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    Avatar 2 : mais au fait, c'est quoi le HFR ?
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    Avatar 2, sorti en salles le 14 décembre, fait déjà couler beaucoup d'encre, notamment à propos de ses effets spéciaux et sur la meilleure façon de le voir en salles. Parmi ces questionnements, le HFR est sur toutes les lèvres.

    James Cameron, metteur en scène acclamé de Terminator, Aliens, Titanic ou Abyss, a toujours été un passionné (et un pionnier) des nouvelles technologies.

    Sous son impulsion, des avancées majeures ont pu être réalisées dans la manière de concevoir les effets spéciaux d'un film. Il a aussi beaucoup contribué à améliorer les outils permettant de filmer, que ce soit en s'attaquant à la 3D ou la performance capture.

    Avec Avatar 2, le cinéaste continue de nous impressionner en nous livrant un véritable monument technologique. En ce sens, une des nouveautés perfectionnées par Cameron sur La Voie de l'eau concerne le HFR (High Frame Rate).

    Avatar : la voie de l'eau
    Avatar : la voie de l'eau
    Sortie : 14 décembre 2022 | 3h 12min
    De James Cameron
    Avec Sam Worthington, Zoe Saldana, Sigourney Weaver
    Presse
    4,1
    Spectateurs
    4,2
    louer ou acheter

    LE HFR, C'EST QUOI ?

    Tout d'abord, il convient de définir ce qu'est le High Frame Rate. Il s'agit d'une technologie qui permet la projection d'un film à 48 images par seconde, soit le double du standard actuel au cinéma, 24 images par seconde.

    À QUOI ÇA SERT ?

    Pour faire simple, Le HFR permet d'améliorer le confort de visionnage du spectateur, notamment sur les films projetés en 3D, comme c'est le cas sur Avatar.

    Doubler le nombre d'images par seconde permet de gommer les effets de saccades et de flous, notamment sur les scènes d'action et les déplacements rapides des personnages.

    POURQUOI C'EST CONTROVERSÉ ?

    Si le HFR permet une fluidité inégalable, il possède aussi son lot de difficultés qui l'empêchent encore de s'imposer auprès du grand public. Tout d'abord, l'oeil du spectateur est encore trop habitué au 24 images par seconde.

    Ainsi, quand une oeuvre est projetée en 48 images par seconde, les gens ont une drôle de sensation qui a été nommée le "soap opera effect" (effet feuilleton TV). L'aspect trop lisse et fluide de l'image donne l'impression que nous sommes devant une telenovela filmée en vidéo et non sur un film de cinéma.

    C'est à cause du soap opera effect que la trilogie du Hobbit de Peter Jackson, tournée en 48 images par secondes, n'a pas convaincu les spectateurs.

    De plus, la plupart des salles n'étaient pas encore équipées de projecteurs numériques de seconde génération pour restituer toute l'information disponible avec une fluidité totale. Peter Jackson a donc essuyé les plâtres avant que James Cameron ne s'empare du problème.

    COMMENT JAMES CAMERON S'EST EMPARÉ DU SUJET

    Conscient du souci engendré par le HFR sur le Hobbit, James Cameron a investi dans la technologie TrueCut Motion, qui permet de varier le Frame Rate en fonction des scènes. Ainsi, le cinéaste a voulu améliorer la technique en adoptant le VFR (Variable Frame Rate).

    Pour le réalisateur, si on veut habituer le public au HFR, il faut d'abord l'éduquer en n'utilisant pas le 48 images par seconde sur la totalité du film, erreur faite par Peter Jackson sur Le Hobbit.

    Le Hobbit : un voyage inattendu
    Le Hobbit : un voyage inattendu
    Sortie : 12 décembre 2012 | 2h 49min
    De Peter Jackson
    Avec Ian McKellen, Martin Freeman, Richard Armitage
    Presse
    3,2
    Spectateurs
    4,2
    Streaming

    Par exemple, s'il doit filmer une scène de dialogues, le cinéaste n'aura pas besoin de cette technologie et pourra tourner de manière standard en 24 images par seconde.

    En revanche, quand il s'agit de plans plus complexes nécessitant d'amples mouvements de caméra, d'un travelling montrant un personnage qui court ou une scène d'action, le HFR aura toute son utilité pour rendre l'image la plus fluide et la plus nette possible. Le spectateur verra ainsi son confort de visionnage largement amélioré et la scène sera bien plus lisible pour l'oeil humain.

    "La règle était : dès qu'ils sont sous l'eau, c'est 48 images par seconde. Certaines scènes de vol et certains panoramas de paysages bénéficient aussi du HFR. S'il s'agit simplement de gens assis qui parlent ou qui marchent et discutent, comme ce sont des images où les personnages évoluent relativement lentement, le HFR n'est pas nécessaire", a expliqué James Cameron concernant La Voie de l'eau.

    UNE TECHNOLOGIE ENCORE À DÉMOCRATISER

    Avatar 2, qui tire profit du HFR avec une acuité exceptionnelle, va sûrement aider à la démocratisation de la technologie, qui est sans doute la prochaine grande avancée concernant la projection ciné.

    De son côté, Ang Lee a également tenté d'apporter sa pierre à l'édifice avec Un jour dans la vie de Billy Lynn et Gemini Man. Le metteur en scène oscarisé a tourné ces deux oeuvres en 120 images par seconde, du jamais vu !

    Pour le moment, les cinémas capables de projeter du 120 FPS sont peu nombreux, mais cela donne une idée de la direction que va prendre le HFR à l'avenir.

    Sur Billy Lynn, Ang Lee explique qu'il a voulu emmener le spectateur "dans une zone où il ferait l’expérience de la clarté d’esprit des soldats confrontés à des situations chaotiques."

    Un jour dans la vie de Billy Lynn
    Un jour dans la vie de Billy Lynn
    Sortie : 1 février 2017 | 1h 53min
    De Ang Lee
    Avec Joe Alwyn, Kristen Stewart, Garrett Hedlund
    Presse
    3,6
    Spectateurs
    3,4
    louer ou acheter

    "J’ai eu un accident de voiture il y a quelques années, et, ce qui s’est déroulé en deux secondes, je pourrais vous le raconter sur plusieurs minutes. Le temps ne s’est pas ralenti, mais la clarté des événements s’est accrue à mes yeux, et mon esprit a enregistré plus d’informations", avait-il indiqué dans les colonnes de Cinemateaser.

    Jean-Jacky Goldberg, journaliste français, a vu Billy Lynn durant une avant-première à Los Angeles en 2017. Pour lui, le HFR est "un outil génial, à même de faire tomber les barrières entre la vie et sa représentation."

    "La réalité s’offre à nous dans sa totalité, et donc dans son obscénité. C’est comme si on enlevait tous les filtres, et qu’on était forcé d’être dans les yeux de ce soldat qui a vu trop d’horreurs. On est tous atteints de PTSD (trouble de stress post-traumatique). C’est la réalité nue, "full frontal", toutes lumières allumées", analyse-t-il sur le blog Chaos Reigns.

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