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    Scandale, Wonder Woman 1984, The Loudest Voice... : comment #MeToo a changé les films et les séries
    Thomas Desroches
    Thomas Desroches
    -Journaliste
    Les yeux rivés sur l’écran et la tête dans les magazines, Thomas Desroches se nourrit de films en tout genre dès son plus jeune âge. Il aime le cinéma engagé, extrême, horrifique, les documentaires et partage sa passion sur le podcast d'AlloCiné.

    L'affaire Harvey Weinstein a créé un véritable point de rupture dans l'industrie du cinéma. De ce cataclysme social, mais aussi culturel, est née une nouvelle façon d'inventer et de raconter les histoires.

    Warner Bros./ Lionsgate/ Epicentre Films

    Méconnaissable, le visage transformé par des prothèses, Charlize Theron incarne Megyn Kelly dans Scandale de Jay Roach, à l'affiche depuis ce 22 janvier. Basé sur des faits réels, le long-métrage raconte comment une présentatrice vedette est parvenue, avec l'aide de ses collègues, à dénoncer le comportement abusif du PDG de la chaîne Fox News, Roger Ailes, interprété ici par John Lithgow. S'il ne fait pas totalement l'unanimité, ce film, féministe et nécessaire, s'inscrit dans cette vague de projets nés en réponse au mouvement #MeToo, qui a ébranlé l'industrie hollywoodienne. 

    Retour en 2017. Dans un article du New York Times, publié le 5 octobre, le producteur Harvey Weinstein, figure très puissante du cinéma américain, est accusé d'harcèlement sexuel. Les jours passent, l'affaire fait l'effet d'un coup de tonnerre, et de nouveaux (et nombreux) témoignages sortent de l'ombre. Au total, plus de quatre-vingt-treize victimes accusent le magnat de harcèlement, d'agression et de viol. Alors que d'autres affaires éclatent, le mouvement Time's Up, qui lutte contre les attaques faites aux femmes, voit le jour en janvier 2018. 

    Inspirés d'histoires vraies

    Depuis, au cinéma comme à la télévision, une véritable prise de conscience semble s'opérer. Ce changement est perceptible à travers les nombreuses œuvres s'inspirant des scandales sexuels qui ont récemment éclaté au grand jour. C'est le cas de la série The Loudest Voice, créée par Tom McCarthy et Alex Metcalf qui, comme Scandale, s'intéresse aux événements ayant secoué le média conservateur FOX News. Le feuilleton diffusé sur Showtime opte, en revanche, pour un angle différent et choisit de s'intéresser davantage à la personnalité tyrannique de Roger Ailes, porté par un impressionnant Russell Crowe.

    Autre série, autre affaire : The Morning Show, issue de la nouvelle plateforme Apple TV+, dont l'intrigue s'inspire ouvertement du cas Matt Lauer, star de la matinale américaine The Today Show, évincé de la chaîne NBC pour "comportement sexuel inapproprié" en novembre 2017. Avec Unbelievable, le géant Netlix adapte également une histoire vraie bouleversante, celle de Marie (brillante Kaitlyn Dever), accusée d'avoir inventé un viol dont elle a vraiment été victime. À travers ce récit poignant séparé en huit épisodes, les créateurs Michael ChabonSusannah Grant et Ayelet Waldman réhabilitent la parole des femmes que l'on refuse de croire.

    Netflix

    Le phénomène #MeToo a également permis à de nombreuses scénaristes et réalisatrices de raconter de nouvelles histoires originales, bien sûr toujours très engagées. Sorti le 8 janvier dernier, le film taïwanais Nina Wu, co-scénarisé et interprété par l'actrice Wu Ke-Xi, invite les spectateurs à découvrir l'envers du décor effrayant des auditions, processus durant lequel les comédiennes sont parfois soumises aux désirs les plus fous des producteurs. Présenté au célèbre Festival de Sundance ce vendredi 24 janvier, The Assistant, écrit et réalisé par Kitty Green, nous plonge, quant à lui, dans le quotidien d'une simple secrétaire (Julia Garner), chargée de travailler pour un puissant directeur. Plus explosif et fantasque, Promising Young Woman, prévu pour le 26 août prochain en France, décide d'aborder ce sujet sensible en transformant la victime en personnage vengeur. Première réalisation d'Emerald Fennell (scénariste de la saison 2 de Killing Eve), ce long-métrage sera centré sur Cassie (jouée par la trop rare Carey Mulligan), une jeune femme qui décide de manipuler les prédateurs sexuels qu'elle a pu rencontrer dans le passé. 

    Si tous ces exemples concernent des productions majoritairement indépendantes, le vent semble également tourner du côté des blockbusters. Très attendu pour le 3 juin, Wonder Woman 1984, réalisé par Patty Jenkins, est le premier projet tourné sous la mesure anti-harcèlement sexuel. Cette initiative, proposée par le syndicat Producers Guild of America (PGA), impose deux personnes référentes sur le plateau de tournage pour rester à l'écoute et apporter de l'aide, si nécessaire, à une victime de comportement inapproprié. Avant de rendosser le costume de l'héroïne, l'actrice principale Gal Gadot avait d'ailleurs exigé le renvoi du producteur Brett Ratner, accusé lui aussi de diverses agressions quelques semaines après l'affaire Weinstein. 

    D.R.

    Fait trop rare pour ne pas le mentionner, cinq des plus gros films de l'année 2020 seront réalisés par des femmes. La plupart de ces longs-métrages concernent des adaptations de comics, DC ou Marvel. Cathy Yan se chargera du spin-off centré sur Harley Quinn avec Birds of Prey, l'Australienne Cate Shortland réalisera Black Widow, Patty Jenkins prolongera son aventure avec Wonder Woman, tandis que la talentueuse Chloé Zhao dirigera Eternals, futur succès de l'univers Marvel, avec Angelina Jolie et Salma Hayek, entre autres. Toujours chez Disney, c'est la Néo-Zélandaise Niki Caro qui donnera vie au personnage de Mulan dans l'adaptation live-action du film d'animation. Sortie prévue pour le 25 mars prochain.

    En France, la mouvance #MeToo se fait plus timide sur les écrans et se retrouve plutôt dans les coulisses. Créé en février 2018 par l'association Le Deuxième regard, le collectif 50/50, soutenu par trois cent personnalités de l'industrie, vise à instaurer une meilleure parité devant, mais aussi derrière les caméras. En salle depuis le 22 janvier, le documentaire Pygmalionnes de Quentin Delcourt donne la parole à de nombreuses femmes du cinéma français pour s'exprimer sur leur place dans le métier. Un autre documentaire, américain cette fois-ci et intitulé Tout peut changer, proposera aussi des dizaines de témoignages, de Meryl Streep à Cate Blanchett, sur les changements à opérer dans le paysage hollywoodien. Produit par Geena Davis, le film sortira sur nos écrans le 19 février prochain. Si un long chemin reste à parcourir, une révolution semble enfin pointer le bout de son nez. 

    Spotlight - Scandale : on décrypte le film choc post-#MeToo

     

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