Gotham est une série policière comme on en a vu des dizaines dans le sens où elle enchaîne les enquêtes bâclées et faciles, certains épisodes se voyant complètement détachées d'une quelconque trame globale. Mais pourtant, Gotham possède une aura indéniable. Gotham, c'est la Gomorrhe de D.C. Comics, la ville sombre par excellence, celle où le soleil ne semble jamais poindre, bien trop craintif de voir ses rayons se faire taillader dans ces ruelles poisseuses. C'est celle qu'on nous a vendu au détour de toutes les adaptations de ce cher Batman et elle inspire à l'image d'une Sin City, une fascination certaine.
Centrée autour du commissaire Gordon, elle nous offre en plus la possibilité d'apprécier l'émergence des futurs Bat-vilains et autres personnages de l'univers centré sur l'homme chauve-souris créé par Bob Kane au crayon et Bill Finger à la plume.
Dans ses deux premières saisons, la série tire son épingle du jeu. Certes les enquêtes se résolvent facilement, mais on ne peut nier l'intérêt grandissant pour un jeune Oswald Copplebot alias Pingouin, parfaitement trouvé en la personne Robin Lord Taylor ou encore Cory Michael Smith en homme-mystère à la genèse torturée. Les deux gravitent dans une ambiance mafieuse faite de jeux de pouvoirs qui nous tient définitivement.
Sur la touche, un jeune Bruce Wayne jamais convaincant, forçant un peu trop sur les sourcils froncés pour se donner un air de défiance, et une Fish Mooney à l'extravagance rebutante. La seconde finira par nous faire le plaisir de son absence, le premier à l'évidence, on se le coltinera jusqu'au bout.
En continuant d'introduire tous les futurs ennemis de notre jeune chevalier noir, la série perd son écriture et rate malheureusement l'entrée en scène de deux nemesis que Christopher Nolan avait pourtant réussi à exploiter intelligemment en la personne de Bane et avec brio pour l'un des Joker les plus mémorables.
Ainsi, la saison 3 sert de transition à l’essoufflement et tout l'intérêt se retrouve doucement dilapidé par des banalités qui ne semblent là que pour retarder un peu plus l'émergence d'on sait qui. Gordon s'entête, nous embête avec ses états d'âmes. Barbara Kean, Pingouin et L'homme-mystère deviennent ennuyeux dans leurs alliances et leurs trahisons à là "je t'aime moi non plus", évitant les occasions de mourir de manière ostentatoire pour une ultime saison, en forme de réunification contre un ennemi commun qui sonne affreusement mal. Dommage de virer ainsi dans la démesure et l’exubérance pour sauver une ville qui n'en vaut presque plus la peine dans la tête du spectateur. A quelques épisodes de la fin, les scénaristes se permettent même de nous offrir une intrigue inutile dans un épisode centré sur le partenaire de toujours de Gordon à la manière d'un Les experts : Gotham City. Seul le dernier épisode, conclut avec une certaine réussite ce calvaire et vient nous libérer juste à temps. Merci Batman.