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    Gérardmer 2016 : Mathilde Seigner est "très fière" de Flic tout simplement
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Membre du jury long métrage du festival international du film fantastique de Gérardmer, Mathilde Seigner nous a parlé de ses envies, de ses projets et de son métier de comédienne.

    Jean-Claude Lother

    L'actrice Mathilde Seigner, jurée du 23e festival international du film fantastique de Gérardmer, s'est livrée sur ses récents tournages, les projets qui l'attendent pour 2016, son absence de Camping 3, le tout garanti sans langue-de-bois. Rencontre avec une actrice unique et populaire du cinéma et de la télévision française.

    Vous étiez jurée en 1999 pour les courts métrages de Gérardmer, et vous revoici jurée du long métrage. Vous êtes amatrice de cinéma fantastique ?

    Je ne connais pas bien le genre, mais j'ai accepté d'être jurée parce que ça m'amuse. Et parce qu'il y avait Claude [Lelouch, NdlR]. Mais je n'en connais pas très bien les codes des films fantastiques, ce ne sont pas des films que je vais voir.(...) Mais c'est amusant dêtre forcée de voir des films que je n'aurais pas été voir, je trouve ça amusant.

    Quel est votre critère principal pour juger d'un bon film ?

    Le juger bon, je n'aurais pas cette prétention, mais déjà de ne pas m'ennuyer.

    Je vous rencontre en tant que jurée, mais il n'y a pas dix jours vous étiez flic, ou plutôt "Flic tout simplement" sur France 2, j'ai le sentiment que ça vous a botté de tourner ça...

    C'est quelque chose dont je suis très fière. Je crois que j'ai toujours voulu être divisionnaire dans la police. J'ai l'esprit flic, on me l'a toujours dit, et puis de jouer Martine Monteil, la première et seule femme à diriger le 36 [quai des orfèvres, siège de la Direction générale de la police judiciaire, NdlR], qui se retrouve dans un monde d'hommes et qui s'attèle à l'affaire Guy Georges, j'ai trouvé ça fantastique. On a tourné en 20 jours et j'ai adoré.

    FTV/Philippe Le Roux

    C'était aussi une volonté de retravailler avec Yves Rénier ?

    Yves et moi sommes amis depuis vingt ans, un jour il m'appelle pour faire un téléfilm, Médecin-chef, qui se passait à la prison de la Santé. On a fait ce truc qui était vachement bien, on a eu des critiques d'enfer, et on s'est dit : "tiens Seigner-Rénier ça marche pas mal". Et on a fait 5 millions [de téléspectateurs]. Donc il a eu l'idée à nouveau d'une femme dans un monde d'hommes. Et cette fois-ci ce n'est pas la prison, c'est l'autre côté, la police. Et on est montés jusqu'à 6,6 millions avec les replays. Ce qui est un succès rarissime pour une fiction.

    Vous avez même dépassé "Les Experts"...

    Je pense que le support de la télévision aujourd'hui par rapport au cinéma sur ce type de sujets est épatant parce qu'au cinéma, on l'a vu avec L'Affaire SK1 : les gens ne vont pas voir ça. Et je pense qu'il y a des sujets pour la télévision. D'ailleurs, je reçois des scénarios, je réponds "oui... mais à la télé, pas au cinéma". (...) Du reste, toutes les stars du cinéma aujourd'hui viennent de la télé.

    Et il y a énormément d'acteurs qui viennent à la télé, d'abord parce qu'il y a moins de films au cinéma. Et que la télé est un moyen de faire son métier de façon formidable. Après, il faut pas trop en faire, là je me suis attelée à une série.

    J'allais vous en parler, vous avez tourné Sam, adaptée par TF1 d'une série danoise qui s'appelle "Rita". Et vous jouez un professeur qui est assez "cash"...

    C'est un professeur de français iconoclaste, assez rebelle.

    J'ai pu en voir quelques extraits, je trouve que le ton vous colle très bien. C'est une femme de caractère, qui n'hésite pas à balancer des trucs devant des parents d'élèves médusés.

    (...) C'est un truc assez fantaisiste, comme la série danoise d'ailleurs, qu'on a fait à la française avec Valérie [Guignabodet, NdlR] que je connais bien. On s'est bien marrées mais c'est beaucoup de boulot avec 82 jours de tournage. 5 mois. Et j'avoue que moi qui ne suis jamais fatiguée, (...) là je prends huit mois de vacances !

    5 mois pour combien d'épisodes ?

    Six. Mais on est vidés. Ce sont des textes tous les jours, avec des coachs à l'américaine matin, midi et soir. On se lève à 5h30 tous les matins, on rentre, on se couche, on se lève à 5h30. Donc on n'a plus de vie, on ne sort plus, on n'a plus de week-end parce qu'on est complètement ratatinée et qu'il faut apprendre les textes de la semaine qui suit.(...) C'est un pressage de citron.

    Donc vous pèseriez bien le pour et le contre avant de signer pour une saison 2 ?

    Oui. On va voir si ça cartonne. On va aussi voir les textes des épisodes, parce qu'ils ne sont pas toujours au top... ça m'a fait rire de le faire une fois, mais vous dire que je vais faire une saison 2 ou une autre série comme ça, non.

    Daniel Angeli

    Mais vous y avez retrouvé Fred Testot après "La Guerre des boutons", c'est un bon camarade de jeu ?

    Oui. Il est très enfantin, très amusant, très indiscipliné, il a à peu près entre 15 et 17 ans (rires). J'adore ce type, je trouve qu'il dégage une empathie incroyable.

    Lorsqu'on regarde les audiences de "Flic tout simplement", les gens sont peut-être venus attirés par l'affaire Guy Georges dont le film traite -une minorité je pense, et la majorité était devant sa télé pour vous. Vous êtes consciente de cette popularité ?

    Moui, ils viennent pour moi, mais en même temps certains des films de cinéma que j'ai fait n'ont pas marché.

    Peut-être qu'ils vous préfèrent à la télévision, et ne se déplacent plus au cinéma dans tous les cas ?

    De toute façon, le cinéma est beaucoup plus dur aujourd'hui : beaucoup de films ne marchent pas du tout. Après, le cinéma ce ne sont plus les acteurs, ce sont les concepts. On le voit avec Camping, Les Bélier, Intouchables, Les Ch'tis : ce sont des concepts de comédie forts. Et pour les drames, à part les films qui ont bénéficié de Cannes, ça marche pas des masses. Ou alors faut être dans les bons coups aujourd'hui. A une époque Catherine Frot ou moi on faisait faire des entrées à des films comme Danse avec lui (2006). Mais cette époque est révolue...

    Daniel Angeli

    Je vais être un peu provoquant mais en parlant "d'être dans les bons coups", pourquoi êtes-vous absente de Camping 3 ?

    Alors pour Camping 3, je n'étais pas libre parce que je faisais Sam et je n'avais pas eu trois jours à leur donner. Je n'avais que deux scènes, parce que je leur avais demandé de ne pas m'écrire un trop grand rôle. Parce que je n'y tenais pas. Ce sont des films de mecs, bon... Et avec Fabien [Onteniente] et Franck [Dubosc], on ne savait pas trop quoi en dire de la Gatineau... Vu que dans le premier ils s'engueulent, et que dans le deuxième pareil : dans le 3e quoi ? Ils se séparent. C'était mieux. Elle revenait à la fin, ce qui était assez joli. Il prenait son car et on la voyait arriver dans le camping.

    Je n'ai pas pu le faire, mais j'y serai à ma manière puisque je crois que je vais enregistrer la voix off d'une lettre. On parle de moi dans le film, je ne sais pas s'ils mettent des flashs de rêves de Paulo qui me voit et peut-être chanter la chanson du film. Donc j'y serai, quelque part.

    "Camping 3" en salles cet été donc, et vous serez également en juin dans "Retour chez ma mère", d'Eric Lavaine.

    Oui, il s'agit d'un film dans lequel je n'ai pas le rôle principal, mais c'est un très grand second rôle. J'adore le scénario. Je ne l'ai pas encore vu, mais je peux vous parler du scénario, c'est un film très "Bacri-Jaoui, comme Un air de famille ou Cuisine et dépendances.

    Pathé Distribution

    Un règlement de comptes, donc ?

    Voilà : [le personnage d']Alexandra Lamy retourne chez sa mère. Génération boomerang : elle est partie jeune mais elle perd son boulot et se retrouve chez sa mère à 40-45 ans. Ce qui est gonflant, et commun parait-il. Et évidemment moi je téléphone à ma mère et c'est ma soeur qui décroche. Je m'en étonne parce qu'elle ne m'avait rien dit, et je viens dîner. Et c'est un pugilat, un règlement de comptes d'héritage, du père, et c'est très très drôle. Il y a notamment une scène de dîner avec Josiane Balasko qui est à pisser de rire. Et Josiane est à pisser de rire, comme toujours !

    Les nominations aux Césars sont tombées cette semaine, un commentaire ?

    Non non, je n'y vais plus. J'ai eu quelques problèmes, il y a des années, mais j'ai un regard avec beaucoup de recul. Je sais qu'Elsa Zylberstein [également au jury de Gérardmer, NdlR] est déçue de ne pas y être pour le Lelouch. J'avais un film cette année, Une mère, de Christine Carrière, mais qui n'avait aucune chance de l'être. D'abord parce qu'il n'a pas fait assez d'entrées, d'aura, de Cannes. Et puis il n'y a que 5-6 actrices alors qu'on est 40.

    Les actrices qui ne sont pas nommées ne sont pas "pas bien", et les films nommés sont les films qui ont la carte, qui ont avec eux l'aura des critiques, Je ne m'y attendais donc pas, même si pas mal de gens ont voté pour moi. Je sais qu'Elsa a été plus touchée, car [Un + Une de Lelouch] a cartonné. Mais je pense que ce n'est pas grave, on oublie aussi les gens qui ont été nommés.(...).

    Vous y seriez allée si vous aviez été nommée ?

    Non.

    Vous auriez envoyé quelqu'un ?

    Non, personne, il y aurait eu qu'une photo !

    Si vous ne l'avez fait, rattrapez le téléfilm "Flic tout simplement", diffusé sur France 2 :

     Propos recueillis à Gérardmer le 29 janvier par Corentin Palanchini

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