“Valérian et la Cité des mille planètes” est un film à part dans le cinéma poussiéreux français d’aujourd’hui. Bien qu’il soit le bienvenu pour en redonner des couleurs déjà bien trop ternes, son ambition n’enlève pas les innombrables défauts du récit.
Tout d’abord, le scénario, prévisible et simpliste jusqu’au bout ! Par exemple, dès l’apparition du personnage de Clive Owen (ici en service très minimum côté acting), on devine la fin. Le scénario est téléphoné, on parvient à tout anticiper d’avance et la fin ne réserve aucune surprise. Il arrive même que l’on ne comprenne rien à ce qui s’y passe (On perd près de 5-10mn dans le film quand Loreline va chercher la méduse après qu’on lui ait suggéré, puis convaincu le pilote de voyager pour en trouver une, puis pour revenir afin qu’elle lui indique où se trouve Valérian qu’elle retrouve en 1 seconde !). Le sous-propos sur le pillage des ressources naturelles -écho à notre planète- la destruction d’un habitat naturel et des peuples autochtones est d’actualité et intéressant, mais peu exploité. D’ailleurs, on oublie ce sous-propos très rapidement.
Il est vrai que chez son confrère d’Avatar (auquel on n’arrête pas de comparer “Valérian”), le propos sur l’écologie était plus prégnant et plus efficace. La comparaison avec le film de James Cameron est souvent dressée dans les nombreuses critiques de "Valérian". Pourtant, j’ai trouvé que le film de Besson parvenait quand même à s’en départir. Et puisque l’on parle de comparaison avec Avatar, on ne peut s’empêcher, il est vrai, de comparer les personnages du peuple Mul avec celui des Na’vis, grands personnages longilignes au plus près de la nature.
D’ailleurs, côté personnages et casting, on est dans un grand n’importe-quoi qui frôle le ridicule ! Les personnages sont sans saveur, creux, quelconques, sans personnalité et oubliables. On ne s’attache à aucun d’eux et même on se contrefout de leur vie. Comment avoir de l’empathie pour des personnages qui ne dégagent rien et pour lesquels les acteurs ont l’air de s’ennuyer fermement ? Clive Owen ne fait que passer (on l'oublierait presque du film), Ethan Hawke vient toucher son chèque et Alain Chabat est ici incognito. Voilà pour les ”stars” du casting.
Dane DeHaan et Cara Delevingne n’ont aucune alchimie ni aucun charisme. Delevingne est au maximum de ses capacités d’actrice. Son personnage est insupportable, capricieuse, énervante et chiante. Sa façon de marcher, de bouger et ses expressions n’ont rien d’une actrice. Elle se déplace comme ce qu’elle est : une mannequin payée pour ça et Besson la film de la même façon. Tandis que Valérian reboutonne sa chemise, elle, la laisse ouverte. Elle n’est d’ailleurs pas la seule dans ce cas précis. Besson filme tous ses personnages féminins comme des sculptures, modèles et produits qu’il faut vendre aux spectateurs. Il s’érige alors en Michael Bay français jusque dans son choix de casting.
Les “acteurs” du peuple Mul ne sont d’aucune consistance. Dès les premières images, leur visage, leur physique (bien que modifié), bref leur apparence laissent une vague impression. Après de petits doutes et un tour sur internet qui confirme cesdits doutes, oh on découvre que ce sont toutes des mannequins ! Ici, pas besoin de CGI, on l’avait déjà deviné. Un casting à la Besson qui repose entièrement sur de “belles gueules” au profit de réels acteurs. Idem avec le Sergent Neza et Rihanna chez laquelle on perd un temps fou à regarder son numéro mais bon, ça attirera forcément les jeunes. Et par dessus tout, ils sont tous mauvais acteurs.
Concernant les dialogues, c’est une agonie ! On a l’impression que c’est un ado boutonneux qui l’a écrit. “On va te redonner du sex appeal”, dit Loreline... au petit monstre des Mul ! Puis ça déblatère tout au long du film sur l’amour et tous ces clichés qu’on a déjà entendus maintes fois dans d’autres oeuvres. Pour la leçon de moral, on repassera. La VF de Loreline est absolument exécrable ! Doublée par Soko -qui ferait mieux d’arrêter le doublage- et qui est aussi vive qu’une plante morte ! Aucune intonation, aucune intensité, aucun jeu dans la voix qui ressemble plus à une simple lecture en classe qu’un jeu d’acteur. Insupportable tout au long du film.
La vraie force de “Valérian et la Cité des milles planètes” repose sur son production design, très soigné, et les effets spéciaux (merci Peter Jackson et les studios Weta) superbes. On devine des fonds verts en début de film, mais l’ensemble est très respectable, une réussite.
Sauf que cette qualité d’image et la mise en scène (pas mauvaise) n’enlèvent en RIEN tous les défauts cités jusque là. Plus tape-à-l’oeil avec un côté racoleur, l’ambition de Besson est laissée au profit d’un scénario peu recherché et d’un casting qui frise le ridicule. On saluera tout de même la nouveauté dans le cinéma français, même si on sent le tout comme un énorme gâchis.