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5,0
Publiée le 12 avril 2011
Chef-d'œuvre ! Et le mot n'est pas galvaudé. Il est rare de voir un cinéaste inventé un conte aussi sophistiqué dans son message et sa mise en scène. Le film, dont au terme de la première vision, je n'ai pas encore démêlé toutes les significations est une réflexion éblouissante sur le cinéma (ou plus exactement la photo), la fuite du temps, la mort qui vient. La mise en scène est d'une maîtrise rarissime. La scène finale est incroyable. A mon très humble avis, ce film sera dans 20 ou 30 considéré comme un grand classique du cinéma d'Art et d'essai avec à ses côtés les meilleurs Antonioni (je pense évidemment à "Blow up" ou "Profession reporter" sur des thèmes voisins), les meilleurs Godard (ici, je pense à "JLG JLG") et les meilleurs Kubrick. Que tout cela nous soit raconté par un homme de plus de 100 ans n'a rien d'indifférent ! J'étais agacé de voir toute la critique encenser ce film (j'avais peur que ce soit par simple respect pour ce vieux monsieur...). Il n'en est rien. Je finis ma petite note par le mot qui la commence : chef d'œuvre !
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2,0
Publiée le 16 septembre 2012
Manoel de Oliveira fait le « travail à l'ancienne ». Je ne connaissais rien du réalisateur avant d'écumer les autres avis. Et je dois dire que je n'ai pas été surpris de découvrir que le bonhomme a 103 ans (un dinosaure, un vrai !). Mais il n'y avait pas besoin de le savoir pour comprendre le caractère rétroactif de cette œuvre, celle de la chère Angelica, qui a fasciné les critiques de façon quasi-unanime, succombant aux charmes de la belle un à un. Envoûtement sincère ou illusion furtive ? Le choix est vôtre, le mien est fait.
De son héros à la gueule hitchockienne, Isaac, à ses plans fixes et finis – par plans finis j'entends ces plans qui semblent ne plus rien avoir à révéler et qui restent pourtant en état pendant de longues secondes – en passant par les touches de fantastique, ça sent la vieille école. La bonne école diront certains, je suis plus réservé. Il y a du bon dans ce film, c'est indéniable, que ce soit l'atmosphère pesante qui aspire le personnage dans sa spirale destructrice et qui plonge le spectateur au cœur de l'ombre massive qu'elle engendre : celle du fantasme néfaste et de la folie psychique. Ou encore l'immersion qui est une réussite, puisqu'il est difficile de décrocher de cette ambiance étrange qui entoure le protagoniste. Sur certains points son destin m'a rappelé celui du personnage de Boulevard du crépuscule. Sur un hasard fortuit il se retrouve à mettre les pieds dans une demeure défunte, qui le condamne presque aussitôt, perdu entre fascination et répulsion.
En dépit de ces diverses satisfactions je n'ai pas retrouvé de réelle profondeur au récit que veut nous faire partager Oliveira. La construction m'a paru assez limitée et j'ai eu l'impression que l'on avait finalement pas grand chose à nous dire. La courte durée du film me conforte d'ailleurs dans cette impression, celle d'un vide narratif que je me suis mis à ressentir dans le dernier tiers. Si j'ai trouvé fascinant certaines caractéristiques d'Isaac, la distance que le réalisateur nous impose vis-à-vis de sa passion naissante, qu'on observe sans comprendre, met un certain frein à l'identification et donc à l'émotion. Le processus d'évolution est plaisant, mais il ne touche pas, et on ne se rabat finalement que sur des critères purement artistiques pour ne pas déprécier de manière trop sévère le film.
Il reste malgré tout cette satisfaction que de voir le personnage appelé par l'amour, happé par le ciel, vouloir s'envoler et quitter la torpeur de sa condition actuelle. Et il est en fin de compte compliqué de savoir si c'est une bonne chose pour lui ou non, puisque l'on peut voir en Angelica une déesse aimante ou une sirène maléfique ; comme on peut voir en ce film un chef-d'œuvre vivant ou un ennui mortel. Je ne toquerai à la porte d'aucun d'entre eux, restant discrètement sur le trottoir, le parapluie en main, métaphore filmique de la protection contre la tentation du ciel ; et ici, du jugement hâtif.
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5,0
Publiée le 19 mars 2011
Avec ce film, de Oliveira choisit d'adopter le ton des contes fantastiques de la fin du 19ème / début du 20ème siècle (ceux de l'époque de sa naissance en somme), comme ceux de Maupassant, de Poe ou d'Oscar Wilde, pour réaliser un film ô combien troublant qui brasse un nombre incalculable de choses en rapport direct avec le cinéma. Le sujet en lui-même, et la façon de la traiter, ne parlent que de cinéma. Soit comment redonner vie à une personne morte par le prisme de la photographie - entendre de l'image cinématographique - uniquement en croyant en l'existence ontologique de celle-ci. Pour ce faire, le cinéaste convoque tout aussi bien Mrs Muir de Mankiewicz que le Vertigo d'Hitchcock. Si sa mise en scène rappelle ici certains de ses cinéastes amis, Ruiz et Buñuel, notamment par l'étrangeté fantastique que le film brasse tout du long, je pense n'avoir pas vu de si beau et si pur, si vibrant hommage au cinématographe depuis La Frontière de l'Aube de Philippe Garrel. Ces deux films sont comme deux frères siamois qui salueraient L'Aurore de Murnau communément. La fin notamment, rappelle aussi un grand film récent : Last Days de Gus Van Sant. Ces films ont en commun une croyance pure et dure en ce qu'ils énoncent.
Plastiquement, de Oliveira est au sommet de son art. Chaque plan, sublime mais jamais photographique, jamais figé, toujours cinématographique, évoque un croisement d'une toile de Vermeer et d'une autre de Magritte, où l'ancien se mêle au moderne, où l'étrangeté vient délicatement se mêler au quotidien semant un trouble diffus et persistant.
Les nombreux effets spéciaux du film sont parmi les plus beaux que j'ai pu voir, et la scène d'élévation est l'une des plus belles du cinéma contemporain. Ni plus ni moins.
J'espère que le dernier plan du film, cette sublime fermeture au noir, ne sera pas prophétique, et que de Oliveira continuera longtemps à tourner, car à 103 il est l'un des cinéastes les plus jeunes, les plus inventifs, les plus novateurs et les plus fantastiques qui soient.
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1,5
Publiée le 20 mars 2011
Bel effort de continuer à partager sa passion pour le cinéma à plus de 100 ans.. mais il faut avoir quelque-chose à dire. Dans ce film il ne se passe rien, on ne voit rien, on ressort sans rien. D'accord il y'a les rêves, charmants dans leur mode "Méliès" mais on s'ennuie la plupart du temps avec en plus une horrible musique dans les oreilles. Essai raté.
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53 abonnés
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5,0
Publiée le 23 mai 2011
C'est magnifique. Autant le Malick est un kouglof étouffe-chrétien, autant ce film est une méditation sur l'amour, l'art et la mort, élégante, subtile et d'une poésie pure
"Ballade d'amour et de mort", c'est le nom d'une exposition de photographies préraphaëlites actuellement à Orsay , ce pourrait être aussi l'autre titre de cette étrange affaire Angelica, d'autant plus que l'inspiration du réalisateur n'est peut-être pas étrangère aux photos d'Henri Peach Robinson (Fading away et she never told her love)
C'est un conte fantastique, d'une beauté rare,qui ne parle que de cinéma, de rapport au temps, de la lumière des étoiles mortes, de nostalgie. Où l'amour est éternel,les amants flottant dans le ciel étoilé ou s'étreignant dans le cadre de la fenêtre comme chez Chagall .
Isaac s'échappe comme Lucy Muir, par cette fenêtre ouverte sur l'éternité,le bleu de toute l'immensité cher à Piaf.
Mais si Isaac tombe amoureux d'Angelica, elle est aussi fantôme, une "dame blanche",annonciatrice de mort prochaine (dans les familles princières au 19em siècle): c'est de la mort elle-même qu'il s'éprend, et elle n'a rien d'effrayant, puisqu'elle a le visage souriant d'un amour sans fin et apaisant bercé par le piano de Chopin. Je suis heureuse d'avoir pu voir cette merveille, à l'affiche enfin , et pour quelques séances seulement dans mon cinéma.
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3,5
Publiée le 18 décembre 2011
C'est le premier film de ce qui je crois être le doyen actuel du cinéma mondial : Manoel de Oliveira et aussi mon film portugais. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, je n'avais pas lu le synopsis, ni rien en fait, si ce n'est des critiques très positives. Le film m'a fait penser à trois choses : à Laura de Preminger, pour le côté souvenir de la défunte, tomber amoureux d'une morte au premier regard, à des nouvelles de Poe, du moins pour le début, où l'on ne sait pas trop ce qui se passe, il y a une ambiance très lugubre, très pesante, et puis ça passe très vite dans le fantastique, et on retourne à la réalité, on ne sait pas trop s'il y a hallucination ou bien si on est réellement dans le fantastique, et ça j'ai beaucoup apprécié. Et puis ça a un petit côté le portrait de Dorian Gray, j'ai pensé à ça peut-être pour le côté immortalité de la photo ou bien la fin. En tous cas c'est un film fascinant et qui manie l'étrangeté avec brio, par petites touches, et qui reste très sobre, Oliveira ne va pas multiplier les effets tape à l'oeil, au contraire, c'est quelque chose de très pur, de très beau, de très simple qu'on a là. J'ai l'impression que c'est éclairé à la lumière naturelle la plupart du temps, ça donne un aspect authentique au film, on est dans le réel, et quelques petites touches viennent imposer l'univers du film. Je trouve ça assez brillant.
Il me tarde de voir d'autres films du réalisateur, même malgré mon impression positive de cette étrange affaire, je n'ai pas forcément été aussi subjugué que j'aurai voulu, j'ai juste beaucoup aimé. Et voir des gens parler antimatière au petit déjeunez, ça vaut le détour.
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3,5
Publiée le 6 juillet 2019
Le titre ne ment pas, cette affaire est bien étrange, qu'elle soit appréhendée par sa dimension fantastique, mentale ou même les deux. Car il va de soi que le sourire d'Angélica, alors décédée, n'est visible que par Isaac, ce photographe passionné par les choses du passé afin de les capter à travers son art. Ce sourire impossible, qui lie naturellement l'amour et la mort, plonge progressivement Isaac dans un état second – la hantise du surnaturel le poussant vers une mort apaisante – au sein duquel peuvent se déployés divers questionnements qui sont autant de signes à déchiffrer pour le spectateur. Il n'est d'ailleurs pas toujours simple d'y voir clair parmi toutes les pistes évoquées, qu'elles soient religieuses (le lien opaque entre christianisme et judaïsme), physiques (la collision entre la matière et l'antimatière qui créerait de l'énergie, possible explication rationnelle des apparitions d'Angélica) ou photographiques (comment expliquer le rapprochement fait par Isaac entre les photos des bêcheurs et celles d'Angélica ?); la profusion d'indices et de symboles peut paraître trop abondante en ce qu'elle nous perd dans notre compréhension du film, mais c'est aussi cette même densité d'éléments qui procure un certain envoûtement. Par sa richesse interprétative et ses zones de flottement, "L'étrange affaire Angélica" est un film qui donne moins à comprendre qu'à méditer, qui doit être autant considéré comme un objet rêveur que réflexif : il met en scène une mort vue comme une compagne douce et aérienne, dont la représentation n'est en aucun cas macabre mais romantique.
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4,0
Publiée le 9 juin 2012
Très beau film sur la vie, la mort, l'art, l'amour, la mère... Une certaine influence d'Andrei Tarkovski me semble-t-il, ressort des plans et de la manière particulière d'utiliser le plan séquence. Oliveira développe avec excellence une certaine coéxistence entre un monde fantastique et le monde réel. L'oiseau, la photographie puis Isaac sont les seuls à habiter les deux mondes. La mort et l'art apparaissent comme les moyens d'entrer dans ce monde. La mise en scène est admirable. Dès le premier plan, qui réflète bien le génie de Oliveira : plan séquence qui introduit un certain mystère dans le film et le place dès son début dans la catégorie des films artistiques. La qualité esthétique des plans est inconstestable, certains sont à la hauteur de très beaux tableaux comme le plan présent sur la couverture ou l'affiche du film, et le plan de Isaac photographiant Angelica avec le très astucieux changement de lumière. La gestion du mouvement est le point culminant de la mise en scène, ce qui lui donne un sens, et quel beau sens! La musique, jouée par Pirès, est belle et bien utilisée tout au long du film. Concernant le scénario, on ne peut que remarquer l'ambition de Oliveira en traitant tous ces thèmes évoqués au début. Le scénario est une réelle réussite car il parvient à mélanger ces thêmes et à développer une réflexion intéressante sur l'art. Qu'est ce que la modernité artistique ? L'art transcende-t-il ? Qu'est ce que l'art ? Mais aussi , la mort n'est elle pas finalement la libération ?
Un très beau film à ne pas manquer !
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31 abonnés
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4,0
Publiée le 18 janvier 2016
Un jeune photographe, chargé en pleine nuit de prendre en photo une jeune femme morte, s'aperçoit dans son objectif que celle-ci vivante lui sourit. Perturbé par ce fait, il fait des rêves, continue à faire des photos sur des paysans au travail dans les vignes, mais pense souvent à cette femme, cela trouble son comportement, et suite à une longue course, perdra son souffle et va vie, mais alors le fantôme de la jeune femme pourra le rejoindre.
Conte poético-fantastique du grand Oliveira. C'est merveilleusement filmé avec un art consommé du plan séquence, avec une belle musique de piano, cette histoire surnaturelle (qui rappelle l'aventure de Mme Muir) se veut également réflexion philosophique sur la mort. C'est un peu léger au niveau du scénario et de l'action, mais c'est poétique et si bien filmé.
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5,0
Publiée le 21 mars 2011
Retrouver Manoel de Oliveira est toujours un grand plaisir, j'avais adoré Singularités d'une jeune fille blonde, et là encore, je n'ai pas été déçu !! ça change de toutes les daubes que l'on peut voir en ce moment au cinoche...un grand bravo à ce grand monsieur du cinéma !!
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5,0
Publiée le 9 mai 2015
Excellent film d'auteur fantastique du grand manuel de Oliveira, plein de magie et de sentiment égale à toute homme en face de la mort. Un chef d'oeuvre.