Si on avait besoin d’une démonstration presque mathématique de la raison pour laquelle le MCU, s’il n’est pas encore mort, a quand même une drôle d’odeur, ‘The Marvels’ arriverait à point nommé. Alors, qu’est ce qu’on trouve à la cantoche Marvel cette fois-ci ? De la sororité, d’accord d’accord, c’est de saison. Un peu de multivers aussi, là aussi pour rester dans la logique dominante des dix derniers films. Une regrettable absence d’humour ou des vannes qui tombent à plat, des panoramas extraterrestres génériques, de bonnes idées vite abandonnées (la permutation des trois super héroïnes en cas d’attaque simultanée) et des idées gênantes (les Aliens qui s’expriment en chantant) : dans l’ensemble, rien qui fasse très envie. En outre, au cours des premières minutes du film, on ne comprend pas grand chose aux événements et aux liens qui unissent les personnages. C’est tout à fait normal, il aurait fallu regarder la série ‘Ms.Marvel’ pour être au parfum...mais pas de bol, j’avais piscine. A moins que…peut-être ces clés de compréhension, en tout ou en partie, figuraient-elles dans le premier film ? Alors là, c’est assez dingue aussi parce que ‘Captain Marvel’ est sorti il y a seulement quatre ans, je l’ai vu deux fois, dans mon souvenir je l’avais même trouvé plutôt pas mal…et je n’ai pas le plus petit souvenir du moindre élément de son scénario, ce qui en dit long sur la facture Fast-Food de l’écrasante majorité des productions Marvel. De toute façon, on devine rapidement que le McGuffin (un genre de gant de Thanos, mais en forme de bracelet, c’est plus féminin) va être utilisé, perdu, que la situation va partir en sucette avant la démonstration que la solidité des liens d’amitié/de famille recomposée ne permette d’inverser la vapeur. Alors, tout redeviendra comme avant et la némésis (à laquelle on aura donné une chance de se racheter qu’elle ne saisira pas, la sotte) sera anéantie, victime de sa propre démesure et du manque d’oxygène dans le vide sidéral. Et ce n’est même pas moi, avec mes dizaines de milliers d’heure de visionnage de films, qui l'ai prophétisé mais mon fils de 9 ans, c’est dire comme le procédé était évident.. Le plus étrange, c’est que Kevin Feige et son équipe avaient choisi en Nia DaCosta un réalisatrice indé prometteuse : non seulement elle a décampé avant la fin du tournage mais n’a pas pu s’empêcher de dire que ce n’était peut-être pas très bon mais que ce n’était pas non plus vraiment son film. Creux, caricatural, faussement sophistiqué, d’une vacuité que même les scènes numériques tonitruantes ne parviennent plus à dissimuler, ‘The Marvels’ est le témoignage le plus criant de la déconfiture d’un système qui pèche peut-être moins par son simplisme (après tout, c’est un film pour enfants et grands enfants) que par son incapacité à sortir d’un modèle narratif figé, la volonté absurde de Marvel de démultiplier les formats de sa narration globale (films, séries, jeux vidéo,...) et la pratique d’un tel matraquage que le spectateur n’a même plus le temps de “désirer” une nouvelle sortie.