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    Cannes 2021 : on a vu le film de François Ozon, un Gérard Depardieu plus vrai que nature et Juliette Binoche à Ouistreham
    Cannes 2021 par AlloCiné
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    -Journalistes
    Du 6 au 17 juillet 2021, nos expert(e)s passionné(e)s replongent au cœur de la folie cannoise. Responsable éditoriale : Laetitia Ratane Journalistes : Brigitte Baronnet / Mégane Choquet / Thomas Desroches / Maximilien Pierrette Vidéo : Ando Raminoson / Arthur Tourneret

    Tous les jours, la Rédac' d'AlloCiné vous résume les films vus au cours du 74e Festival de Cannes. Aujourd'hui, pleins feux sur Tout s'est bien passé en compétition, Ouistreham à la Quinzaine et Robuste, film d'ouverture à la Semaine de la Critique.

    Carole BETHUEL/Mandarin Production/Foz

    La compétition cannoise s'est lancée hier soir, mardi 6 juillet, avec la projection d'Annette,  étonnant spectacle musical signé Leos Carax, emmené et chanté par les impressionnants Marion Cotillard et Adam Driver. Aujourd'hui, c'est l'équipe de François Ozon qui a monté les marches du Palais, présentant aux festivaliers son tout dernier opus Tout s'est bien passé, adaptation du roman autobiographique d’Emmanuèle Bernheim, centré sur la question du droit de mourir dans la dignité.

    Au même moment, la Quinzaine des réalisateurs voyait débarquer une bande de filles remarquables, venues de Ouistreham. En Séances Spéciales, le documentaire de Leo Scott et Ting Poo, Val, bouleversait les spectateurs et un duo composé par un acteur chevronné, et pas des moindres, Gérard Depardieu, et une jeune actrice Césarisée, Déborah Lukumuena ouvrait film la Semaine de la Critique. La rédaction d'AlloCiné est sur place, a tout vu et vous en parle !

    Tout s'est bien passé de François Ozon (Compétition Officielle)

    Tout s’est bien passé, une phrase symbolique d’un drame qui traite de la fin de vie médicalement assistée demandée par un père de famille bourru campé par un impressionnant André Dussollier. Même s’il est moins frontal que Grâce à Dieu, Tout s’est bien passé distille tout de même une dimension politique en anglant son sujet de société sous le prisme de l’intime. François Ozon prend soin de décortiquer une famille dysfonctionnelle avec sincérité et humanisme, deux qualités dont font preuve également les actrices Sophie Marceau et Géraldine Pailhas, justes et bouleversantes. Mégane Choquet Sous l'œil neuf de François Ozon, fidèle metteur en scène de la vie de son amie Emmanuèle Bernheim, Sophie Marceau est bouleversante de sobriété et de force. Face à ce rôle de fille dévouée à qui il demande l'impossible, André Dussollier joue un père victime d'un AVC, aussi égoïste et cynique qu'irrésistible et cocasse, chez qui l'instinct de vie cohabite avec un désir de mort imperturbable. Une performance impressionnante que l'on n'est pas près d'oublier. Ozon est décidément l'un des plus grands directeurs et révélateurs d'acteurs.

    Laetitia Ratane

    Le Genou d'Ahed de Nadav Lapid (Compétition)

    Mise en abyme au sein de la compétition : acte 2 ! Comme Leos Carax dans AnnetteNadav Lapid (Ours d'Or à Berlin avec Synonymes en 2019) met aussi un artiste en scène. En l’occurrence un réalisateur qui prépare un film autour de l’activiste palestinienne Ahed Tamimi, arrêtée après avoir frappé un soldat israélien et à qui un député préconisait que l’on tire une balle dans le genou. Mais Le Genou d’Ahed, c’est aussi (et surtout) le combat du personnage principal pour la liberté dans son pays, lorsque sa présence au débat d’après-projection de l’un de ses films est conditionnée à la signature d’un document précisant les thèmes qu’il veut aborder. Des faits vécus par Nadav Lapid, qui signe des débuts en compétition pleins de rage. Si le message politique est fort et actuel, la forme ne convainc pas totalement, avec une première partie tiraillée entre plusieurs sujets et des mouvements de caméras incongrus qui ont tendance à nous sortir du récit. Mais le fond fait davantage mouche par la suite, et qui sait si son message ne résonnera pas auprès du jury. Maximilien Pierrette

    Ouistreham d'Emmanuel Carrère (Quinzaine des Réalisateurs)

    Le romancier Emmanuel Carrère est de retour à la réalisation, aux commandes d'une adaptation libre et romanesque du "Quai de Ouistreham" de la journaliste Florence Aubenas. Un film à la fois âpre et très émouvant, qui nous plonge dans le quotidien de femmes de ménage, travailleuses précaires trop longtemps invisibilisées.  Autour de Juliette Binoche, plus investie et lumineuse que jamais, gravite une pléaide de comédiennes non professionnelles criantes de force et de vérité, au coeur de ce drame conjuguant usurpation d'identité, quête de vérité, résilience et histoire d'amitié contrariée. Laetitia Ratane Juliette Binoche se glisse avec facilité et naturel dans la peau de Marianne Winckler, une écrivaine reconnue, qui planche sur un livre sur le travail précaire. Mais l'actrice est finalement plus notre médium que la véritable héroïne de ce drame. Celles et ceux qui illuminent le film sont ces comédiens non professionnels, Hélène Lambert en tête, qui impressionnent par leur jeu, leur aisance et leur sincérité. Entre rires et larmes, ils incarnent avec générosité et humour les travailleurs de l'ombre méprisés par la société. Ce choix d’Emmanuel Carrère accentue le côté documentaire de l’œuvre et apporte une humanité bienvenue. Mégane Choquet

    Robuste de Constance Meyer (Semaine de la Critique - Film d'ouverture)

    Robuste rassemble deux interprètes aux profils très différents : il y a d'un côté Gérard Depardieu, icône du cinéma français. Il incarne Georges, un acteur ingérable et sur le déclin. De l'autre, il y a Déborah Lukumuena, jeune actrice non moins talentueuse, révélée dans Divines en 2017 - film pour lequel elle avait remporté le César de la meilleure actrice dans un second rôle. Elle joue Aïssa, une agente de sécurité passionnée par la lutte. Lorsque ces deux êtres se rencontrent, une étincelle se met à briller. Pour son premier film, la réalisatrice Constance Meyer met en scène l'amitié naissante de deux personnes qui se ressemblent plus qu'elles ne le pensent. Le film fonctionne car son duo est tendre, attachant, émouvant et ses dialogues très bien écrits. Certains verront un peu de Lost In Translation dans cette histoire d'une grande simplicité mais très efficace. Thomas Desroches

    Val de Leo Scott et Ting Poo (Séances Spéciales)

    Pour certains, il est Iceman dans Top Gun de Tony Scott. Pour d'autres, le Bruce Wayne de Batman Forever de Joel SchumacherVal Kilmer était l'un des sex-symbols d'Hollywood dans les années quatre-vingt. Depuis quelques années, il se fait plus rare. Après un cancer de la gorge, il a dû subir une trachéotomie qui lui a abîmé la voix. Cet handicap l'empêche aujoud'hui de travailler. Le documentaire de Leo Scott et Ting Poo revient sur les débuts et les succès de l'interprète. Vrai et désarmant, le film montre, grâce à des vidéos personnelles filmées par Val Kilmer lui-même, l'autre visage d'une star glamourisée à outrance par l'industrie. Une star qui doit aujourd'hui miser sur son image du passé. Rarement un acteur s'est autant dévoilé face caméra. Thomas Desroches

    Onoda d'Arthur Harari (Un Certain Regard - Film d'ouverture)

    Cinq ans après le drame policier Diamant noirArthur Harari change de cap et de registre avec Onoda, film de guerre en langue japonaise. Et une franche réussite, impressionnante de maîtrise. Adapté d’une étonnante histoire vraie, le long métrage suit un jeune soldat envoyé sur une île des Philippines en 1944. Alors que son pays est en train de perdre la Seconde Guerre Mondiale, il plonge dans un autre conflit, souvent intérieur, qui va durer 10 000 nuits. Que le film soit long (2h47) est donc logique, mais il n’est jamais complaisant à ce niveau. Et son ampleur, conjuguée à la beauté des images et des paysages qu’il filme, ainsi que sa manière de laisser respirer le récit pour qu’il fasse corps avec la nature comme son héros, le rapproche de ces opus qu'on ne voit que trop rarement aujourd'hui. Épique, intense et fascinant, le long métrage gagne encore en force sur un grand écran et confirme, si besoin était, qu’Arthur Harari est bien un réalisateur à suivre de très près. Maximilien Pierrette

    Ghost Song de Nicolas Peduzzi (ACID - Film d'ouverture)

    Comme à Un Certain Regard, c’est un Français qui ouvre l’ACID avec un film en langue étrangère : Nicolas Peduzzi, qui signe son deuxième long, trois ans après le documentaire Southern Belle, déjà situé à Houston (Texas). Alors qu’un ouragan menace la ville, le metteur en scène suit trois personnages issus des quartiers défavorisés, partagés entre leur amour pour la musique et des rêves qui paraissent inaccessibles. Si Ghost Song se présente comme une fiction, son metteur en scène adopte un style documentaire pour prendre le pouls, en musique, de la ville dans laquelle il nous plonge. Il faut certes un peu de temps pour entrer dans le récit et son énergie, mais le film séduit sur la durée, lorsque l'on se laisse totalement happer par ses longs plans en mouvement et son ambiance rendue onirique par sa bande-son électro, alors que la mort peut frapper à chaque coin de rue, comme les éclairs qui déchirent le ciel dans les dernières séquences. Maximilien Pierrette

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