"Les Beaux Gosses", premier long-métrage de Riad Sattouf, illustre une tentative séduisante mais inégale de capturer les affres de l'adolescence à travers le prisme du cinéma français. Sattouf, surtout connu pour ses bandes dessinées, transpose ici son sens aigu de l'observation sociale sur grand écran, explorant la vie d'Hervé, un adolescent maladroit et son interaction avec son environnement scolaire et familial à Rennes.
Le film brille par moments grâce à son authenticité et son humour pince-sans-rire. Vincent Lacoste, dans le rôle d'Hervé, offre une performance remarquable qui n'est pas sans rappeler ses débuts adolescents. Sa capacité à rendre vivant un personnage si profondément ancré dans les réalités souvent cruelles de l'adolescence est louable. Son ami Camel, interprété par Anthony Sonigo, apporte un contrepoint comique nécessaire qui équilibre bien le malaise adolescent omniprésent.
Cependant, "Les Beaux Gosses" souffre parfois d'un rythme incohérent. Certains gags, bien que frappants, semblent surjoués ou détachés du fil narratif principal, donnant l'impression que le film pourrait être une suite de vignettes plutôt qu'une histoire cohérente. Cette fragmentation nuit à l'immersion et laisse le spectateur sur sa faim quant à une résolution plus substantielle.
Techniquement, le film ne révolutionne pas le genre mais il fait un usage compétent de son budget modeste. La photographie de Dominique Colin capture avec efficacité les nuances grisâtres de la vie urbaine rennaise, tandis que la bande-son de Flairs et Sattouf elle-même ponctue adroitement le récit, bien que certains choix musicaux puissent paraître déconnectés de l'action à l'écran.
L'accueil critique, bien que majoritairement positif, souligne ces incohérences, plaçant "Les Beaux Gosses" dans une position délicate. Il est apprécié pour son approche fraîche et sincère des réalités adolescentes, mais critiqué pour son manque de finesse dans la structure narrative et dans le développement de ses personnages secondaires, qui souvent ne semblent servir que de faire-valoir à l'expérience d'Hervé.
En résumé, "Les Beaux Gosses" s'avère être une fresque adolescente qui oscille entre succès et manquements, un portrait à la fois touchant et frustrant de la jeunesse en quête d'identité. Sattouf réussit à marquer les esprits avec un style propre et un regard particulier sur l'adolescence, mais laisse derrière lui des opportunités manquées de tisser une histoire plus captivante et universelle.