Avoir Channing Tatum dans un rôle sérieux, c'est souvent casse-gueule; parce que quand il ne joue pas le beau gosse ultime amateur de danses sexys, le bonhomme manque singulièrement de charisme. On ne retiendra pas sa performance dans White House Down, dans lequel il se révèlera plat comme une huitre, sans charisme ni crédibilité possibles.
Avec Un Flic pour cible, on comprend directement que Tatum manque de crédibilité dans son rôle : affublé de la moustache suivant toute figure d'autorité américaine (policiers, capitaines à l'armée, politiques,...), son personnage, stéréotype parmi tant d'autres, ne possède aucune finesse d'écriture ou d'un tant soit peu d'habileté psychologique pour caractériser ses souffrances.
Mal incrustés, ces flashbacks servant de développement du drame s'étant déroulé dans l'enfance de notre protagoniste ne sont représentés que de manière plate, molle, sans intérêt; peu approfondis, ils n'appliquent qu'un travail de surface quand une telle intrigue réclame un minimum de profondeur de caractères.
On suivra donc le film sans grand intérêt, d'autant plus que le reste est filmé tout aussi platement : filtres jaunes, ambiance artificielle jurant cruellement avec la sincérité habituelle des bons polars/thrillers habituels. Le trait est forcé, la ville décadente caricaturale : on n'y croit pas une seconde, au point que le côté pourri des flics viennent les faire passer pour encore plus dignes de la prison que ceux qu'ils coursent avec tant de vergogne.
Un flic pour cible s'emmêle donc les pinceaux dans sa manière de dépeindre une société sombre et crasseuse, parce qu'il ne trouve jamais le juste milieu propice à la nuance, au bonheur de voir une analyse intéressante, intelligente et réfléchie; non, ici, c'est du bourrin pour du bourrin, du Pacino qui s'enferme toujours dans ses rôles de personnages crasseux ou ambigus propices à des révélations finales que l'on aura prévues dès les 20 première minutes.
Il est aussi là le principal défaut du film : s'il nous livrera une histoire convenue en pensant nous en mettre plein la vue et le cerveau, Un Flic pour cible n'aura pour seul effet que d'être un concours de spéculations sur ce qui se passera à la fin, sur qui agira comment. Il faut dire en même temps que les personnages sont tellement clichés dans leur acting, leur personnalité, leurs agissements qu'ils ne peuvent se soustraire aux lieux communs concernant, quand à eux, les agissements possibles au sein d'une situation compliquée.
C'est ainsi que la fin à la Reservoir Dogs ne manquera pas de ne pas nous surprendre, encore que le pseudo héros joué par Tatum, toujours aussi lisse qu'une feuille A4, agit tellement stupidement tout du long qu'on aurait pu penser qu'il ferait également capoter sa propre survie. Loin de là, un film américain, pauvre dtv d'action qui plus est, ne saurait terminer sur la mort de Channing Tatum; ce serait sinon inconcevable, du moins fort appréciable en tant que pure prise de risque.
Pas spécialement bien rythmée non plus, cette intrigue simpliste se perd entre passé et présent, sans parvenir à faire de jonctions fluides entre évènements actuels et flashbacks. C'est souvent beaucoup trop visible, la qualité des acteurs variant encore plus négativement une fois dans le passé (même si Pacino et Liotta font peine à voir, Tatum et Holmes assurent au moins une qualité minime dans le présent).
On n'y tient évidemment pas un film bien marquant, ni même des plus intéressants, mais comme simple passe-temps, disons qu'il applique son boulot honorablement. Ni bon ni mauvais, The Son of No One ne vaut que pour son côté mi-nanar mi-navet, petit divertissement sans prétention qui, s'il ne s'était pas tant pris au sérieux, aurait pu partir dans une direction plus décomplexée, agréable et intéressante. Coche raté pour résultat foiré. On repassera une prochaine fois pour un autre film sans ce réalisateur, sans Tatum, Pacino, Liotta et les gosses.