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    Décès de la comédienne Jany Holt

    Grand nom du théâtre et du cinéma français de l'entre-deux-guerres, Jany Holt, vue dans "Les Bas-fonds" de Renoir et "Les Anges du pêché" de Bresson, est décédée ce mercredi à 94 ans.

    Un ange du pêché s'est envolé. Jany Holt, actrice française d'origine roumaine qui tourna avec Renoir, Bresson et Duvivier, est décédée ce mercredi à l'âge de 94 ans à l'hôpital de Neuilly, ont annoncé ses proches. Née à Bucarest en 1911 (ou 1912, selon certaines biographies), celle dont le vrai nom est Ekaterina Rouxandra Vladesco-Olt, arrive à Paris à l'adolescence, afin d'intégrer une école de commerce, conformément aux voeux de ses parents. Mais son coeur bat pour le théâtre, et la jeune fille s'inscrit au cours de Charles Dullin. Ses débuts sur les planches face à Harry Baur dans David Golder sont remarqués par le couple Pitoëff qui la fait jouer en 1935 dans La Créature. On l'applaudira bientôt dans des pièces de Cocteau, Giraudoux et George Bernard Shaw.

    L'Ange des Bas-fonds

    Après une première apparition au cinéma en 1931 dans la comédie Un homme en habit, Jany Holt tourne au milieu des années 30 avec les plus grands cinéastes de l'époque, de Decoin (Le Domino vert) à Duvivier en passant par Abel Gance. Avec son allure frêle et son regard ardent, l'actrice incarne souvent les filles perdues et tourmentées : prostituée dans Les Bas-Fonds de Renoir (1936), entraîneuse dans L'Alibi de Pierre Chenal (1937), elle trouve un de ses plus beaux rôles dans le premier long métrage de Robert Bresson, Les Anges du pêché (1943), où elle interprète l'insoumise Thérèse, une criminelle qui trouve refuge dans un couvent.

    Vue chez Handke, Arthur Penn et Mocky

    Mariée à Marcel Dalio (de 1932 à 1937), traductrice de la correspondance Flaubert/Sand vers le roumain, elle est décorée en 1945 par le Général de Gaulle pour services rendus à la Résistance. La même année, elle donne la réplique à Michel Simon dans Non coupable, mais à partir des années 50, l'actrice s'éloigne des plateaux de cinéma. Citons néanmoins ses apparitions dans Gervaise de René Clément, et, plus surprenant, La Femme gauchère de Peter Handke (1985) et Target d'Arthur Penn (1987). En 1992, elle campe une des joyeuses pensionnaires de la maison de retraite de Roulez jeunesse, aux côtés notamment de deux comédiens eux aussi récemment disparus, Blanchette Brunoy et Maurice Baquet. Grand-mère de Mathieu Kassovitz dans Metisse, elle fit sa dernière apparition à l'écran en 1995 dans le polar Jean-Pierre Mocky Noir comme le souvenir.

    Julien Dokhan

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