"La Tortue Rouge", contrairement à ce qu'affirme la presse, ne se suffit pas de sa seule esthétique et de son seul trait de dessin ou d'aquarelle...
Aussi belles soient les images et la musique, cette fable poétique, même si elle nous touche à ses débuts, n'arrive pas a décoller de ses propres ailes...
L'intention était bonne, mais à force de douceur, de lenteur et de délicatesse, l'histoire se prend à son propre piège, celui de d'affadir durablement sans qu'aucun élément décisif n'arrive à véritablement nous atteindre !
Un peu à l'image de la littérature enfantine, chic et très formelle d'aujourd'hui, ce cinéma en reproduit les mêmes caractéristiques, avec un souci de vouloir épurer un maximum de choses, de rester léger, simple au point de gommer les mots pour raconter...
On aurait tant aimer des paroles, des vrais textes, beaux et puissants dans la bouche de ces trois personnages, afin de les rendre vivants, expressifs et attachants !
Les laisser aussi peu aboutis, peut sans doute séduire et suffire pour certains, mais on ne peut que rêver d'un véritable scénario meublé d'échanges passionnants afin de faire vibrer autrement cette belle fable onirique un peu trop sage et gentille en l'état, même si l'utilisation de symboles et le fond d'écologie veulent prouver tout le contraire.
Toujours cette forme, cet emballage soigné, comme si à lui seul, il était une fin en soi, alors qu'un minimum d'audace et de surprise l'aurait transformé littéralement !
Devant tant de travail, tant de soin et de raffinement, il y a donc un gros sentiment de frustration et de quoi être déçu par ce film d'animation de Michaël Dudork De Wit, en collaboration avec le studio Ghibli...
Dommage d'avoir cédé une nouvelle fois à l'air du temps !