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Bertie Quincampoix
81 abonnés
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4,0
Publiée le 15 avril 2024
Anatolie centrale, de nos jours. Emre, trentenaire idéaliste, est nommé procureur dans une ville en proie à des conflits liés à l’exploitation de son eau potable, qui entraîne la constitution soudaine de dolines, des cratères pouvant apparaître à tout moment y compris au milieu d’habitations. Incarné par l’excellent Selahattin Pasali, le procureur va faire face à deux défis de taille : spoiler: d’une part, la ville est gangrenée par la corruption d’un clan au premier rang duquel se trouve le maire tout-puissant de la ville. D’autre part, il va devoir affronter son propre désir homosexuel, en particulier à travers une relation ambiguë qu’il va établir avec un opposant politique local. Efficace, effrayant et passionnant.
« Burning Days » n’est assurément pas un thriller ordinaire. On retrouve certes une ambiance poisseuse, une situation initiale baignée de mystère (un jeune procureur remplace un prédécesseur étrangement disparu), et une tension permanente, accompagnant un jeu de dupes paranoïaque où honnêteté et manipulation se mêlent constamment, plongeant le spectateur dans un captivant malaise. Mais ce film vaut surtout pour le portrait, saisissant mais jamais manichéen, qu’il dresse d’une Turquie rurale et rétrograde, qu’un fossé sépare de l’élite progressiste d’Istanbul. Pour l’oscillation permanente entre réalisme quasi ethnographique et fantastique poétique, qui donne au long-métrage un esthétisme rare, mais jamais artificiel. Captivant et envoûtant, ce western tendu distille habillement le politique et la métaphore, pour prendre le pouls de la Turquie d’aujourd’hui avec une subtilité rare, qui rappelle la patte de Niro Bilge Ceylan. Un film intense, subtil et ambigu.
Le conflit originel, qui empêche tout dialogue et conduit inévitablement à la tragédie. Ce moment de bascule qu'est la rencontre, où tout se joue, entre deux mondes qui se regardent en chien de faïence, tant leurs valeurs ou leurs intérêts semblent être enracinés dans des territoires aux climats antagoniques. La rougeur du sang jaillissant du gibier mort, traîné en voiture dans toute la ville, repeint la rue principale et tranche avec la fraîcheur du costume et du teint du nouveau procureur arrivé le jour même. Faire respecter la loi et affirmer son indépendance relève de l'évidence pour ce jeune stambouliote, mais pas pour ses administrés. Il est naturel pour eux que la loi plie devant certaines coutumes. Philosophiquement c'est une reconnaissance de leur identité, rurale notamment, et en termes pratiques, la coutume était justement que les prédécesseurs tolèrent les écarts. La rigidité de cette posture légale, se présentant comme la vérité légitime, produit une violence symbolique que ses destinataires retourneront bientôt en violence physique. Avec les mêmes ressorts du conflit entre le citadin fraîchement arrivé face au travailleur rural ancré depuis toujours sur ses terres, décrits dans le film As Bestas, le moment de la rencontre conduit le second à considérer de manière inéluctable le premier comme son ennemi. Le citadin balbutie hâtivement et sincèrement des tentatives de dialogue, dévoile une certaine humilité et une volonté d'écoute. Mais le dénouement est déjà écrit pour ceux dont la colère se constitue en miroir du mépris qu'ils pensent percevoir dans le regard de ces élites qui leur imposent leurs choix.
Une réalisation turque au récit extrêmement confus et beaucoup trop tiède (certes le Moyen Orient ne bénéficie d'une grande liberté culturelle). Entre scènes répétitives ou qui ne vont pas au bout de leur intention, créant un sentiment constant de frustration chez le spectateur, ce film d'enquête peine à avancer et à convaincre, jusqu'au le final qui nous laisse en plan! Les décors d'ouverture sont tout de même impressionnants.
Superbe. Le film nous immerge en peu de temps. La musique, les acteurs, la lumière, l'ambiance, tout y est pour nous captiver. Le scénario joue beaucoup aussi : on s'interroge, on attend la suite, l'histoire fait vivre un mystère et c'est une grande force du film. J'ai été fasciné.
Thriller intéressant qui nous tient en haleine malgré ses longueurs. Le film tiraille notre sens du bien moral, de la vision de la politique et du journalisme au sein d'un petite village turc animé par la corruption et le populisme. Le final en eau de boudin surprend et souligne le trou béant qui divise la société
Présenté en sélection Un Certain Regard à Cannes, "Burning Days" s'impose comme un thriller judiciaire et politique captivant, explorant les ramifications de la corruption et des intrigues au sein d'une petite ville à travers le prisme d'un jeune procureur. Le soin apporté à la mise en scène confère au film turc une atmosphère évoquant celle d'un western, renforçant ainsi la paranoïa qui enveloppe le protagoniste central.
Un jeune procureur est envoyé en lointaine Anatolie pour poursuivre une enquête sur d'éventuelles irrégularités concernant l'approvisionnement en eau d'un village. Et là bas, plus qu'ailleurs, dans cette contrée écrasée par des journées brûlantes, l'eau, c'est la vie. Surtout qu'on est en pleine campagne électorale. Celui qui remplit les bidons d'eau, remplit aussi les urnes à son avantage. Rapidement, un jeu du chat et de la souris va s'instaurer entre le procureur et les notables du village. Pourra-t-il faire triompher le droit malgré une atmosphère de plus en plus oppressante et venimeuse? Et trouvera -t-il des alliés fiables dans sa quête de vérité? Grâce à la réalisation d'Ermin Alper, qui choisit de coller à son personnage principal, on s'identifie au procureur. Et on sent grandir l'intensité délétère du récit. Jusqu'à la scène finale emplie d'épouvante. Elle répond en course nocturne à celle du début du film, tournée sous un soleil éclatant. De même que le dernier plan fait écho au premier, nous dévoilant le gouffre conséquent qui réside entre deux conceptions de la justice en Turquie. La boucle est bouclée. Un western étouffant et implacable. Une réussite.
Un thriller politique haletant et étouffant, à la tension montant crescendo, qui suit l'arrivée d’un jeune procureur idéaliste dans la Turquie profonde, confronté au système mafieux des notables locaux. 3,75
Un jeune procureur frais émoulu de l'université prend son poste dans une petite ville provinciale. Il y découvre une population attachée à un mode de vie en décalage avec son éducation : relation à la chasse, poids de la tradition, de la famille dominante, la promiscuité, l'entre-soi, la surveillance de tous sur tous, et plus globalement tout ce qui fait une vie de village. Certain de ses principes et manifestement trop jeune pour comprendre ce qui se joue dans ce monde qu'il ne connait pas la vie de notre héros va se compliquer. L'ambiance globale du film est poisseuse à souhait et un peu malaisante. On appréciera ce film qui fait réfléchir sur l'intransigeance et la certitude que donne la jeunesse même brillante, la confrontation de deux mondes au sein du même pays La fin surprendra et laisse un peu sur sa faim. J'y vois une symbolique finalement pas inintéressante sur ce face à face d'un pays qu'on connait si peu finalement.
C'est un réquisitoire inquiétant sur la Turquie actuelle, sur le ton de la dénonciation de la corruption des élites (maire, docteur, juge,...). Pauvre Procureur épris de justice qui, au fur et à mesure de ses actes de "nettoyage" juridique voit une machination s'élaborer contre lui inexorablement. Il est posé, manie puissamment les silences ce qui donne des dialogues tendus à l'extrême. Ses interlocuteurs sont inquiétants (fils du maire et son collègue) dans une docilité sournoise qui prépare le cauchemar. L'usage des flash-backs enrichit le trouble de la situation d'une manière virtuose. Les effondrements pourraient être compris comme des métaphores évocatives de la décomposition de la société turque. Impressionnant!
Une belle photo et des plans séquences réussis ne font pas tout... Malgré un vif intérêt de découvrir ce thriller turc, on reste largement déçu au final. C'est long, lent, pas toujours très lisible, ambiguë...et surtout doté d'une fin incompréhensible. 2 heures de perdues, dommage car on y découvre un peu la ruraliité du pays.
Burning Days. Une intrigue pas des plus intéressantes pendant les trois quarts du film. Il faut attendre les vingt dernières minutes pour que le film ait une certaine ampleur. Trois étoiles.