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stell4rt
8 critiques
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5,0
Publiée le 28 novembre 2023
Les contes de la lune vague après la pluie est un chef d'oeuvre de poetisme. Le cinéma actuel devrait revoir ses classiques et prendre exemple. Ce film est en apparence très simple et propose pourtant une réflexion intéressante et profonde sur différents sujets. la loyauté, l'avarice, l'ambition. Ce film dépeint des personnages submergés par l'irrationalité de leur passion avec une grande lucidité. On ne s'ennuie pas une minute. A voir et revoir. Les niveaux de lectures sont multiples et il y a toujours une nouvelle manière d'aborder le film et son propos.
Durant l'ère Sengoku marquée par une terrible et interminable guerre civile, deux pauvres paysans, dans l'espoir de réaliser leur rêve et de revenir plus riche, quittent leur femme et leur village pour la ville. Sur la place du marché, alors qu'il vend ses poteries, une charmante et mystérieuse cliente vient à sa rencontre... Ce film dramatico-fantastique, aborde divers thèmes comme la guerre, la misère, l'amour, l'envie, le désir, l'homme... Le folklore nippon, plus profondément la sensibilité nippone, y est à mes yeux parfaitement retranscrite.
Wow ! Quelle claque ! Mizoguchi est vraiment au sommet de son art ! Une originalité et une histoire très original et impressionnante pour l'époque ! Excellent
Considéré comme l’un des chefs-d’œuvre du cinéaste japonais Kenji Mizoguchi (1898-1956), Les contes de la lune vague après la pluie est adapté de plusieurs histoires de l’écrivain nippon Ueda Akinari (1734-1809), l’une des figures littéraires de l’archipel au XVIIIème siècle. Débutant de manière réaliste, le film nous plonge progressivement dans des univers fantastiques destinés à illustrer une morale qui est peu tendre pour les personnages masculins. En effet le long-métrage raconte l’histoire de deux amis dont l’ambition folle – l’un, potier, rêve de vivre très confortablement de son art, quitte à vendre son âme aux morts, l’autre crève d’envie de devenir un samouraï – plongera leurs épouses respectives dans une déchéance totale. À travers ces contes moraux, Mizoguchi nous rappelait le danger de privilégier son destin personnel au détriment de l’attention apportée à ses proches.
Une immersion dans la culture japonaise et de la poésie avec ce conte fantastique dont l’intrigue se situe près du lac Biwa près de Kyoto, à la fin du XVIème. La photo est soignée et la mise en scène au cordeau, comme toujours avec Mizoguchi.
La mise en ligne par Arte de plusieurs films de Mizugochi m’a permis de revoir son chef d’œuvre, Les contes de la lune vague après la pluie.
Disons-le pour commencer, la mise en scène est sidérante de modernité et d’élégance. Les premières scènes sont à ce titre exemplaires : travelling délié, variété des plans, montage alerte.
Le propos du film est également intemporel et parfaitement adapté à notre présent : ravages causés par la guerre, folie de l’ambition, violences faites aux femmes, distorsion de la réalité, irruption du fantastique dans une trame qui jusque-là était très réaliste.
Il y a enfin dans le film une cruauté sèche qui ne déparerait pas dans le cinéma contemporain, si ce n’est qu’ici les scènes violentes ne font pas l’objet d’une exposition frontale (on coupe les têtes légèrement hors champ, les viols ne sont qu’évoqués et les lances ne percent pas vraiment les corps).
Le film est enfin plastiquement très beau. La photographie est splendide et ménage quelques scènes d’anthologie, comme celle où on glisse dans la continuité du bain dans la source chaude à l’arbre en fleur. Le travail sur la musique est aussi très important, mêlant musique traditionnelle japonaise (lancinante, il faut le dire) et musique occidentale (qui peut parfois rappeler celle des westerns de la même époque).
Un film remarquable qui peut éventuellement rebuter ou interloquer par son formalisme parfois un peu compassé, particulièrement sensible dans le jeu des acteurs. A revoir.
Ce grand classique du cinéma Japonais, voire du cinéma mondial, est, comme son titre (magnifique) l’indique, un conte. Un conte moral, dans lequel Mizogushi montre et dénonce les illusoires aspirations des hommes, en opposition à la conscience de la réalité et de la valeur des choses simples souvent présentes chez les femmes. Les deux personnages masculins principaux, un potier et un paysan, vont en effet céder à leurs ambitions ou obsessions. La première ambition du premier est celle de faire fortune, grâce aux pots qu’il confectionne avec amour et savoir-faire. La seconde, inconsciente jusqu’à sa révélation, est d’être considéré comme un artiste (voir la formidable scène où il est considéré ainsi pour la première fois). Enfin la troisième, qui se révèle dans le contexte de l’éloignement de son foyer, est de rencontrer la femme « idéale », en fait la femme fantasmée, symbole culturel de la féminité, propice à la projection de tous les désirs imaginaires et fantasmes. Pour bien exprimer ce caractère fantasmatique, la femme idéalisée en question est présentée comme l’émanation d’un monde parallèle, celui des disparus ou celui du rêve. L’ambition du paysan est celle de devenir un samouraï, alors que, comme son épouse lui indique, il ne sait pas se battre. Cette ambition de gloire, d’image de puissance, apparaît comme une préoccupation de démonstration de virilité, vis-à-vis du monde mais surtout de son épouse. Ainsi les deux les psychismes des deux personnages impriment au film une forte dimension érotique et sexuelle. Victimes de ces comportements, les deux épouses rencontreront l’une la mort, l’autre la prostitution (formidable séquence du paysan devenu par un subterfuge « samouraï » découvrant sa femme dans un bordel). Dans ce grand film féministe, le propos du conte est universel : les véritables valeurs sont-elles dans la richesse, la gloire, la puissance et le plaisir ? Au service de ce propos, la forme peut désorienter le spectateur occidental. Les séquences de nature poétique sont admirables, mais le jeu sur-expressif des acteurs, certainement issu d’une tradition Japonaise, peut constituer un frein à l’adhésion totale. Peut-être aussi la mise en scène, exemplairement réfléchie et efficace, manque-t-elle un peu de personnalité, et le côté « moralisateur » est-il un peu appuyé…
Inspirée d'un classique de la littérature japonaise, une fable cruelle sur la folie des hommes, mais qui parait un peu désuète et manquant d'émotions pour la rendre poignante.
Conte moral à la limite du fantastique moquant la bêtise des hommes et glorifiant la sagesse et la résilience des femmes. La photographie est belle, mais il faut aimer les outrances du théâtre japonais ( grimaces, acteurs qui surjouent ) en plus des kimonos et des soieries.
Meilleur Mizoguchi, meilleur film de contes japonais, meilleur film japonais? Peut-être... D'une beauté toujours aussi intacte plus de 50 ans plus tard... À noter que Kobayashi en réalise un remake, ou une revisite, non sans intérêt (Kwaidan)
Au XVIème siècle en pleine période de guerre civile au Japon, deux hommes quittent leur foyer : l'un, Genjuro pour devenir un riche et célèbre potier et l'autre, Tobéi un grand samouraï... Tiré de plusieurs extraits des "Histoires de pluie et de lune "de Ueda Akinai, les Contes... a émerveillé le festival de Venise 1953 (lion d'argent) grâce au dépaysement procuré aux occidentaux qui pour beaucoup découvraient le cinéma asiatique ou presque (Rashomon avait été apprécié en 1950) et le génie de Mizoguchi qui avait déjà une immense carrière au Japon avec 70 films et qui ne réalisera plus que 7 films dont certains présentés à Venise (L’intendant Sansho lion d’argent 1954, La rue de la honte 1956). En effet, le film est une merveille visuellement d'abord. Sens plastique éblouissant (chacun des plans est composé comme un tableau, chaque séquence comme une mélodie). Technique très fluide : lents mouvements d'appareil balaient le paysage et cadrent à distance les personnages notamment dans les situations dramatiques car la caméra pudique accentue la sympathie à l'égard des personnages. Fable dramatique raconte le destin de ses deux hommes qui comprendront leur folie en rencontrant le malheur et découvriront trop tard que seul l'amour offre une chance de salut dans ce monde impitoyable. Pour donner cette leçon de sagesse bouddhiste, il oscille entre la crudité réaliste et la poésie fantastique, la séparation entre les deux mondes a lieu lors de la traversée du lac Biwa dans une brume irréelle aux sons sourds du "taiko" (sorte de tambour japonais), tout en rendant un incessant et vibrant hommage aux femmes (thème majeur du maître) qui savent le prix du sacrifice comme l'art du pardon.
Très beau film de Mizoguchi avec une belle touche artistique. Histoire poétique simple avec un beau final. Film a découvrir absolument pour son caractère du réalisme appuyé.
Les contes de la lune vague après la pluie est un des films les plus chers produits en 1953. Kenji Mizoguchi recrute un casting composé des plus grandes stars du cinéma japonais de l’époque. Il s’entoure des meilleurs techniciens dont le chef opérateur Kazuo Miyagawa, un des plus grands formalistes des jeux de lumières (et d’ombres). Si ce film est l’un des plus courts de son auteur, il fait partie aussi des films les plus aboutis réalisés par Mizoguchi qui remporta avec ce film un Lion d’argent à la Mostra de Venise. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com/festivals/la-rochelle/2019-2/
Un potier et un paysan pris par l'avidité et la gloire délaissent leurs épouses pour respectivement faire des affaires grâce à la guerre et devenir Samouraï .
Attention, cette critique dévoile des éléments essentiels de l'intrigue. Le trajet est simple et sa morale imparable : d'où vient alors l'émotion qui nous terrasse à la fin des "Contes de la lune vague après la pluie" ? La grande intelligence de Mizoguchi est de ne jamais surplomber ses personnages, de toujours les accompagner sans toutefois faire preuve d'empathie. Il use de la distance nécessaire avec eux parce que leur comportement est indéfendable, l'ambition les menant à leur perte. Ou plutôt, ce sont moins Genjuro et Tobei qui sont dévastés que leurs femmes, victimes directes d'un égoïsme finalement vain. Il va de soi que la volonté de Tobei de devenir samouraï est dérisoire : il est présenté comme un paysan sans valeurs et, pour parvenir à ses fins, il se rabaissera à une action ridicule. Tobei sera finalement puni dans une scène à la fois comique et terrible; alors que lui et ses hommes se rendent dans une maison close, Tobei se retrouve par hasard devant sa femme, devenue courtisane après qu'il l'a délaissée. Pour Genjuro, sur qui le film passe le plus de temps, il est séduit par une princesse énigmatique qui l’emmène dans son manoir; cette partie est la plus fascinante en ce que son orientation fantastique vient dire de façon à la fois littérale et métaphorique le passage de Genjuro dans un autre monde : il n'est plus ce potier qui exerce son art dans la misère mais devient un prince qui vit un rêve éveillé. La mise en scène de Mizoguchi est aussi pragmatique qu'inventive pour décrire cet univers onirique; que ce soit par le choix des costumes (la robe blanche de la princesse), la photographie qui devient subitement beaucoup plus lumineuse ou encore des panoramiques circulaires ingénieux qui permettent de changer de décor sans coupes afin d'assurer une continuité étrange, on est comme transporté dans un autre monde. Mais cette incursion fantastique n'a rien d'idéal, elle enferme au contraire Genjuro dans une folie qui ne s'estompe que dans les dernières minutes, au moment où il comprend que la femme qu'il retrouve au foyer n'est qu'une abstraction : il ne lui reste que son enfant qu'il devra élever seul. Par ses talents de conteur et la limpidité de sa mise en scène, Kenji Mizoguchi réalise une tragédie humaine poignante et emploie le fantastique non pas pour échapper au réel mais pour mieux le servir, pour en dévoiler toute la cruauté.