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soniadidierkmurgia
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4,0
Publiée le 24 avril 2014
Une petite perle du grand Sacha Guitry qui entend tirer la substantifique moelle du talent d'un Michel Simon au sommet de son art protéiforme, tout juste sorti de sa prestation grandiloquente dans "La beauté du diable" de René Clair. Ce film subversif est l'occasion pour le maître de régler ses comptes avec la justice après avoir souffert de l'opprobre à la sortie de la guerre. Bien avant tout le monde Guitry avait vu le risque de la médiatisation des juges et avocats. Un as du barreau aux cent acquittements cède aux sirènes de la radio et explique en direct sa méthode infaillible pour faire acquitter les époux criminels. Il n’en faut pas plus pour susciter des vocations immédiates dans l'esprit de pauvres bougres chez qui l’idée n’avait pas encore germé. Le décor planté, Guitry nous plonge directement au cœur d’une bourgade française typique de l’époque, où se joue un drame de l’alcool. C’est l’occasion pour le grand Sacha de nous montrer lors de trois scènes mémorables comment un sans grade un peu futé peut prendre les puissants à leur propre piège. Michel Simon magnifique de fausse naïveté prend un malin plaisir à rebondir sur les paroles de l’avocat ou du juge en prenant simplement leurs dires au pied de la lettre. Une attaque ad hominem en quelque sorte de Guitry contre le monde judiciaire et ses codes. Du grand art. On se régalera au passage du générique où Guitry comme il le fait à chaque fois rend hommage à tous ses acteurs, du plus grand au plus petit, sans oublier les techniciens sans qui le cinéma ne se ferait pas. Tout cela ressemble quelquefois à du Renoir le naturalisme en moins.
Un petit chef d'œuvre d'humour noir et de cynisme dans lequel tout le monde en prend pour son grade. La charge est intelligente et Michel Simon est tout simplement génial dans ce film, mais Germaine Reuver qui joue le rôle (fort ingrat) de Blandine est également assez fabuleuse. La scène du tribunal est grandiose et peut rivaliser haut la main avec celles de pas mal de films américains (pourtant grands amateurs de ce genre de choses). Les curieux auront noté la présence de De Funes parmi les petits rôles, mais ce détail ne mérité aucun commentaire particulier.
Un bijou de Sacha Guitry qui en fait un très grand film de l’après-guerre, film d’humour noir, drôlissime et cynique à point Sacha Guitry cisèle des dialogues splendides et filme avec gourmandise un Michel Simon inoubliable. Un modeste, madré, qui se rit des grands, qu’ils soient ténors du barreau ou juges, en les prenant à leurs propres contradictions. Il en profite pour égratigner avec finesse et la justice dont il a appris à se méfier et la vie étriquée des provinciaux d’alors. Le film commence par une présentation de toute l’équipe du film, y compris les accessoiristes, par Sacha Guitry qui délivre un mot gentil à chacun. Voilà un générique génial ! Puis s’ensuit un festival d’esprit qui enchante juqu’au triomphe final.Et l’on peut apprécier la vista de Guitry qui dénonce déjà la médiatisation des ténors, des juges et autres procureurs.
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4,0
Publiée le 10 septembre 2019
L'une des oeuvres majeures de Sacha Guitry! Film après film, ce grand amoureux du thèâtre ne cessa de dèmontrer son immense talent! Dans "La poison", une question se pose inèvitablement! A savoir comment supprimer sa propre èpouse qui boit trois litres de vin par jour en prenant la justice à son propre piège ? Michel Simon, en monstre sacrè qu'il ètait, livre ici une performance èblouissante et unique de bougon mariè à une femme qui a l'allure et les manières d'un homme! C'est noir, grinçant à souhait et surtout très drôle! La dècadence d'un couple selon Guitry, avec une prise par plan pour Simon et un tournage de onze jours seulement! A l'arrivèe, "La poison" est un grand classique du cinèma français! Louis de Funès y joue même les seconds rôles! Un remake assez rèussi a d'ailleurs vu le jour en 2001, "Un crime au paradis", avec l'excellent trio Villeret / Balasko / Dussolier...
Dans un petit village de province, Paul Braconnier, interprété par le formidable Michel Simon, ne supporte plus sa femme qu’il juge acariâtre et alcoolique, mais il le lui rend bien. Un soir, il entend une interview radiophonique d’un avocat qui vient d’obtenir son 100ème acquittement. Ni une ni deux, il va le rencontrer prétextant d’avoir tué sa femme et en profite pour récolter des informations en vue de commettre le crime parfait. Rien que le pitch est à la fois drôle, choquant, très noir et très immoral. Dans cette période d’après-guerre, tout le film montre la bassesse de l’Homme. Guitry en profit ici pour régler ses comptes avec la justice, lui qui fit 60 jours de prison à tort pour collaboration prétendue. Donc son film est un pamphlet quasi anarchiste sur les systèmes judiciaires humains et l’intégration de la morale à la justice. Aussi ça ne serait pas du Guitry si une misogynie frontale n’était pas au rendez-vous. Paul Braconnier domine le récit en présentant sa femme comme une atroce mégère, le film lui donne moralement raison de commettre un meurtre en toute impunité, et même lui donne le droit de se faire passer pour une victime. Un humour noir fin porté par de superbes dialogues balancé avec talent par Simon jalonne tout le film jusqu’à l’apothéose du procès final. Et dire que le film ne fut tourné qu’en seulement 11 jours, Simon ne voulant faire qu’une prise à chaque plan ; ayant le sentiment de surjouer dès la seconde. Donc Guitry eût la fabuleuse idée lors du 12ème de tournage de faire un générique d’une originalité folle ; il présente toute l’équipe aux spectateurs, techniciens et comédiens, un à un avec un petit mot pour chacun. Un très grand film français d’après-guerre. tout-un-cinema.blogspot.com
Le film commence par un générique où Sacha Guitry en personne complimente les acteurs et l'équipe technique. C'est un peu lourd mais on est dans le ton : c'est du Guitry, ça ne fait aucun doute. Et du grand en plus. Car une fois que le film commence, c'est avec bonheur que l'on suit Paul Braconnier échafauder un plan pour tuer sa femme, véritable mégère. Il faut dire que l'auteur sait manier les mots comme personne et si sa mise en scène est un peu plate, il offre à Michel Simon un rôle sur mesure, l'acteur étant parfait en mari lassé, un peu déprimé mais diablement intelligent quand il s'y met. Les dialogues sont vraiment irrésistibles et portent l'histoire à eux seuls, permettant aux personnages et à l'intrigue (dénonçant une certaine justice française) d'être passionnants et de nous faire passer un excellent moment.
Le générique introductif, original et plaisant, dont seul Sacha Guitry a le secret, nous met d'emblée dans le bain. Au passage, un petit uppercut à ceux qui l'ont incarcéré après la guerre quand il dit à Pauline Cardon au sujet de la prison que son décor est exact car il a été réalisé à partir de ses souvenirs. Incarcération visiblement pas encore digérée... En tout cas on se doute qu'on va passer un agréable moment de Cinema. La suite ne l'a pas contredit. Sacha Guitry pousse le cynisme à son paroxysme. Un couple marié depuis 30 ans ne se supporte plus, à tel point que les 2 époux ont fâcheusement envie d'éliminer l'autre. L'une avec de la mort aux rats et l'autre à l'aide d'un avocat infiniment talentueux qui défend les meurtriers et qui gagne tous ses procès. S'ensuit alors une pléiade de dialogues savoureux et un jeu d'acteur de très haut vol. Michel Simon en tête, qui confirme qu'il est un immense acteur. La scène où il va voir son avocat (Jean Debucourt exceptionnel !) est purement jouissive. Le côté malsain de ce mari qui dupe son avocat, en prêchant le faux pour avoir le vrai, dans le but d'avoir toutes les ficelles du meurtre parfait avant de l'accomplir, est juste cultissime. Idem pour la scène finale au tribunal où Michel Simon se laisse totalement emporté par cette affaire, mentionnant notamment au jury que s'il n'avait pas accompli cet acte, il ne serait tout simplement plus là pour se défendre et sa femme serait au moment-même à sa place. Très fort. Une histoire bien ficelée, avec un rythme bien soutenu qui ne manque pas non plus de souligner l'hypocrisie des villageois qui s'intéresse de près à cette affaire dans le seul but de créer un peu de notoriété à leur village. Intéressant aussi de voir Louis de Funès dans un rôle mineur mais néanmoins annonciateur de son succès à venir.
Fantastique ! Michel Simon était un formidable acteur, nous le savions déjà, mais là... il excelle ! Comment réussir comédie plus noire ? Comment trouver une idée plus formidable que celle qu'à Paul Braconnier pour tuer son immonde femme ? Malgré une réalisation un peu vieillissante, ce film est un authentique chef d'oeuvre qui redonne le goût du cinéma à quiconque l'aurait perdu dans les méandres des "Taxi" et autres "Gomez et Tavarez". Une vraie bonne comédie avec un vrai scénario original... Une perle rare en somme. A voir absolument impérativement !
Du grand Michel Simon dans une comedie cruelle et intelligente. Tous les acteurs sont excellents et le scenario tres original (rien a voir avec le remake avec Balasko). Une particularité, le générique est filmé et présenté par S. Guitry himself. Chapeau (haha) bas.
Guitry nous a si souvent habitué à la finesse qu’on a besoin d’un certain temps pour accepter la lourdeur et la vulgarité de ce drame. Mais, comme tout est voulu et maitrisé il faut savoir passer outre et même pardonner ces excès tant le spectacle populaire y trouve son compte, tant les dialogues sont brillants et tant l’intelligence est grande. Chaque français des années 50 pouvait profiter totalement de ce film sans pour autant être sorti de normal sup. Comme en plus tous les acteurs sont a complimenter et que l’on soit plus au cinéma qu’au théâtre il n’ y quasiment rien à critiquer. L’humour est présent de bout en bout à commencer par le pharmacien du village normand qui laisse compulser son ordonnancer à la mercière, une des commères de l’endroit. Celle ci ne se prive pas à sa lecture de commentaires ironiques sur ses concitoyens. Le reste est surtout l’affaire de Michel Simon qui par ses mimiques et ses dialogues savoureux provoque l’indignation de ses interlocuteurs. Jean Debucourt en sera la grande victime et le trio de juges n’échappera pas aux réflexions acerbes qui remettent en question la société d’après guerre. Pauline Carton refera un grand numéro lors du procès et Jeanne-Fusier-Gir agrémentera tout le long ses bouquets de fleurs de noms de fêtes appropriées à l’action. Albert Duvaleix en curé s’en donnera aussi à coeur joie. En vérité on rit beaucoup, on jubile intérieurement et on s’indigne fort peu devant autant de malhonnêteté intellectuelle. C’est surement cela une des recettes du succès de ce chef d’oeuvre de plus de 60 ans passés.
Certains films seraient difficilement réalisables de nos jours ! C’est ce que l’on se dit en voyant La Poison. Il faut reconnaître que, dans ce film, Sacha Guitry fait preuve d’une misogynie assez évidente et plus généralement d’une vision assez critique de l’humanité. Cependant, ce qui aurait pu paraître comme une ambiance rance arrive à être assez acceptable grâce à un humour très efficace basé sur un certain sens du loufoque (Braconnier qui fait dire à l’avocat la meilleure manière de tuer sa femme et ainsi le rend complice, son acquittement suite à une plaidoirie digne du Chaplin de Monsieur Verdoux) et sur le sens du dialogue inné de Guitry. Comme toujours, le cinéaste s’entoure d’acteurs brillants (Germaine Reuver, Jean Debucourt, Louis de Funès, Pauline Carton…) menés par le grand Michel Simon qui semble s’amuser dans son rôle d’homme ne supportant plus sa femme. De plus, et c’est un peu ce qui le différencie de Marcel Pagnol auquel il est souvent associé pour la théâtralité de son cinéma, Guitry se permet de belles audaces de réalisation : l’introduction du film souligne l’artificialité de celui-ci en présentant un à un les comédiens et les techniciens par l’auteur qui explique aussi un peu ses intentions d’artiste, les raccords entre les séquences donnent lieu à des effets de transition visibles et la mise en scène fait preuve d’une véritable originalitéspoiler: dans sa manière de présenter le procès et le verdict (en alternant ceux-ci avec des enfants les reproduisant) . Avec La Poison, Sacha Guitry réalise donc un petit chef-d’œuvre amoral, amusant et très plaisant.
Un homme qui, sans avoir la tête de l'emploi, va tuer sa femme tout en recueillant (au préalable) habilement des conseils d'exécution auprès d'un avocat et réussir à se faire acquitter au terme d'un plaidoyer aussi brillant que surréaliste. Quand je vois et entends des choses pareilles, je me demande comment j'ai fait à l'époque pour sous-noter un pareil film. Un manque d'expérience, de mauvaises dispositions, je ne sais pas. Mais, revoir "La poison" avec quelques 10 ans de plus m'a fait prendre conscience de pas mal de trucs m'ayant échappé autrefois. Ce coup-ci, j'ai été pleinement réceptif à tout, je dis bien tout. À cette histoire aussi fantaisiste que cynique, à ses dialogues d'une autre galaxie, relevant de la pure friandise auditive et à ce casting remarquable, guidé par un gigantesque Michel Simon. En clair, tous les feux sont au vert. Nul doute que si Guitry officiait de nos jours, il aurait vu sa tête mise à prix s'il avait sorti un film pareil.
Quel plaisir de découvrir sur grand écran dans une version restaurée « La poison », film de Sacha Guitry sorti en 1951 … et dont le remake est « Un crime au paradis » de Jean Becker sorti en 2001. Dans « La poison », c’est Michel Simon qui tient le rôle de Paul Braconnier, horticulteur à Remonville, un petit village isolé en déperdition près d’Evreux, et qui rêve de tuer son épouse acariâtre. Michel Simon est extrêmement brillant dans ce rôle et lors de son procès il s’avère plus ironique et caustique que Jacques Villeret avec même quelques coups de griffes contre la justice. Blandine, son épouse, est interprétée par Germaine Reuver avec un rôle moins développé que celui tenu par Josiane Balasko dans le film de Becker … cf. probablement la misogynie de Guitry. L’avocat au 100 acquittements - Maître Aubanel – est interprété par Jean Debucourt de la Comédie-Française avec autant de finesse que André Dussollier mais « La Poison » annonçait le risque de la médiatisation des avocats. Le rôle de la vieille institutrice joué par Suzanne Flon n’existe pas dans le film de Guitry et est « partagé » entre le curé du village et une jeune fleuriste. A noter parmi les villageois enchantés car ce meurtre fait revivre leur village et son commerce… un certain Louis de Funès ! Michel Simon a imposé une seule prise par scène et ce film a donc été tourné en 11 jours avec comme souvent un générique « présenté » par Guitry avec un mot pour tous les acteurs et techniciens dont Pauline Carton qui a su parfaitement reconstituer la cellule de prison que Guitry a connu après la guerre ! Un film qu’il faut voir – je pense – après avoir vu « Un crime au Paradis » pour mieux saisir encore toute la richesse du film de Guitry.
La ressortie en salles d'une dizaine d'opus de Sacha Guitry permet de revoir " la poison" en conditions optimales.
A travers l'histoire d'un couple qui se hait ( le prétexte sera abordé plus tard par Granier Déferre " le chat" et Pialat " nous ne vieillirons pas ensemble") Guitry reprend ici la réflexion qu'il avait conduite dans " le roman d'un tricheur" : celui de la prospérité du vice et des malheurs de la vertu.
Certaines scènes sont des moments d'anthologie. Michel Simon est une fois encore exceptionnel et son interprétation met en valeur les dialogues caustiques qui prennent la morale à contre-pieds.
C'est parfois très drôle et souvent d'une grande universalité thématique. On notera la présence de Louis de Funès dans un petit rôle. Un classique du cinéma du patrimoine.