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    Jeanne Dielman 23, Quai Du Commerce, 1080 Bruxelles
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    Bertie Quincampoix
    Bertie Quincampoix

    73 abonnés 1 737 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 6 décembre 2020
    Ces 3h20 dans la vie de Jeanne Dielman, mère de famille bruxelloise qui se prostitue occasionnellement, ont marqué durablement les cinéphiles du monde entier. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elles inventaient, à leur sortie en 1975, une écriture cinématographique largement inédite. En imposant son dispositif de plans fixes et en exposant en temps réel des rituels ménagers qui constituent l’essentiel des journées de l’héroïne du film – superbe Delphine Seyrig dans un rôle à contre-emploi – Chantal Akerman posait une brique décisive à l’édifice du cinéma contemporain. Formellement impressionnant de maîtrise, le long-métrage met sa structure au service d’une critique épidermique des sociétés modernes et du rôle imposé aux femmes dans celles-ci, qui finissent par intégrer leur propre avilissement au point de reproduire jusqu’à l’absurde des tâches quotidiennes n’ayant d’autre but que de remplir des journées désincarnées, tout en préparant la prochaine génération à reproduire ce modèle. Akerman filme de manière remarquable, par petites touches, cette machine intérieure délirante et bien huilée spoiler: qui va progressivement se gripper, jusqu’à l’inévitable déraillement final.
    Le travail sur le décor et les lumières est superbe. Un chef d’œuvre qui marque profondément.
    Eowyn Cwper
    Eowyn Cwper

    88 abonnés 2 038 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 22 février 2021
    Apparemment, ceci est un bon film, comme quoi l'on a jamais fini de s'éduquer au cinéma. N'ayant pas appris à apprécier des scènes de cinq minutes où il ne se passe rien (et quand je dis rien, je veux dire rien ; j'ai apprécié Solaris et Stalker, par exemple), ni su déceler le message derrière les rituels de Jeanne Dielman, ménagère modèle entourée d'une tristesse morne qui fait croire au passage de Marguerite Duras à Bruxelles, pour moi ce sera un non. Un non à l'apathie, à la durée, et finalement aussi à ces gestes répétés, quoique précis, dont j'ai fini par ne plus pouvoir. Akerman arrive en tout cas à me faire confesser ma propre faiblesse : ce cinéma-là, ce n'est pas pour moi.

    → https://septiemeartetdemi.com/
    chrischambers86
    chrischambers86

    11 958 abonnés 12 157 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 12 décembre 2012
    Succession de plans fixes plus admirables les uns que les autres où rarement ils auront ètè aussi serviables pour une actrice, "Jeanne Dielman 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles" est pour Chantal Akerman l'aboutissement de ses recherches prècèdentes, formelles aux U.S.A, narratives en Europe! C'est avant tout pour la rèalisatrice belge la rencontre d'un sujet et d'une forme! On pourrait rèsumer à propos de son film fleuve, son itinèraire gèographique et cinèmatographique! C'est dire du même coup ce qui fait le prix de ce minutieux inventaire des gestes de la vie quotidienne d'une femme, cette autre façon de dire l'imminence du dèsordre dans l'ordre immuable de la rèpètition et qui imposa à juste titre Chantal Akerman comme une très grande du cinèma! Delphine Seyrig y est exceptionnelle dans cette histoire d'amour et de mort parce qu'elle organise son temps de façon à ne pas laisser de trous jusqu'au moment où son train-train commence insidieusement à se dèrègler en dèbouchant sur l'angoisse la plus absolue: voir l'interprète à l'aura mythique de "L'annèe dernière à Marienbad" transformèe en mènagère attachèe aux gestes-rites de la cuisine, du mènage, du maternat, est fascinant d'un bout à l'autre, de la première à la dernière sèquence! Chef d'oeuvre unique en son genre qui ne ressemble à aucun autre, "Jeanne Dielman..." est un des deux ou trois grands films de toute l’histoire du cinèma belge où le coeur des « akermanphiles » bat plus fort en arrivant dans ce quai du Commerce à Bruxelles! Un dèlicat et poignant moment de cinèma en somme, parfait pour dècouvrir l'univers d'Akerman dont la filmographie est particulièrement allèchante! Rares sont les films qui en disent autant avec si peu de mots...
    Yves G.
    Yves G.

    1 278 abonnés 3 289 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 22 avril 2023
    "Jeanne Dielman" a été élu l’an passé par la prestigieuse revue professionnelle "Sight & Sound" meilleur film de tous les temps, juste devant "Vertigo" et "Citizen Kane". Auréolé de ce prestigieux trophée, il ressort dans quelques salles d’art et d’essai et y attire un public nombreux, de cinéphiles et de curieux masochistes. C’est que le film est précédé d’une pesante réputation : il dure 3h21 et dissèque la morne répétition des gestes quotidiens d’une jeune veuve sans histoires qui vit seule avec son fils, dans un appartement bourgeois de Bruxelles.

    "Jeanne Dielman" n’a rien volé de sa réputation. C’est un film radical.

    Par son sujet : l’aliénation d’une femme condamnée à répéter chaque jour les mille et un gestes déshumanisants d’un quotidien sans âme. Rien ne nous en est épargné, du lever jusqu’au coucher, filmé quasiment en temps réel, l’espace de trois journées, pour en montrer la longueur et l’ennui. On voit tour à tour la préparation des repas, le lent épluchage des pommes de terre ou la confection d’escalopes panées, les repas proprement dits, pris sans un mot avec Sylvain, cet adolescent taiseux qui ressemble déjà tant à un petit vieux racorni qui jamais n’esquisse un geste pour aider sa mère ni même pour lui manifester la moindre tendresse, la vaisselle dans la cuisine exiguë, les rares courses à l’extérieur, l’accueil chaque après-midi (à l’insu de Sylvain ?) d’un homme différent qui paie Jeanne pour la brève et sordide étreinte qui se déroule, porte close, dans sa chambre, sur une serviette posée sur son couvre-lit qu’elle remplace méticuleusement après chaque usage….

    Par son traitement : "Jeanne Dielman" a beau avoir été tourné par une réalisatrice de vingt-cinq ans à peine, il témoigne d’une maîtrise étonnante du cadrage et de la mise en scène, avec un soin tout particulier apporté au son (la rue dont on entend le bourdonnement, les claquements des talons de Jeanne sur le parquet qu’elle arpente dans tous les sens à longueur de journée) et à la lumière (que Jeanne allume et éteint chaque fois qu’elle passe d’une pièce à l’autre). Quant aux dialogues, c’est bien simple, il n’y en a quasiment pas, les rares paroles échangées l’étant sur un ton bressonien, volontairement plat, dénué de tout affect – ainsi de la lecture à son fils par Jeanne de la lettre qu’elle reçoit de sa sœur expatriée au Canada grâce à laquelle le spectateur apprend quelques bribes de l’histoire familiale.

    Et le sujet et son traitement, il faut en convenir, se nourrissent l’un de l’autre. Un film plus court n’aurait pas fait autant ressentir au spectateur exténué l’écrasant ennui qui régit la vie de Jeanne et la conduit à la folie. Il faut la regarder, dans un interminable plan fixe, éplucher pendant cinq minutes des pommes de terre pour comprendre son état et plus encore pour le ressentir.

    Pour autant, aussi impressionnant que soit ce film, il fait partie de ceux qu’on est plus content d’avoir vus que d’être en train de regarder. Comme l’écrit Jacques Morice dans sa critique évidemment extatique, « Il fut à sa sortie le film des fauteuils qui claquent ». Difficile en effet, même quand on en est prévenu, de supporter ce spectacle et de ne pas avoir la tentation de s’en échapper. Tel fut le cas, à la moitié du film, de l’ami que j’avais invité et qui légitimement pourrait m’en faire le reproche pour le restant de nos jours s’il n’était pas l’ami le plus indulgent et le plus altruiste que j’aie jamais eu.

    J’écris cette critique sous le coup de la colère que m’a inspirée hier soir, jusqu’à tard dans la nuit, cet interminable martyre. Je regretterai probablement dans quelques mois ce coup de gueule pavlovien. Peut-être même attribuerai-je alors à "Jeanne Dielman" les cinq étoiles que la critique lui décerne unanimement. Mais, pour l’instant, je vis le contrecoup d’une expérience exténuante que je ne souhaite à personne, et surtout pas à mon meilleur ami !
    QBN
    QBN

    23 abonnés 147 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 16 août 2013
    3h13 sans presque aucun dialogue et sans aucune action. A la fois fascinant et choquant de voir que la doxa cinéphile nous vende ce film comme un chef d'œuvre. Arrêtons 5 minutes, je pense qu'il ne l'ont tout simplement pas vu car faire répéter 3 fois en 3h13 la journée quotidienne d'une mère au foyer de l'après guerre effectuant à peu de choses près les MÊMES tâches et répétant EXACTEMENT les mêmes dialogues avec son fils... Quel intérêt??? Et il faut voir les dialogues... Qui parle aussi peu dans la vie? Qui est aussi morne que ça? Bah j'espère personne. C'est d'une tristesse, une vision de la vie si fade, ça frise le malaise -> cf. La scène de repas quotidienne de 10 minutes, donc 3 fois 10 minutes dans le film [je vous laisse faire le calcul] dans le silence absolu entre la mère et son fils, sans parler du reste du film tout aussi silencieux. Non mais sérieusement les mecs, on se fout de qui avec ce film? Je veux bien être ouvert à de "nouvelles formes de langage du cinéma" je pense qu'il y a des limites. Même la fin qui aurait pu être "profonde" et en fait ridicule après 3h à s'emmerder de la sorte.
    Je filme ma mère c'est aussi intéressant hein mais après je vous le fous pas au cinéma le film. Le pire dans tout ça c'est que la Chantal aie osé faire ce film ou que je me le sois infligé entièrement (et sans pause en plus)?
    Bref le seul point positif du film, c'est qu'on y apprenne des recettes, sachant que tout est filmé non stop mais bon j'attends pas d'un film qu'il m'apprenne ça.
    Spiriel
    Spiriel

    29 abonnés 318 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 12 juillet 2010
    Aujourd'hui, le film est très célèbre car trop particulier pour être jamais imité. Il s'agit de 48 heures de la vie d'une veuve de la petite bourgeoisie bruxelloise. Le film, constitué de plans séquences fixes très étirés, montre l'interminable quotidien du personnage. Aucune réelle satisfaction ne semble se dégager de ce rituel permanent qu'elle essaie de réaliser à la perfection. En réalité, elle s'applique à effacer sa propre individualité à travers cette aliénation de la répétition exacte quotidienne, et lorsque des imprécisions viennent s'y glisser, elle perd le contrôle de ses actes et commet l'irréparable, sans raison apparente pour quelqu'un d'extérieur. Oui mais voila, l'intention de Chantal Akerman est là, à travers une mise en scène repoussante car sans vie, on vie le calvaire absolument banal (c'est ce qui est le plus terrifiant, comment ne pas se demander si sa mère n'a pas ressenti, même partiellement, la même détresse?) de cette femme, le vide intolérable de son existence. De ce point de vue, le film est une étonnante réussite. Maintenant, il est d'une exigence inouïe par rapport au spectateur, car il demande la plus grande copncention pour détecter les grains de sable qui viennent perturber les rouages alors que le film a pour effet de détourner l'attention en nous montrant sèchement un quotidien qu'on ne veut voir, qu'on cherche à fuir. A ce titre, peut-être le film est-il trop long. L'investissement du spectateur est au final plus élevé que n'importe quel film de Tarkovsky ou encore les 9h30 de Shoah d'une traite, j'ai personnellement eu du mal à m'accrocher tout le long des 3h15 que font le film. A voir néanmoins car aucun autre film ne s'en approche, et il n'y a pas de doute qu'il était "à faire".
    stebbins
    stebbins

    458 abonnés 1 747 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 février 2008
    Un chef d'oeuvre, un objet filmique de pure mise en scène qui prend littéralement aux tripes. Le génie de Chantal Akerman est d'avoir réussi à créer une atmosphère effrayante à travers la description d'une banalité quotidienne et aliénante propre à son personnage. Le dispositif est, comme souvent avec la réalisatrice belge, d'une incroyable simplicité ( ce qui ne veut pas dire simpliste pour autant ) : les plans fixes se succèdent, répétitifs, interminables, obsédants. Une cuisine. Une salle à manger. Une chambre. On suit Jeanne Dielman durant trois journées consécutives, journées variant insensiblement ( du moins à première vue ). Akerman expose sa réflexion sur le temps en dirigeant Delphine Seyrig à la perfection et en alimentant son récit d'ellipses narratives ( les jeux d'ombres et de lumières sont plus que pertinents ). Jeanne Dielman, 23 Quai du Commerce, 1080 Bruxelles...Un film sur le besoin pathétique d'agir, sur l'angoisse du changement et sur l'aliénation d'une femme à la réalité déprimante. L'un des plus grands films du cinéma francophone des années 1970.
    Anaxagore
    Anaxagore

    114 abonnés 135 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 6 février 2008
    «Jeanne Dielman» (1975) est très certainement le chef-d'oeuvre d'Akerman. La réalisatrice y dénonce une certaine manière d'aliénation de la femme avec une incroyable efficacité. Elle filme, trois heures durant, avec une précision chirurgicale, les faits et gestes quotidiens d'une veuve qui vit seule avec son fils dans un appartement bruxellois et qui, pour arrondir ses fins de mois, se prostitue. Akerman a le génie de nous faire ressentir en profondeur le vide existentiel d'une femme littéralement abrutie par la répétition quotidienne des mêmes tâches ménagères, au point de nous faire comprendre de l'intérieur son geste final désespéré. La mise en scène méticuleuse, qui assume l'héritage de films expérimentaux comme «Hôtel Monterey», est tout à fait remarquable. Basée sur de très longs plans fixes, elle épouse, en temps réel, une vie réglée comme du papier à musique où le moindre désordre, qui semblerait insignifiant dans une mise en scène concise et rapide, acquiert les dimensions d'une véritable tragédie (les pommes de terre trop cuites!). On ajoutera, pour celles et ceux qui ont connu la ville de Bruxelles dans les années 70, que la réalisatrice traduit à merveille l'ambiance très particulière qui était jadis celle de la capitale belge, avant qu'elle ne perde son âme! Un film extraordinaire!
    Nelly M.
    Nelly M.

    81 abonnés 525 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 29 septembre 2008
    En 2008, constitue une épreuve pour le spectateur, on ferait plus court aujourd'hui, surtout la première bobine. Comme l'entracte permet de souffler, la seconde partie passe vite, l'envoûtement gagne, quelque chose dans la mécanique pourrait donc craquer ? Toute femme "élevée dans les traditions" va rire d'elle-même ou d'une de ses proches : car c'est un cours de maniaquerie autorisant à s'identifier en sortant à Jeanne l'austère, qui ne peut élever son esprit trop longtemps hors de ses tics d'intendante, mais enfourne ses cuillerées de soupe avec l'incorrigible sensualité de Delphine Seyrig ! Bruits de la maison bourgeoise (ascenseur, chaudière, large place au gaz, café qui passe, portes et interrupteurs, toutes choses actionnées autant de fois qu'il le faut), va et vient du porte-bébé aux chaussons roses, cérémonial des habitués (cette soupière à billets !), tête à tête avec le fiston occupé à s'inventer un accent qu'il pense le fin du fin. Un humour décapant hante l'ensemble, les petits riens de l'existence sont mis à mal, mais rassurent d'une autre façon... A voir bien reposé surtout. A l'avantage de donner la fringale !
    Antonin T.
    Antonin T.

    37 abonnés 48 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 juillet 2014
    Un film hypnotique, un film fleuve, un film monde
    3heures durant lesquelles ont restera, nous spectateurs, plonger dans un monde à part, dans la vie de Jeanne Dielman.
    max6m
    max6m

    61 abonnés 180 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 mars 2009
    Qui oserait aujourd’hui faire un tel film, prendre un parti pris formel aussi radical? Celui qui n’aurait que faire de son suicide commercial assuré… 72 heures de la vie d’une ménagère en 3h18 de film : entre la vaisselle, les repas, la douche, les courses, le tricot, les devoirs du fiston, le tout, bien entendu, en temps réel. Et pour en rajouter une couche, la veuve en question est très maniaque, enfermée dans le mutisme et dans une routine quotidienne à la mécanique huilée à la perfection…ou presque. Car à partir du 2ème jour (1h30 de film tout de même), de petits dérèglements mineurs vont apparaître mais vont prendre des proportions énormes dans le dérèglement psychologique de cette femme la conduisant, à la fin du 3ème jour, à franchir le seuil de non retour dans un acte irréparable mais libérateur. Je n’ai rien à reprocher à ce film. Le travail de la mise en scène est en parfaite symbiose avec le propos, celui de l’aliénation et de l’horreur du quotidien, avec notamment des cadrages d’une intelligence remarquable. Le travail sur le temps, très prégnant, est extraordinaire, nous permettant de véritablement vivre de l’intérieur l’abrutissement de cette femme. Mais on peut s’interroger sur ce qui reste aujourd’hui de ce film. En 1975, on imagine que le film a véritablement marqué les spectateurs. L’audace et la radicalité de sa mise en scène, au service d’un tel propos, avait assurément tout pour séduire. Mais qu’en est-il aujourd’hui? La réputation du film est telle qu’on en connaît désormais tous les tenants et aboutissants avant même de l’avoir vu. On aura donc parfois du mal à ne pas trouver le temps long. Nous nous retrouvons conscients de ce qu’il faut qu’on ressente, puisque nous en connaissons la finalité. Le film n’échappe donc pas, en partie du moins, au «concept» : «l’idée» directrice prend le pas sur ce qu’il nous est donné à voir. Heureusement, le travail cinématographique est tel que Jeanne Dielman gardera toujours tout son intérêt visuel.
    Plume231
    Plume231

    3 472 abonnés 4 639 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 janvier 2013
    Voilà une oeuvre que l'on peut considérer dans un certain sens comme expérimentale mais qui surtout montre remarquablement comment le quotidien morne et répétitif peut être source d'aliénation. Quand on se surprend à penser qu'on a oublié de cirer ses chaussures au moment on voit la protagoniste le faire avec celles de son fils ou qu'on trouve le maximum d'excitation comme elle dans la recherche d'un bouton à travers quelques boutiques, on se dit que la réalisatrice Chantal Akerman a bien fait son travail en réussissant à nous faire entrer en empathie avec le personnage. Son dérèglement psychologique est subtilement montré ; d'abord par des signes à peine perceptibles avant de devenir de plus en plus éloquents. La direction d'acteurs est monocorde, bressonienne, et si à ce petit jeu là le comédien qui joue le fils n'est pas super-terrible par contre Delphine Seyrig est magistrale, parvenant à donner beaucoup de profondeur à son personnage avec pourtant presque rien. C'est très loin d'être le film le plus facile à voir, de par sa longueur, de par sa totale absence de rebondissements si ce n'est un sur la fin, de par son rythme terriblement lent mais le jeu en vaut largement la chandelle ; il faut le voir pour le comprendre.
    jroux86
    jroux86

    6 abonnés 43 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 mai 2023
    Jeanne Dielman n’est pas un film facile. L’action se déroule sur trois jours et se focalise sur le quotidien de Jeanne, veuve et mère au foyer, la plupart du temps dans son appartement bruxellois. Le linge, la vaisselle, le ménage, la cuisine remplissent ses journées qui ne s’achèvent qu’avec le retour du lycée d’un fils taiseux, qu’elle élève seule. Il y a les passes aussi, l’après-midi, pendant la cuisson des pommes de terre. Durant ces journées qui ressemblent à toutes les autres, peu de mots sont échangés, peu de musique pour égayer la morne routine. La caméra d’Akerman se concentre exclusivement sur les gestes de Jeanne, rythmant son quotidien comme le film, s’attardant sur leur aspect répétitif, cérémoniel. Ces gestes sont sûrs, ostensiblement sûrs, précis, presque implacables. Ils sont montrés dans leur durée quasi réelle - ainsi lorsque Jeanne fait la vaisselle, dos à la caméra, on la voit laver puis rincer du premier au dernier couvert. Cette gestuelle, orchestrée avec beaucoup de soin, forme une boucle infernale, un rituel qu’on devine immuable dans lequel s’est enfermé le personnage - comme tant d’autres.

    Afin de nous faire éprouver ce quotidien très répétitif, Chantal Akerman mise sur la longueur des plans et étire ceux-ci à n’en plus finir. L’attention du spectateur est donc mise à rude épreuve mais cette litanie de gestes est découpée et cadrée avec une telle précision - l’importance des raccords avec ces portes qui s’ouvrent et se ferment, ces lumières qui s’allument puis s’éteignent - que, curieusement, l’intérêt se maintient. A cette série de longs plans s’ajoutent des éléments dont la présence intrigue : le soir, dans la salle à manger, cette lumière provenant de l’extérieur et qui ne cesse de clignoter ; ou encore cette chambre au fond du couloir dans laquelle Jeanne se vend à des inconnus, chambre qui se trouve entre la salle à manger et la cuisine, témoin (ou peut-être juge) des incessants va-et-vient de l’héroïne. Sont-ils le signe d’une catastrophe imminente ?

    Et puis vient le moment de bascule, presque imperceptible. Un grain de sable dans cette mécanique du quotidien dans laquelle nous nous sommes lentement mais sûrement laissés embarquer. Tout va se dérégler dans la vie de Jeanne et qui, à part nous, peut s’en apercevoir ? Car c’est dans les infimes détails de cette mécanique, qu’on a vue parfaitement huilée, que va se situer une fêlure, peut-être jusque-là évoquée de manière très lointaine, presque abstraite. A compter de cet instant, la tension sera de tous les plans : un bouton de robe de chambre qui n’a pas été correctement attaché, un couteau qui tombe, un regard un peu absent… Que se passe-t-il dans la tête de Jeanne ? Serait-elle en train de sombrer ? Que cache cette fragilité qui s’incarne soudainement dans les tout petits détails de sa monotone existence ? Et c’est précisément là que le génie d’Akerman nous éclate à la figure. C’est parce que la radicalité de sa mise en scène nous a fait ressentir l’immensité du gouffre au bord duquel Jeanne se trouvait que nous nous mettons à chercher les signes, minuscules, du désastre qui s’annonce. C’est parce que chacun des gestes, chacun des plans s’est répété ad nauseam que cette chorégraphie de l’ordinaire, devenue grâce au lent écoulement du temps si familière, révèle ce qui s’y cachait : la fragilité de l’héroïne.

    Un exemple parmi tant d’autres : lors du deuxième jour, avant que tout ne bascule, Jeanne cire les chaussures de son fils au petit matin. Elle procède de manière très méthodique, avec des gestes secs : d’abord la cire, ensuite la brosse, enfin le chiffon. Et puis, le jour d’après, la même scène, mais entre-temps il y a eu le grain de sable. Cette fois-ci, et la nuance est importante, les gestes sont effectués dans un ordre différent. Et étrangement, dans ce presque rien, la tension est palpable. Pourquoi l’ordre a-t-il changé ? Pourquoi Jeanne a-t-elle oublié de passer le chiffon ? Que lui arrive-t-il ? Le regard du spectateur se retrouve suspendu au moindre changement dans la gestuelle millimétrée du personnage, remarquablement interprété par Delphine Seyrig. Le diable n’a, au cinéma, sans doute jamais été autant dans les détails. Fascinant.
    zinjero
    zinjero

    18 abonnés 192 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 30 décembre 2010
    À contourner, peu importe les critiques et les notes, à voir absolument pour un endormissement culturel certain.
    Ne ratez pas la plus grande blague belge de tous les temps.
    L'adresse de Jeanne ? 1080 Bruxelles
    1080 pour les 3 tours d'horloge.
    Bruxelles, célèbre pour ses choux, et désormais son navet...
    Serge K
    Serge K

    10 abonnés 347 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 3 novembre 2020
    Dans ce film, on entre …ou pas, moi, j'y rentré avec bonheur,bien sûr il faut aimer les plans fixes très très longs, même si la fin est " particulière "je n'ai pas vu les 3h30 passer, je vous le recommande vivement
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