, c'est quoi ?
Alex Kurtzman : J’adore les Universal Monsters depuis mon enfance. Frankenstein, La Fiancée de Frankenstein, Dracula, Le Loup-Garou, L’Homme Invisible… Et la liste continue. Nous voulons amener ces monstres classiques au public actuel, les placer dans un contexte actuel. Faire honneur à l’esprit de ces films, mais aussi les mettre au goût du jour d’une manière originale. L’idée, c’est que chaque monstre aura son propre film, mais ainsi qu’on le comprend dans La Momie, ils existent tous dans un monde plus grand, fait de dieux et de monstres. Donc vous pourrez percevoir cet univers plus grand tout en ayant une histoire à part pour chaque monstre.
C’est une grande responsabilité, nous voulons honorer la tradition de ces films que nous aimons. Ils sont très importants pour le studio, c’est une grande fierté pour eux. Le studio est littéralement né avec ces monstres. Le Bossu de Notre-Dame est le tout premier film produit par Universal. Donc on hérite de quelque chose de très important et nous voulons lui rendre justice. J’ai tendance à aimer les films où l’histoire se suffit à elle-même, où vous avez un début, un milieu et une fin, mais où vous ouvrez une porte à quelque chose de plus grand. C’est excitant de se dire que nos monstres vivent dans un contexte plus grand. Et j’espère que c’est ce que nous arriverons à faire avec chacun de ces films.
Quelle est la prochaine étape ?
Le prochain film que nous allons faire est La Fiancée de Frankenstein. Javier Bardem jouera la créature de Frankenstein, ce qui est très enthousiasmant. Ça va être merveilleux de donner naissance à un monstre aussi emblématique.
Rencontre avec les monstres...