Seulement quelques mois après Plonger sorti fin 2017, Mélanie Laurent revient avec Galveston, son premier film tourné aux Etats-Unis avec des acteurs américains. La réalisatrice se rappelle comment elle est arrivée sur cette production : "On m’a envoyé le scénario puis j’ai discuté avec Tyler Davidson, le producteur. On a échangé sur le script, il m’a posé des questions sur la vision que j’avais du film et de ce qu’il pourrait être... Je crois qu’il avait envie de travailler avec une réalisatrice européenne et je rêvais de réaliser un film américain. Donc…"
Galveston se distingue également des précédents longs métrages de Mélanie Laurent de par sa brutalité. Cela n'a rien d'étonnant, lorsque l'on sait que le film est adapté du roman du même nom de Nic Pizzolatto, qui avait fait des merveilles avec la première saison de la série policière True Detective.
Décidément habitué à l'Amérique profonde, comme ses prestations dans Les Amants du Texas et Comancheria l'ont montré, Ben Foster campe la petite frappe Roy Cady, un rôle qui était dans un premier temps attribué au Belge Matthias Schoenaerts (De rouille et d'os).
Elle Fanning incarne une adolescente prostituée surnommée Rookie et qui croise la route de Roy. C'est le metteur en scène Mike Mills, ayant travaillé avec Mélanie Laurent dans Beginners et avec Fanning dans le récent 20th Century Women, qui a poussé cette dernière à rencontrer la réalisatrice française en vue d'une éventuelle collaboration.
Galveston puise son inspiration dans l’âge d’or du roman noir : des personnages désemparés, sans réel passé (si ce n’est plutôt sombre), avec peu d’avenir… Le film est d’une grande humilité vis-à-vis d’eux, et toujours sur un fil... Mélanie Laurent justifie ce parti-pris : "Pour ne jamais tomber dans le pathos. Pour être proche d’eux, sans les juger. En s’attachant à eux, en voulant qu’ils s’en sortent. En y croyant pour et avec eux. Le scénario était un peu bavard, parfois misogyne. On a beaucoup enlevé de texte, on a rajouté des silences et on les a laissé respirer parfois..."
Mélanie Laurent explique comment elle a dirigé les acteurs américains Elle Fanning et Ben Foster : "De la même manière qu’avec n’importe quel acteur. Avec amour, respect... En essayant de créer un vrai lien, un vrai plaisir à travailler ensemble ... Je trouve que j’ai beaucoup de chance. Je tombe toujours sur des acteurs qui ont une belle âme, de belles personnes... Quand les acteurs se sentent en confiance et qu’ils sont heureux de venir travailler chaque jour, ils ont une générosité sans limite. Et c’est toujours un cadeau de filmer certains moments de grâce, quand ils vous les offrent..."
Mélanie Laurent se rappelle que l'étape du montage de Galveston a été la plus difficile. La réalisatrice a même pensé, à ce moment, qu'elle allait perdre son film. Elle confie : "Mais je pense au final avoir pu aller au bout de mes idées et faire le film que je voulais. Marc Chouarain a composé la musique en 5 jours. On a travaillé dans l’urgence et peut-être que, finalement, cette urgence a servi au film. Et au final, tout s’est bien passé."
Sur Galveston, Mélanie Laurent fait à nouveau équipe avec Arnaud Potier, son directeur de la photographie habituel, après Les Adoptés et Respire. La cinéaste se rappelle : "La lumière du Texas, la fin des années 80, les décors, les acteurs, les situations... Tout prêtait à se réinventer. Mais on a travaillé de la même façon que sur les autres films. Des heures à puiser dans les photos qui nous inspirent, à créer des moodboards, à imaginer les plans de chaque séquence avec des maquettes et des petites figurines. La grande nouveauté c’était les séquences de violence, de poursuites, de meurtres… Je voulais les aborder comme des ballets. On a pas mal dansé sur ce film…"