"Split", le thriller d'horreur psychologique dirigé par M. Night Shyamalan, nous plonge dans un labyrinthe complexe de l'esprit humain à travers le prisme du trouble dissociatif de l'identité (TDI) de Kevin Wendell Crumb, incarné avec une maestria sidérante par James McAvoy. Le film se dresse comme un monument témoignant de la virtuosité d'acteur de McAvoy, qui navigue avec une aisance déconcertante à travers ses multiples personnalités, allant du terrifiant Dennis au naïf Hedwig, en passant par la mystérieuse Patricia.
Le récit, tissé avec soin, se déroule dans un établissement souterrain où Kevin retient trois adolescentes, offrant un huis clos oppressant qui met à l'épreuve non seulement les protagonistes mais également les spectateurs, confrontés à leurs propres limites de confort. La mise en scène de Shyamalan, fidèle à son style, marie tension et suspense avec une habileté qui frôle le magistral, nous rappelant son penchant pour les récits à tiroirs et les revirements inattendus.
Toutefois, là où "Split" se distingue, c'est dans sa capacité à susciter un dialogue autour de la représentation de la santé mentale au cinéma. Bien que le film ait été critiqué pour sa possible stigmatisation du TDI, il offre également une plateforme pour discuter de la complexité de cette condition peu comprise, éveillant ainsi une curiosité et une empathie potentielles chez le spectateur. Cela dit, l'usage de la maladie mentale comme vecteur de terreur pourrait être perçu comme une simplification réductive, voire problématique, qui mérite une réflexion approfondie.
Le lien subtil avec "Incassable" et la révélation que "Split" s'inscrit dans un univers plus vaste est une touche de génie scénaristique, créant une anticipation savoureuse pour les suites potentielles. Cependant, cette manœuvre peut aussi être vue comme un artifice, une surprise pour la surprise, qui bien que brillante, peut laisser un goût d'inachevé.
En somme, "Split" est une œuvre qui oscille entre le génie et la controverse, une balade cinématographique à travers les méandres de l'esprit humain qui laisse le spectateur à la fois captivé et perplexe. Si le film brille par ses performances et sa réalisation, il souffre par moments d'une certaine superficialité dans son exploration de la psyché humaine et de ses démons. Une œuvre qui, sans atteindre la perfection, s'impose néanmoins comme un jalon notable dans la filmographie de Shyamalan.