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    Décès du chanteur et comédien Serge Reggiani

    Le chanteur et comédien Serge Reggiani est décédé ce vendredi à l'âge de 82 ans. Inoubliable Manda dans "Casque d'or", l'acteur a tourné dans près de 80 films, notamment chez Carné, Sautet et Lelouch.

    BERTRAND RINDOFF PETROFF / BESTIMAGE

    Le chanteur et comédien Serge Reggiani est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi, à l'âge de 82 ans, d'un arrêt cardiaque. Parallèlement à sa carrière dans le music-hall, il avait tourné dans près de 80 films. On se souvient de lui dans Casque d'or de Jacques Becker. Il avait également tourné chez Sautet, Carné, Lelouch et Scola.

    Un héros romantique

    Serge Reggiani voit le jour en 1922 dans le Nord de l'Italie, mais sa famille fuit bientôt le régime fasciste et arrive en France en 193O. Attiré très tôt par le cinéma, Reggiani monte à Paris et obtient le Premier prix de comédie au Conservatoire des arts cinématographiques en 1937. Cocteau lui offre un rôle dans sa pièce Les Enfants terribles. En 1938, Serge Reggiani apparaît pour la première fois sur grand écran dans Les Disparus de Saint-Agil de Christian-Jaque, et obtient un joli succès en jeune premier dans Le Carrefour des enfants perdus, mais c'est dans Les Portes de la nuit, de Carné en 1948 qu'il trouve son premier rôle marquant, celui d'un homme veule, un emploi dans lequel il s'illustre souvent au début de sa carrière (Manon de Clouzot). C'est alors que Reggiani devient un acteur de premier plan grâce à ses rôles de héros romantique dans Les Amants de Verone, film à succès de Cayatte avec Anouk Aimée, et surtout Casque d'or de Becker. Il y incarne avec panache un ouvrier au sang chaud, fou amoureux de Simone Signoret, et qui connaîtra un destin tragique.

    Entre chanson et cinéma

    La carrière cinématographique de Serge Reggiani se partage dès lors entre la France et l'Italie, le pays dont il est originaire. Jean-Pierre Melville insiste pour faire tourner cet acteur aux allures d'ours mal léché dans Le Doulos en 1962 - le cinéaste fera de nouveau appel à l'homme engagé pour L' Armee des ombres, un film sur la Résistance qui marque les retrouvailles du comédien avec Signoret. S'il apparaît en 1963 dans Le Guépard de Visconti et triomphe à la même époque au théâtre dans Les Séquestrés d'Altona de Sartre, les années 60 marquent surtout les débuts fracassants de Serge Reggiani dans la chanson, grâce au "découvreur" Jacques Canetti. Remarqué par Brel et Barbara, il connaît un grand succès en 1967 avec son deuxième album, sur lequel figurent notamment Les loups sont entrés dans Paris et sa version du Déserteur de Vian.

    Sautet, Lelouch, Scola et les autres...

    Vedette de music-hall - avec des titres comme Sarah, Il suffirait de presque rien, Le Barbier de Belleville ou encore L'Italien - Serge Reggiani ne délaisse pas pour autant le Septième art. Il est Paul le journaliste, l'un des quinquagénaires de Vincent, François, Paul et les autres, photographie de la France des années 70 et succès de Sautet (coécrit par Jean-Loup Dabadie, qui est aussi un de ses auteurs de chanson fétiches, avec Moustaki) et s'essaie à la comédie grâce à Claude Lelouch (notamment dans Le Chat et la souris avec Michèle Morgan). Dans les années 80, il est à l'affiche d'un nouveau portrait de groupe nostalgique, La Terrasse de Scola, dans lequel il a pour partenaire un autre émouvant gentleman, Marcello Mastroianni, qu'il retrouvera dans L' Apiculteur d'Angelopoulos.

    "Le temps qui reste"

    Mais, très éprouvé par le suicide de son fils Stephan, également musicien, en 1980, Serge Reggiani se fera plus rare sur scène comme sur les plateaux de cinéma. Il participera néanmoins à des projets audacieux, tels que Mauvais sang de Carax ou J'ai engage un tueur du Finlandais pince-sans-rire Aki Kaurismäki. Se consacrant à d'autres formes d'expression artistique, en particulier la peinture, il tourne sous la direction de son fils Simon un film aux accents autobiographiques, De force avec d'autres en 1992. A plus de 70 ans, il continue d'enregistrer des disques et de donner des récitals - son dernier album, paru en 2000, s'intitule Enfants, soyez meilleurs que nous - et apparaît une dernière fois au cinéma en 1997 dans Héroïnes. En 2002, pour ses 80 ans, plusieurs artistes lui rendent hommage avec un album de reprises, sur lequel lui-même interprète Le temps qui reste, une chanson-testament : "J'ai pas fini, j'ai pas fini /Je veux chanter,Je veux parler / Jusqu'à la fin de ma voix /Je l'aime tant, le temps qui reste..."

    Julien Dokhan

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