Un retour sur terre brutal
Le grand succès remporté par
Barton Fink, notamment au Festival de Cannes, va marquer un cap dans la carrière des frères
Joel et
Ethan Coen. Auréolé de gloire, le duo américain met en chantier son nouveau film,
Le Grand Saut, avec de tout nouveaux moyens, bien plus conséquents : le budget est important,
Joel Silver est à la production et
Tim Robbins et
Paul Newman sont au casting. Malgré cela, le film constitue le plus important revers de la carrière des frères Coen. Leur rendez-vous avec Hollywood est manqué...
Triomphe à Cannes
Barton Fink a obtenu à l'unanimité la Palme d'Or lors du Festival de Cannes 1991. Le long métrage a également reçu le Prix du meilleur réalisateur pour
Joel Coen ainsi que le Prix d'interprétation masculine pour
John Turturro. C'est le premier film de l'histoire a remporter les trois distinctions majeures du Festival. Une razzia qui poussera Gilles Jacob, responsable de la manifestion, à interdire pour le futur la multiplication des prix pour un même film.
Une ambiance décalée
Pour Barton Fink, les frères Coen ont souhaité mettre en place une ambiance décalée. Ils ont pour cela mis l'accent sur "l'environnement, l'évocation d'Hollywood et l'époque", le début des années 40.
Un accueil critique très positif
Lors de sa sortie, Barton Fink fut très bien accueilli par la critique française. Morceaux choisis :
France-Soir : "On ne rit pas aux éclats, on implose. Je ne connais pas de manière plus originale de gagner, au bout du compte, notre complicité ébahie."
Le Monde : "Impitoyablement intelligents, Ethan et Joel Coen ne se soucient pas de donner une quelconque "morale" à leurs histoires. Ils font peur, ils font rire surtout."
Libération : "Chaque virgule du scénario est une trouvaille déroutante, chaque détail chiadé de l'image affole l'imagination, le moindre second rôle a la consistance d'un premier plan et quand surgissent ses acteurs principaux on a envie de se lever de son fauteuil pour serrer la main au film."
Positif : "Pendant plus de deux heures, c'est un bonheur total, inaltéré, des acteurs touchés par la grâce, des mots qui volent et qui font mouche, et la sensation d'être à mille lieues du petit écran !"
VSD : "Barton Fink est un vrai grand film, un mélange détonant de loufoquerie, de sordide et de poésie, à l'image de ces deux frangins qui passent pour être les rebelles, les enfants terribles du nouveau cinéma, celui que l'on appelle "indépendant"."
Deux habitués des frères Coen
John Turturro et
John Goodman, les deux comédiens principaux de
Barton Fink, sont deux fidèles complices de
Joel et
Ethan Coen. Le premier John s'est en effet illustré dans
Arizona Junior,
Le Grand Saut,
The Big Lebowski et
O'Brother. Le second à quant à lui joué dans
Miller's Crossing,
The Big Lebowski et
O'Brother.
D'un film à l'autre...
Dans le long métrage Miller's Crossing, la précédente réalisation de Joel et Ethan Coen, le personnage joué par John Turturro rencontre un homme dans un immeuble. Signe annonciateur : cet immeuble répond au nom de The Barton Arms.
Le premier film sans Barry Sonnenfeld
Barton Fink fut le premier long métrage de
Joel et
Ethan Coen sur lequel les deux frères ne collaborèrent pas avec leur directeur de la photographie attitré (jusque-là):
Barry Sonnenfeld. Celui-ci effectue néanmoins une petite apparition clin d'oeil au début du film, dans la scène du restaurant. Rappelons qu'en 1991
Barry Sonnenfeld, d'abord directeur de la photographie, venait de se lancer dans la mise en scène, avec
La Famille Addams - qui sera un énorme succès, comme le fut par la suite son
Men in Black.
Tiré de faits réels...
Le long métrage
Barton Fink est inspiré de la vie du dramaturge américain
Clifford Odets, qui connut son heure de gloire dans les années 40 et 50 et dont
John Turturro est l'incarnation sur grand écran. Né en 1906 à Philadephie, Odets se lance dans le théâtre dès son adolescence. A vingt-neuf ans, il signe sa première pièce,
Waiting for Lefty, que beaucoup considèrent comme son chef d'oeuvre. Engagé par Hollywood, il écrit notamment le scénario du
Grand Chantage, qui met en vedette
Burt Lancaster et
Tony Curtis. Clifford Odets décède en 1963 d'un cancer.